DEBUCHY Désiré, Pierre, François [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Jean Piat, Michel Cordillot

Né le 19 décembre 1826 à Roubaix (Nord), mort après 1882 ; marié et père de famille ; fils d’un boulanger, apprenti boulanger, teneur de livres, dessinateur en tissu ; militant syndicaliste et socialiste ; proscrit du 2 décembre réfugié aux États-Unis, membre de l’URLF et de l’AIT.

Désiré Debuchy avait vingt-deux ans quand il se lança, en 1848, dans l’action revendicative et politique. Blond, de constitution robuste, il était grand pour l’époque (1 m 74) et portait des lunettes pour corriger sa myopie. Il habitait à Roubaix, Contour de la Station, près de la gare. Radical avancé de la nuance Ledru-Rollin, il fonda, en février 1848, à l’Estaminet Lillois, le Club républicain de Roubaix ; les réunions se tenaient au 15, rue de l’Embranchement. Il en fut le secrétaire, ce qui lui fit perdre son emploi de comptable chez l’un des plus importants négociants en textile de la ville, Clément Dazin. Pour subsister, il se mit à concevoir anonymement des dessins textiles.

A la fin de novembre 1848, Désiré Debuchy prit en charge le secrétariat de la section roubaisienne de la Solidarité républicaine et l’organisation de la propagande pour l’arrondissement de Lille. Cette association fut rapidement déclarée illégale par Léon Faucher, ministre de l’Intérieur. Quelques temps auparavant, le 27 octobre, à la demande pressante des ouvriers, Debuchy était aussi devenu le président et le gérant de la Société fraternelle des fileurs de Roubaix. Il s’agissait en réalité d’un syndicat, créé le 1er avril, le premier qu’ait connu cette ville jusqu’alors. Le préambule des statuts spécifiait ceci : « Convaincus que le plus grand bien que la République ait pu procurer aux ouvriers est le droit d’association qu’ils ont de se cotiser mutuellement en donnant une somme modique chaque semaine, pour qu’ils puissent former une caisse capable de les mettre à l’abri de la concurrence que se font les maîtres, en baissant leur salaire pour vendre leurs produits à plus bas prix, nous avons pris les mesures suivantes que nous avons cru nécessaires au bon ordre et à la tranquillité de notre société. » Suivaient 21 articles, dont un qui prévoyait une prime de cinq francs au bénéfice du sociétaire qui faisait condamner un patron en défaut, et une indemnité de deux francs par jour pour tout adhérent qui perdait son emploi, soit en raison de son appartenance à l’association, soit à la suite d’un conflit avec son employeur à propos de salaire, d’une fraude patronale sur le numéro du fil, ou d’une violation patronale du décret du Gouvernement provisoire sur la durée du travail. Les discussions politiques et religieuses étaient interdites au cours des réunions, tandis qu’un autre article prévoyait l’exclusion de tout membre qui aurait participé à une émeute, subi une condamnation pour vol, ou trompé le patron en altérant d’une manière quelconque l’ouvrage qui lui était confié.

Les effectifs atteignirent rapidement 5 à 600 membres payant une cotisation hebdomadaire de vingt centimes. Le siège, initialement domicilié au cabaret de la Boule blanche, au chemin de Blanchemaille, fut bientôt transféré à la Vache grasse, rue Neuve du Fontenoy. Debuchy qui recevait alors de la Fraternelle 50 francs par mois d’appointements, fut avec l’aide de Dr Piscart et des militants de la Fraternelle de Tourcoing le principal organisateur de la grève des 500 fileurs roubaisiens en octobre 1848. La grève, qui se réclamait de l’exemple de Tourcoing où les patrons avaient discuté « amiablement » un tarif avec les ouvriers de la Fraternelle, avait pour objectifs l’observation de la journée de 12 heures et l’obtention d’une hausse des salaires. Une tentative d’arbitrage préfectoral échoua. Les employeurs roubaisiens ayant affirmé que « les prétentions des fileurs ne sont rien moins qu’exagérées et que leur conduite, en cette circonstance, est digne d’un blâme sévère », Debuchy exhorta les fileurs à la résistance. Le maire, le patron filateur Henri Delattre, dénonça au préfet « ce jeune homme qui s’énonce avec facilité et dont on parle généralement comme d’un adversaire de l’ordre. Il est cru par nos pauvres ouvriers, dépourvus d’intelligence [...] Il conviendrait peut-être que vous fassiez appeler le jeune Debuchy auprès de vous et que vos paroles bienveillantes le rappelassent au sentiment de l’ordre. »

