COUSIN Vincent [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né vers 1823 à Mons (Belgique) ; arpenteur-géomètre ; fouriériste et ami proche de Considerant ; joua un rôle aussi important que discuté au sein de la colonie de Réunion (Texas).

Le 25 décembre 1854, Vincent Cousin et 11 autres colons belges et français s’embarquèrent sur l’Ariel à destination de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), et de là gagnèrent le Texas au terme d’un voyage éprouvant. Vincent Cousin était porteur de plusieurs dizaines de milliers de francs or destinés à financer l’installation de la colonie fouriériste dans cet État. Il assista Félix Cantagrel (voir ce nom) dans les préparatifs effectués pour recevoir les premiers arrivants à Réunion.

Fidèle parmi les fidèles de Victor Considerant, Vincent Cousin fit partie du Conseil d’administration de la Société de Réunion, constituée le 7 août 1855 pour prendre en charge l’exploitation du domaine de Dallas. Son nom figure sur une liste non datée des actionnaires de la Société de colonisation rédigée de la main de Considerant qui se trouve dans les papiers de ce dernier.

Nommé ingénieur et architecte de la colonie, Vincent Cousin n’y fit pas preuve d’une grande réussite si l’on en croit Augustin Savardan (voir ce nom). Fin 1855, il accompagna Considerant à Austin, et regagna Réunion durant la première semaine de janvier. Lorsque Victor Considerant décida de fuir Réunion le 8 juillet 1856, à la veille du jour où devait être signée la convention qui dédommagerait les membres de la colonie en leur cédant la moitié des parts réservées, Cousin partit avec lui s’installer à San Antonio (Texas).

Apprenant qu’Allyre Bureau venait de tomber malade, Vincent Cousin « décida spontanément » (lettre de V. Considerant à sa femme Julie, 8 février 1857) de retourner à Réunion. Il y arriva le 14 ou le 15 février, se comportant comme le « véritable exécuteur des volontés de Considerant » selon Gabrielle Rey. En mars 1857, il remplaça Bureau, qui lui avait délégué ses pouvoirs avant son départ pour Austin. D’après Savardan, Cousin s’était efforcé d’isoler systématiquement Bureau, au point d’ouvrir le courrier qui lui était destiné.

En janvier 1858, une fois rétabli, Bureau reprit en main l’administration de Réunion, mais toujours avec l’aide de Vincent Cousin. Il était toutefois prévu qu’après avoir achevé l’inventaire de fin d’année, Cousin irait rejoindre Considerant à San Antonio pour commencer le relevé cadastral des terres de l’Ouest. Toujours d’après Savardan, Cousin vendit à des prix « usuraires » des terres de Réunion aux colons qui désiraient rester. Il aurait même fait l’objet d’une instruction devant le grand Jury de la cour de Dallas le 17 juillet 1857, mais « malgré des observations sévères et menaçantes sur certains détails de son administration qui pouvaient compromettre les intérêts des colons et des voisins de la colonie, les choses n’allèrent pas plus loin. »

Considerant et Cousin ouvrirent ensemble un petit commerce à San Antonio, mais Cousin, malade, se retrouva vite à la charge de son ami. Il rentra en Belgique en 1869. Ses lettres à Considerant des années 1869-1870 le montrent réinstallé au domicile paternel, se lamentant de l’impact des chemins de fer sur la campagne belge et se moquant de la peur des bourgeois belges devant « cette Internationale qui empêche les gens de dormir » (Lettre à Considerant, Mons, 19 avril 1870).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159754, notice COUSIN Vincent [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 10 juin 2014, dernière modification le 10 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : AN 10AS28(9) et AN 10AS37(4). — Le Devoir, février-septembre 1900. — A. Savardan, Un Naufrage au Texas, Paris, Garnier, 1859, p. 210, 214, 221, 256. — Éloïse Santerre, « Reunion, a Translation of Dr Savardan’s Un Naufrage au Texas, with an Introduction to Reunion and a Biographical Dictionary of the Settlers », M.A. Thesis, Southern Methodist University, Dallas, Texas, 1936, p. 454-5. — George H. Santerre, White Cliffs of Dallas. The Story of Réunion, the Old French Colony, Dallas, The Book Craft, 1955, p. 33. — Gabrielle Rey, Le Fouriériste Allyre Bureau (1810-1859), Aix-en-Provence, Annales de la Faculté des Lettres, 1962, passim. — Marion Moore Coleman (ed. and transl.), « New Lights on Réunion From the Pages of Do Ameryki I W Ameryce », Arizona and the West, vol. VI (printemps-été 1964). — Notes de Guy Clermont et de Jonathan Beecher.

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