DERBAIX Jules [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Ouvrier mineur ; deux fois marié, père de famille ; militant syndicaliste rallié aux IWW ; collaborateur de l’Union des travailleurs ; membre du PSA, exclu en 1914.

Jules Derbaix émigra aux États-Unis vers 1880. Lorsqu’il prit contact pour la première fois avec L’Union des travailleurs en 1904, il travaillait à Grape Creek (Illinois). À compter de cette date, il fut un abonné fidèle et un collaborateur habituel de ce journal, auquel il adressa à intervalles réguliers des correspondances contenant de nombreux renseignements intéressants. En avril 1906 par exemple, dans une lettre datée de Frontenac (Kansas), il décrivait les conditions de travail épouvantables qui engendraient de nombreux accidents et exhortait les mineurs à se dresser contre cette situation.

Tout juste une semaine plus tard les mineurs de Frontenac déclenchèrent une grève sauvage. Jules Derbaix participa activement à ce mouvement, ainsi qu’à la manifestation rassemblant plusieurs centaines de participants. Dans une nouvelle lettre adressée à la rédaction de L’Union des travailleurs, il se plaignait que les Belges et les Français du cru aient surtout brillé par leur absence à cette occasion.

En septembre, Jules Derbaix avait déménagé à Dorrisville (Illinois). Dans une correspondance publiée par l’hebdomadaire socialiste francophone, il détailla le montant de sa paye de la quinzaine qui s’élevait à 38 dollars nets. L’année suivante, la naissance de son fils fut dignement célébrée par l’envoi d’un versement à la souscription permanente de l’Union des travailleurs.

En 1907, Jules Derbaix était l’un des sept adhérents de la section socialiste de Dorrisville. Par l’intermédiaire de L’Union des travailleurs, il félicita publiquement Nény, le héros de Courrières, d’avoir pris la décision d’émigrer en Amérique (et apparemment d’avoir donné son adhésion au PSA). En 1908, il prit l’initiative d’organiser avec É. Soustelle une commémoration des événements de Chicago (1886) à l’intention des mineurs francophones. Cette manifestation lui valut de perdre son emploi et de faire l’objet d’une attention vigilante de la part de la police locale, désormais à la recherche du moindre prétexte pour se débarrasser de cet agitateur.

C’est ainsi qu’il fut emprisonné quelques semaines plus tard pour une affaire qu’il narra lui-même — avec quelque humour — aux lecteurs de L’Union des travailleurs : divorcé, il s’était remarié dans le même état sans attendre la fin du délai légal. Grâce à l’aide matérielle des socialistes locaux, il fut remis en liberté sous caution dans l’attente du jugement. Il fut finalement acquitté fin avril et remercia Louis Goaziou, qui lui avait servi d’intermédiaire (et sans doute d’interprète) et avait échangé une abondante correspondance avec ses avocats.

Présent à la manifestation et au meeting qui se déroulèrent le 1er Mai, Jules Derbaix se fit un plaisir d’annoncer à L’Union des travailleurs que la décision avait été prise par les participants de fonder une section socialiste et une section des IWW, une réunion étant prévue à cet effet le dimanche 16 mai.

En 1913, Jules Derbaix avait déménagé à Johnston City (Illinois). Ayant rejoint la section socialiste locale, il cosigna avec J.-B. Duquesnoy un rapport d’activité détaillé qui comportait, en autres, des précisions fort intéressantes concernant la mobilité géographique des soixante-six militants qui en avaient été membre à un moment ou un autre.

Accusé par Florent Deschamps d’avoir volé la somme de 12 dollars à la section, Jules Derbaix se vit notifier son exclusion par J.-B. Duquesnoy fin mai 1914. Ceci ne l’empêcha pas, l’année suivante de continuer de se proclamer socialiste dans une correspondance adressée à L’Union des travailleurs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159783, notice DERBAIX Jules [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 10 juin 2014, dernière modification le 10 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCE : L’Union des travailleurs, 7 juillet 1904, 12 avril, 19 avril, 6 septembre, 6 décembre 1906, 16 mai, 26 décembre 1907, 29 octobre 1908, 28 janvier, 18 mars, 29 avril, 6 mai, 13 mai 1909, 27 novembre 1913, 7 mai, 28 mai 1914, 22 janvier 1915 entre autres.

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