Bien qu’il eût constaté le « caractère complètement pacifique de la grève », le préfet fit arrêter Debuchy à l’aube du 28 octobre en prescrivant au maire : « En cas de besoin, n’hésitez pas à mettre sur pied la Garde nationale et à réclamer l’assistance de la troupe. » Traduit devant la cour d’assises de Douai, le 28 janvier 1849, Debuchy reconnut qu’il avait conseillé aux fileurs la poursuite de la grève. Il souligna la légitimité des revendications, leur modération, ainsi que le calme dans lequel s’était déroulé le mouvement. Il fut acquitté sous les applaudissements des ouvriers, venus nombreux assister à l’audience. Le soir, les ouvriers fêtèrent ce succès par un banquet. Le 8 janvier 1849, durant son incarcération, Debuchy avait écrit au préfet du Nord que les patrons roubaisiens ne respectaient pas l’accord finalement accepté par eux en octobre 1848. Le maire lui-même, « qui devrait donner l’exemple de la soumission aux lois », méconnaissait la loi des douze heures. Le tarif avait été remplacé par un autre, moins favorable aux fileurs, et décidé par les seuls industriels. « Sans savoir pourquoi », deux fileurs avaient été condamnés par les tribunaux ; onze autres, qui appartenaient à la Fraternelle, avaient été licenciés par leurs employeurs et des menaces de licenciement avaient étaient adressées à tous ceux qui n’avaient pas quitté le syndicat.

À partir de mars 1849, pour soulager la caisse de la Fraternelle, Debuchy renonça à toute rémunération et abandonna la fonction de gérant ; il continua toutefois d’aider l’organisation de ses conseils. Il exposa ses conceptions socialistes dans six articles parus dans les pages du Messager du Nord (numéros des 5, 11, 18, 25 mars, 1er avril et 27 mai 1849) sous le titre général : « Lettre d’un ouvrier roubaisien à ses camarades du Nord ». S’y ajoutèrent sa lettre d’un ouvrier tisserand (8 mai) ainsi qu’un autre article le 1er octobre 1849. Il analysait la situation économique, sociale et politique du prolétariat. Des journées de Juin, il disait qu’elles avaient été provoquées « par la faim et le désespoir des ouvriers ». Il ne construisait rien dans l’abstrait, se méfiait des utopies et des panacées, insistait sur l’action, l’organisation, la lutte immédiate et quotidienne, et sur l’importance de créer des conditions de luttes favorables. Il développait des vues originales sur le rôle des dirigeants, dont il attendait qu’ils fassent montre de probité et d’intelligence. Il savait comment s’acquiert l’ascendant indispensable pour discipliner les ouvriers dans la lutte. Il était fier d’appartenir à la classe ouvrière, disant du travail qu’il devait être « le seul titre de noblesse ». Il désirait que les ouvriers s’instruisent pour mieux utiliser le suffrage universel et faisait confiance au suffrage universel pour assurer l’émancipation ouvrière. « On a voulu, disait-il en parlant des patrons, exciter les ouvriers à la révolte (...) leurs provocations sont inutiles ; les ouvriers ont une arme plus forte que la baïonnette : le suffrage universel (...) ils sauront les mater sans poudre, ni balles. »

Ses articles et ses conférences eurent-ils une portée électorale ? Le 13 mai 1849, les voix républicaines dans l’arrondissement de Lille progressèrent de plus de 50 %. Pour la première fois, la gauche était majoritaire à Roubaix.

