BAYLARD Ferdinand, Joseph, Laurent

Par André Balent

Né le 5 avril 1905 à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales), mort le 5 juin 1990 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; instituteur ; militant du Parti socialiste SFIO (1929-1938), du PSOP (1938-1939), du PCF (depuis 1945) ; militant syndicaliste du SNI ; résistant ; conseiller municipal communiste de Perpignan (1947-1959).

Ferdinand Baylard naquit chez ses grands-parents, exploitants agricoles à Arles-sur-Tech, bourgade du Vallespir. Ses parents habitaient dans la commune voisine à Amélie-les-Bains ; tous deux travaillaient comme ouvriers à la papeterie-cartonnerie, la plus importante des industries de cette ville surtout thermale (l’état civil attribue cependant la profession de « gendarme » à son père). Ferdinand Baylard résida chez ses parents jusqu’en 1922 date à laquelle il dut partir pour Perpignan afin de poursuivre ses études à l’École normale d’instituteurs. Appelé sous les drapeaux quelques mois après sa sortie de l’École normale, il effectua son service militaire en Allemagne (novembre 1925-mai 1927).

Nommé instituteur à Valcebollère, petit village de Cerdagne, en mai 1927, il résida dans cette localité jusqu’au mois de juillet de la même année. Au mois d’octobre 1927, il fut nommé à Saint-Laurent-de-Cerdans, localité industrielle du Haut Vallespir. À la rentrée scolaire de 1934, il fut muté, en qualité de directeur d’école, à Saint-Hyppolyte, village viticole de la Salanque. En 1938, il fut nommé à Sorède. Mobilisé en septembre 1939 dans un bataillon de chasseurs pyrénéens, formé à Collioure (Pyrénées-Orientales), il suivit son unité à Pontarlier (Jura) puis dans les Vosges où il fut fait prisonnier le 19 juin 1940. Il put revenir d’Allemagne, à la fin de 1943, en qualité de rapatrié militaire. À la rentrée scolaire de 1944, il retrouva son poste de directeur à Sorède. De 1945 à 1953, il exerça à l’école du quartier de Saint-Gaudérique à Perpignan. De 1953 à 1958 et de 1958 à 1960, date à laquelle il prit sa retraite, il fut successivement en poste à l’école Léon-Blum dans le quartier populaire du Haut-Vernet puis à l’école Jules-Ferry dans le centre de Perpignan.

En 1932, il épousa Armande Balent, institutrice alors chargée d’école au hameau du Villeroge (commune de Coustouges), voisin de Saint-Laurent-de-Cerdans. Le père d’Armande Balent fut un des premiers militants communistes de Pia, village de la Salanque proche de Perpignan. Sa sœur, Jeanne fut la femme de Louis Torcatis qui fut la cheville ouvrière des Mouvements unis de Résistance en Roussillon. Ferdinand Baylard et Armande Balent eurent un fils.

Jusqu’en 1927 Ferdinand Baylard ignorait tout du mouvement ouvrier et du socialisme. L’École normale de Perpignan, milieu clos, était alors imperméable à toute influence extérieure y compris à celle des syndicats d’enseignants. C’est au contact des ouvriers sandaliers et tisserands de Saint-Laurent-de-Cerdans que Ferdinand Baylard connut le socialisme, le syndicalisme et la coopération ouvrière (voir Nivet Joseph). Ferdinand Baylard, qui adhérait déjà au SNI (CGT), participa activement à la campagne électorale pour les élections municipales de mai 1929 où triompha la liste socialiste SFIO conduite par Joseph Nivet. Peu après, il devint un militant actif de la section socialiste de Saint-Laurent-de-Cerdans, dont la plupart des adhérents étaient des ouvriers. Ferdinand Baylard suivait de très près les débats internes du Parti socialiste SFIO. Il se rapprocha bientôt de la Bataille socialiste. Entre 1934 et 1935 cette tendance vit son influence grandir au sein de Fédération des Pyrénées-Orientales. L’autorité de Jean Payra, leader de la SFIO catalane depuis 1918 et fidèle soutien de Léon Blum, était alors très contestée, notamment par les militants qui avaient adhéré récemment au Parti, comme par exemple au moment des événements de février 1934.