Le pragmatisme de Désiré Debuchy, son ascendant sur ses camarades, son sens de l’organisation et sa tentative astucieuse de tirer partie de la législation furent de nouveau mis en lumière lors du second conflit qui éclata le 10 septembre 1849. Cette fois-ci, pour ne pas tomber sous le coup du délit de coalition, les ouvriers donnèrent individuellement un préavis de quinze jours aux patrons. Mais arguant du fait que la Fraternelle payait des indemnités à ceux qui quittaient ainsi les ateliers, l’accusation retint quand même le délit de coalition. Arrêté le 16 octobre avec les « meneurs », Debuchy comparut en correctionnelle à Lille.

Lors du déclenchement du mouvement à Roubaix, Debuchy avait proposé à la Société fraternelle des fileurs de Lille et à celle de Tourcoing de convoquer le 30 septembre à Croix les ouvriers des trois villes, d’y organiser un banquet, de nouer une alliance entre les trois Fraternelles, de mettre au point l’entraide financière, en un mot, de fédérer en une espèce d’union de syndicats leurs efforts respectifs. Le maire de Roubaix vit là « une grande opération tentée par les démagogues » ; « au nom des honnêtes gens partisans de l’ordre », le maire de Tourcoing demanda l’interdiction du banquet. Le nouveau préfet, David, ancien sous-préfet de Guizot disgracié en Février 1848, souscrivit promptement à cette requête. Commentant cette affaire dans le Messager du Nord du 1er octobre 1849, Debuchy écrivait : « Les filateurs et fabricants de Roubaix ont présenté les fileurs de notre ville, et principalement leurs chefs, comme des fauteurs de désordre. Ceci est bien ingrat de leur part, car ils doivent se rappeler que ce sont ces chefs qui ont maintenu l’ordre dans la ville pendant les premiers mois de la révolution de Février. Ils doivent savoir que jamais nous n’avons fait de menaces et qu’à l’occasion nous sommes les premiers à rappeler à la tranquillité les tapageurs. » Debuchy faisait allusion à une lettre que le commissaire de police de Roubaix lui avait envoyée pendant la grève d’octobre 1848 : « Je compte sur un concours loyal de votre part pour le maintien de l’ordre. » Le 16 novembre 1849, à l’audience correctionnelle de Lille, son avocat rappela que, fort de son autorité, Debuchy était parvenu à éviter que des manifestations devant certaines filatures en octobre 1848 tournent à l’émeute.

Les peines furent nombreuses et lourdes, et la Société fraternelle fut décapitée. Désiré Debuchy fut pour sa part condamné à dix mois de prison. Le ministre de l’Intérieur envoya des agents secrets à Roubaix, bon moyen selon le maire de découvrir plus facilement « les fauteurs de désordre et d’anarchie ». Mais l’arme suprême fut l’embauche de travailleurs étrangers ; du 1er au 24 octobre, les industriels de Roubaix recrutèrent 70 ouvriers belges.

Au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, Debuchy n’échappa au mandat d’arrêt lancé contre lui qu’en passant en Belgique de concert avec Alphonse Bianchi. Le 7 décembre il était à Bruxelles, hébergé 4, courte rue neuve, par Me Picard, avocat à la cour d’appel. Sous la pression du gouvernement français, le baron Hody, ministre de l’Intérieur, ordonna l’expulsion immédiate de Debuchy et de Bianchi, et dépêcha un officier de police à la tête d’une escouade de sept gendarmes chez Picard, avec mission de se saisir des réfugiés et de les conduire, menottes aux poignets et en voiture cellulaire à Ostende pour les expulser vers l’Angleterre. Alerté, le bourgmestre de Bruxelles, Charles de Brouckère, obtint un sursis et prit sur lui de leur faire gagner, sur parole et en hommes libres, le port d’embarquement. Là, sous la surveillance du commissaire maritime, Désiré Debuchy et Alphonse Bianchi, prirent place à bord du Triton dans la nuit du 6 au 7 janvier 1852 à destination de l’Angleterre.

À la suite de cette affaire, la presse déclencha une violente polémique. Pris à partie, le bourgmestre répliqua en séance publique du conseil municipal et il plaida sa bonne foi ; il précisa que c’était à regret qu’il avait agi contre les réfugiés car « le droit d’asile est sacré » et il déclara, à l’adresse du roi des Belges, qu’il abandonnerait son poste de maire de la capitale si le baron Hody n’était pas immédiatement destitué pour avoir abusé de ses pouvoirs à l’égard de deux proscrits. Le souverain s’inclina et le baron perdit son portefeuille le 8 janvier 1852. Quant aux deux proscrits, ils avaient gagné Londres sans encombre. Ils y retrouvèrent Charles Delescluze et Ledru-Rollin.

Debuchy alla s’installer à Newcastle-upon-Tyne, sans que l’on puisse préciser ni la durée de son séjour, ni ses activités, ni ses moyens d’existence. Il émigra ensuite à New York, en profitant peut-être du passage gratuit que Londres offrait aux exilés pour se débarrasser d’eux.

En 1855 en tout cas, Debuchy contresigna le programme rendu public à Londres par l’Association internationale avec un groupe de Français installés à New York comprenant notamment Frédéric Tufferd, Claude Pelletier, Victor Leseine, Montfalcon et Joseph Déjacque (voir ces noms). Par l’intermédiaire du Libertaire de Déjacque, Debuchy s’abonna au Prolétaire de Bruxelles. Orateur apprécié, il prit souvent la parole au nom de l’Association, notamment en 1859, lors du banquet célébrant l’anniversaire du 24 février 1848, et encore l’année suivante lors du « meeting anarchiste » de Steuben House (ce discours fut reproduit par le Libertaire daté du 17 août 1860). Il demeurait alors à New York, 17 White Street.

Fin 1869, Désiré Debuchy fut l’un des fondateurs de la section new yorkaise de l’Union républicaine de langue française (URLF). Il en fut élu secrétaire correspondant le 19 mars, avant d’occuper les mêmes fonctions au sein du comité central new yorkais après le 13 juin 1870. À l’occasion du banquet organisé pour commémorer l’anniversaire du 22 septembre, il prit la parole en présence de 200 participants. Désigné dès août pour faire partie de la commission chargée d’en préparer la publication, puis nommé membre du comité de liaison permanent avec la rédaction, il contribua activement au lancement et à la rédaction du Bulletin de l’Union républicaine de langue française. Le 23 février 1870, il supervisa l’organisation d’un banquet de 500 couverts salle de l’Union Assembly. Dans son discours, il exalta la Révolution de 1848. La recette (204,38 dollars) permit d’acheter une petite imprimerie. Dès lors, de mensuel le Bulletin put devenir bimensuel.

Debuchy mena à bien de nombreuses autres tâches : co-organisateur en 1870 de la manifestation de New York destinée à célébrer l’anniversaire de la Révolution de février 1848, il avait en vente à son domicile 33 Wooster street, des cartes d’admission. Il fut également nommé secrétaire du comité organisateur de la deuxième tombola patriotique organisée sous les auspices du comité républicain de défense nationale en octobre 1870. Le tirage eut lieu à l’Union Assembly Rooms en présence d’une assistance évaluée à 3 000 personnes, presque toutes francophones.

En septembre 1870, il fut désigné pour être membre du Comité de défense nationale créé en septembre 1870 sous l’égide de l’URLF pour organiser le départ de volontaires vers la France envahie. Il prit également en main l’organisation, à la suite d’un débat qui eut lieu lors de la séance extraordinaire de l’URLF du 11 janvier 1871, d’un Fonds de secours permanent de la République, alimenté par une cotisation hebdomadaire de 25 cents demandée aux ouvriers français résidant à New York. Début avril 1871, alors que le débat s’amplifiait au sein de l’URLF, il fut l’un des signataires d’un communiqué prenant clairement fait et cause pour la Commune dans les termes suivants :

« Le gouvernement de l’Assemblée de Versailles a voulu décapiter Paris et lui ravir ses droits de parler, d’écrier, de se réunir, et surtout d’être armé. Paris s’est soulevé. Il a bien fait ! Et nous, membres de l’Union républicaine de langue française de New York, déclarons à l’unanimité être avec Paris contre ses oppresseurs.