Au congrès fédéral du 2 juin 1935, la gauche socialiste des Pyrénées-Orientales obtint la majorité des mandats. Cette « gauche » était composée des militants favorables à la Bataille socialiste et des amis du député de la circonscription de Prades, Joseph Rous, groupés autour du journal L’Avant-garde. Ferdinand Baylard fut un des élus de la Bataille socialiste à la CAF issue de ce congrès. Il siégea également à la commission fédérale des conflits. Toutefois, en dépit de l’élection de Joseph Rous au secrétariat fédéral en juillet 1935, Jean Payra et ses amis œuvrèrent afin de paralyser totalement la nouvelle majorité fédérale : le 8 septembre 1935 un nouveau congrès fédéral fut convoqué par une CAF non élue où les « payratistes » étaient majoritaires (voir Payra Jean, Rous Joseph). Ferdinand Baylard continua de militer à la SFIO en dépit de cette « reprise en main » par Jean Payra et de la scission de fait de la plupart des sections socialistes de l’arrondissement de Prades après l’exclusion momentanée de Joseph Rous. Il quitta la Bataille socialiste peu après la fondation de la Gauche révolutionnaire en octobre 1935 et devint un des principaux animateurs de cette nouvelle tendance dans les Pyrénées-Orientales.

À partir de juillet 1936, Ferdinand Baylard participa aux activités du comité de solidarité à la révolution espagnole créé à Perpignan à l’initiative des pivertistes. Ce comité qui avait des relations avec le POUM mais aussi avec la CNT se réunissait au « Continental Bar », situé place Arago au centre de Perpignan. Dans le cadre de ce comité Ferdinand Baylard participa à diverses actions clandestines : passages en Espagne de matériels divers (dont une aile d’avion). Ces franchissements de la frontière s’effectuaient par la Cerdagne : de Saillagouse, en France, on pouvait, malgré la surveillance de la gendarmerie et de la douane gagner la petite ville espagnole de Puigcerda par la route en traversant l’enclave espagnole de Llivia. En février 1939, Ferdinand Baylard aida, toujours dans le cadre du comité pivertiste du « Continental Bar », les militants révolutionnaires espagnols - et plus particulièrement ceux du POUM - qui fuyaient vers la France ainsi que des dizaines de milliers de personnes alors que les troupes franquistes poursuivaient leur offensive dans le nord de la Catalogne. Il agissait en relation avec une autre militante du PSOP, Lucette Pla-Justafré, alors institutrice au Perthus, localité située à la frontière, sur la route qui relie Barcelone à Perpignan. Sorède, le village où demeurait alors Ferdinand Baylard était à la fois proche du Perthus et d’Argelès-sur-Mer où les autorités françaises installèrent un immense camp de concentration où furent regroupés non seulement les réfugiés espagnols mais aussi les volontaires étrangers des Brigades internationales. Grâce à son action, Ferdinand Baylard put éviter à certains militants d’être internés à Argelès-sur-Mer ou à Saint-Cyprien.

Après l’exclusion de la Gauche révolutionnaire par le congrès de Royan de la SFIO, en juin 1938, Ferdinand Baylard adhéra au Parti socialiste ouvrier paysan (PSOP). Dans les Pyrénées-Orientales, toutefois, le PSOP ne rassembla que des adhérents à titre individuel : ce Parti n’eut pas de structuration départementale. En fait le PSOP catalan groupa, pour l’essentiel, les militants du comité du « Continental Bar » et il ne réussit pas à entraîner dans la scission les nombreux socialistes, qui dans la SFIO catalane, avaient soutenu la Gauche révolutionnaire. L’action du PSOP dans les Pyrénées-Orientales fut surtout une action d’aide aux militants espagnols et, à partir de février 1939, de soutien aux réfugiés. Peu nombreux en Roussillon, les militants du PSOP devaient continuellement faire face à l’hostilité que le Parti communiste manifestait à leur égard. Par ailleurs les accords de Munich divisèrent le groupe catalan du PSOP sans toutefois provoquer sa dislocation. Ferdinand Baylard fut pour sa part résolument antimunichois.
Avant 1939, Ferdinand Baylard fut un militant syndicaliste très actif. Adhérent du SNI (CGT), il était influencé par les thèses de la majorité syndicale de la Fédération unifiée de l’enseignement. En 1939, il fut élu au conseil syndical de la section départementale du SNI Partisan résolu de l’unité syndicale, il demeura membre du conseil syndical jusqu’en 1939. Après l’unité syndicale, il défendit constamment les thèses de L’École Émancipée à laquelle il était abonné. Il participa à la grève du 30 novembre 1938, qui, chez les enseignants des Pyrénées-Orientales, se solda par un échec.