Constant Christenert, président.

D. Debuchy, Drury, Claude Pelletier, délégués. »

Debuchy défendait alors une ligne politique qu’adversaires et amis s’accordaient à qualifier de proudhonienne (lettre de Sorge à Engels, 17 avril 1872). Profondément respecté par tous, il fut plus tard décrit par Benoît Hubert comme « le plus socialiste et le plus instruit de tous les délégués du point de vue révolutionnaire ».

Debuchy adhéra à l’Internationale dès qu’elle essaima en Amérique. Membre de la section française n° 2, il fut élu membre du comité central pour l’Amérique du Nord en août 1871 (il reçut en outre pouvoir de la section n° 15 de La Nouvelle-Orléans pour l’y représenter). À ce titre, il signa le mémorandum adressé aux délégués de la conférence de Londres (septembre 1871). Membre du comité de gestion du Socialiste, Debuchy signa en septembre 1871 la protestation des sections « anticentralistes » contre l’exécution à Satory de Rossel, Ferré et Bourgeois, texte qui se terminait par un appel à manifester au Cooper Institute le 10 décembre. La manifestation en l’honneur des martyrs de la Commune eut finalement lieu une semaine plus tard au cœur de New York (le long de Broadway et de la 5e Avenue), et il en fut le principal organisateur. Il marchait en tête du cortège, le buste ceint d’une écharpe rouge, et plusieurs milliers de manifestants le suivaient ; la foule, très dense, avait envahi les trottoirs. La dislocation se fit au pied de la statue de Lincoln.

Trois mois plus tard, une rupture intervenait en Amérique entre d’une part les amis de Marx, et d’autre part les sections autonomistes. Le conseil général de l’AIT, à Londres, bien embarrassé, trancha au bénéfice des premiers. Debuchy semble être resté quelque en retrait lors des événements qui déchirèrent l’Internationale : sans doute faut-il y voir une preuve de réticence devant la montée en puissance du courant blanquiste à l’intérieur des sections françaises de l’AIT. Toujours actif au sein de l’URLF, il signa au nom de cette organisation le contrat qui confiait l’Imprimerie sociale à la commission de gestion du Socialiste. Ce fut en outre à son domicile que se tint, autour du 18 novembre 1872, la réunion destinée à organiser à New York la collecte destinée à venir en aide aux veuves et aux orphelins des combattants de la Commune.

Désigné par l’URLF, Debuchy siégea en 1874 au jury d’honneur chargé de trancher le différend entre Constant Christenert et les frères Élie et Gustave May (voir ces noms). À la même époque, il eut un échange épistolaire courtois avec Jules Leroux qui vivait au Kansas (voir ce nom). En 1876, il assista à la réunion convoquée par le centraliste Ancelin pour préparer l’accueil des délégués français à l’Exposition universelle de Philadelphie. Après un désaccord sur la question de savoir s’il fallait accepter de prendre langue avec les délégués qui avaient accepté les subsides gouvernementaux, il fit partie du comité dissident qui s’installa 102 Prince Street et qui ne rencontra que les membres des délégations « libres » (les autres membre du comité étaient B. Hubert, Martin, S. Dereure, Buard, Teissier et Frey). Il les accueillit à leur arrivée à New York et, avec l’aide de ses fils, les accompagna jusqu’à leur destination finale.

Debuchy changea souvent d’adresse. La liste qui suit est probablement incomplète. Du 10 Walker Str., où il habitait en novembre 1869, il se transporta 355 4e Avenue, où il réunissait le bureau de la section 2. Il déménagea en février 1870 pour s’installer 33 Wooster Street, puis, en association avec N. Puget, il ouvrit en mai 1872, une table d’hôtes sise 3 Amity Street (près de Broadway). Sans doute les affaires ne furent-elles guère florissantes car, en novembre, il résidait 168 Bleeker street.

En 1882, Désiré Debuchy demanda et obtint en tant victime du coup d’État du 2 décembre une pension de 600 francs. Agé de 56 ans, père de cinq enfants, dont trois encore vivants, il vendait à cette date des fleurs artificielles à New York, 160 Sullivan Street, dans Greenwich Village.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159772, notice DEBUCHY Désiré, Pierre, François [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Jean Piat, Michel Cordillot, version mise en ligne le 10 juin 2014, dernière modification le 23 mars 2019.

Par Jean Piat, Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 18/1449 et 1469 ; BB 30/360, pièces 494 à 500, lettres du procureur gén. de Douai au garde des Sceaux. ; F 15/4065 Nord ; F 15 4062, dossier 22. — Arch. PPo, Ba/435, Rapport du 28 mai 1876. — Arch. Dép. Nord, M 28/3 ; M 40/27 ; M 139/16, 21, 24 ; M 140/12 (procès-verbal du gendarme François Dassonville, Lettre du maire au préfet, 9 décembre 1851), 27, 32, 34 ; M 141/76 (Rapport du sous-préfet de Dunkerque, Lettre du ministre belge de la Justice au préfet, 9 janvier 1852) ; M 595/2, 3 (lettre du maire de Croix, 20 septembre 1849), 15, 17 ; M 620/14 (Affiche préfectorale.) et 16. — Arch. Mun. Roubaix, D II/B 16 et 17 ; D II/B 18 (rapport du 16 décembre 1851) ; F II/C 1, du ministre. de l’Intérieur du 23 octobre 1849 ; F II/C 2 ; F II/C 1-2 (affiche du 5 octobre) ; I 1a/2, pièce 75 ; J I, n°1 ; K 1-12. — Le Messager du Nord, 31 mars 1848, 28 janvier, 1er octobre, 15 novembre, 17 novembre 1849, 8 septembre 1850. — L’Écho du Nord, 17 novembre 1849. — L’Indicateur de Tourcoing, 19 novembre 1849. — Bulletin communal de la ville de Bruxelles, 1er semestre 1852. — Le Libertaire, 17 août 1860. — Bulletin de l’Union républicaine de langue française, 15 novembre 1869-16 mai 1874, passim. — Le Messager franco-américain, 13 avril 1871 — Le Socialiste, 7 octobre 1871-11 mai 1873, passim. — Bulletin de la Fédération Jurassienne, 15 février 1873. — Bulletin des Lois, 8 septembre 1882 (Bibl. Nat. Pér. 8° 143). — L’Étoile du Kansas, 1er mai 1874. — V. Wynants, L’Exposition universelle de Philadelphie 1876. Délégation ouvrière libre : Relieurs, Paris, 1879. — P. Wauwermans, Les Proscrits du coup d’État en Belgique, Bruxelles, 1892. — C. Lecompt, « Trois Fraternelles de la région lilloise en 1848 », Revue des Révolutions contemporaines, mai 1951. — Léon Machu, « La crise de l’Industrie textile à Roubaix au milieu du XIXe siècle », Revue du Nord, n° 149, 1956. — M. Molnar, Le Déclin de la Première Internationale. La Conférence de Londres de 1871, Genève, 1963. — Jean Piat, « Du Pain et des Roses », tapuscrit déposé en 1960 aux Arch. Mun. de Roubaix. — Jacques Freymond (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, Genève Droz, 1974, t. IV, p. 681. — Jean Piat, Roubaix, histoire d’une ville socialiste (1819-1945), Arch. Mun. Roubaix. — Jean Piat, Dossier recueilli à l’Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis, Amsterdam — Michel Cordillot, « Les Blanquistes à New York, 1848 », 1848, Révolutions et mutations au XIXe siècle, n° 6, 1990. — Jean Piat, Quand Mimerel gouvernait la France, Arras, SEP, 1992. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Paris, Arch. nat., 1992. — Charles Clerc, Les Républicains de langue française aux Etats-Unis, 1848-1871, Thèse, Univ. Paris XIII, 2001, p. 332, 353, 358 et suiv., 380.

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