Sur le plan professionnel, Ferdinand Baylard pratiqua les méthodes pédagogiques préconisées par Célestin Freinet. Il était d’ailleurs abonné aux publications de l’École moderne.
Après son retour de captivité, en 1943, il séjourna un moment à Paris avant de revenir en Roussillon. À Paris, il eut l’occasion de rencontrer son beau-frère Louis Torcatis, de Libération-sud, organisateur de l’AS (Armée secrète) dans les Pyrénées-Orientales puis des Groupes francs de Libération de la R3, et alors traqué par la Gestapo. Louis Torcatis mit Ferdinand Baylard en contact avec les MUR ; mais ce dernier ne participa que très peu aux actions des mouvements de Résistance. À Paris, Louis Torcatis qui, en dépit de son exclusion du Parti communiste, restait fidèle à son ancien parti, convainquit son beau-frère de la justesse de sa ligne politique.

En 1945, Ferdinand Baylard adhéra au PCF (1947 selon les dossiers du comité central du PCF). Jusqu’en 1960, son activité militante fut essentiellement syndicale. À la libération, la FEN des Pyrénées-Orientales se transforma en syndicat unique de l’Enseignement. Les divers syndicats nationaux de la Fédération n’avaient aucune existence, sinon formelle. Les personnels des enseignements primaire, secondaire et technique étaient regroupés dans la même organisation ; des commissions spécialisées abordaient les problèmes spécifiques des diverses catégories d’enseignants. Ferdinand Baylard succéda à Léon Sors ancien militant de la GR puis du PSOP au secrétariat de la FEN des Pyrénées-Orientales, érigée en syndicat unique. Il le demeura jusqu’en 1948, date du passage de la FEN à l’autonomie. Dans la FEN autonome des Pyrénées-Orientales, les syndicats nationaux se reconstituèrent. Ferdinand Baylard siégea au conseil syndical du SNI des Pyrénées-Orientales de 1948 à 1960. Il fut secrétaire départemental du SNI de 1953 à 1960-1961 et délégué du personnel de 1947 à 1960. Pendant les années 1950, aucune tendance organisée ne se cristallisa dans la FEN des Pyrénées-Orientales. Les « courants de pensée » existaient cependant. Ferdinand Baylard se rattachait au courant cégétiste (plus tard « Unité et action ») mais l’absence de tendances organisées lui permit d’accéder au secrétariat du SNI où il fut non seulement l’élu des cégétistes, mais également celui des partisans de la majorité fédérale.

Ferdinand Baylard participa aux congrès nationaux du SNI. En 1957, le 20 juillet, il fut assesseur de la séance consacrée à l’orientation syndicale. Il fit partie de la commission des résolutions décidée le 17 juillet 1958 au congrès de Brest. Il fut candidat au bureau national du SNI sur les listes du courant « Pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du SNI » en 17eme position en décembre 1957, en 16eme position en décembre 1958, en 15eme position en décembre 1959.

Après avoir fait valoir ses droits à la retraite, Ferdinand Baylard, fut élu membre de la commission fédérale de contrôle financier en 1961. Il fut trésorier de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales de 1960 à 1976.

Il fut conseiller municipal communiste de Perpignan de 1947 à 1959, dans les municipalités dirigées par la SFIO de Félix Mercader et de Félix Depardon. Candidat en mars 1959 sur la liste du PCF, il fut à nouveau candidat au second tour sur la liste d’Union des gauches conduite par Félix Depardon aussi issue de la fusion, entre les deux tours entre la liste du PCF (Voir Vignettes Raoul), une partie de la liste SFIO (Voir Depardon Félix) et la liste d’Union des forces démocratiques (UFD rassemblant localement les organisations suivantes : UGS, PSA, UP, radicaux mendésistes, Ligue des droits de l’homme. Voir Lloansi Cyprien ), il recueillit 11 551 voix et ne fut pas réélu. Il était secrétaire (1983) du comité d’aide aux victimes du Franquisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15976, notice BAYLARD Ferdinand, Joseph, Laurent par André Balent, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 12 septembre 2021.

Par André Balent

SOURCES : OURS, fédération des Pyrénées-Orientales. — En avant, organe du groupe d’étude et d’action socialiste des Pyrénées-Orientales (Perpignan), 12 juillet 1935. — Presse syndicale. — Interviews (André Balent) de Ferdinand Baylard, Perpignan, octobre 1978 et d’Achille Llado, Perpignan, juillet 1982. — Notes de Jacques Girault.

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