Par Jean-Michel Steiner
Né le 4 novembre 1926 à Saisy-la-Forêt (Saône-et-Loire), mort le 20 janvier 2001 à La Talaudière (Loire) ; médecin ; syndicaliste CGT ; membre du comité fédéral PCF de la Loire ; maire de La Talaudière (1965-1971), premier adjoint (1977-1983),conseiller municipal (1983-1995) ; maire honoraire en 1995.
Son père Claude, Paul, Joseph, Louis, né à Saint-Usuge (Saône-et-Loire) le 16 février 1902, fils de Plathey Antoine, cultivateur et de Gillet Marie-Eugénie, couturière, avait épousé le 25 mars 1924, à Épinac-les-Mines, Jeanne Claire, née dans la même commune le 21 septembre 1901, fille d’un ouvrier mineur, et d’une mère sans profession. Claude Plathey et Jeanne Claire étaient instituteurs. Ils vinrent s’installer à Macon dans les années 1930. Le couple a eu trois autres enfants : Paulette, Denise et Henri Paul, polytechnicien, décédé accidentellement le 29 août 1963.
Après des études secondaires au lycée Lamartine de Macon, Jean Plathey suivit des études de médecine à l’Université de Lyon et obtint son doctorat en 1957, avec une thèse intitulée : Dermatomyosites et cancer. À propos de trois observations. Interne à Saint-Étienne dans les hôpitaux de Bellevue et de la Charité, il choisit la médecine salariée et exerça à la Caisse de secours Minière de La Talaudière, à mi-temps à partir de 1956 puis à temps complet à partir du 1er juillet 1958. Il appréciait de pouvoir soigner gratuitement et de ne pas entrer dans la concurrence entre confrères qu’implique la médecine libérale. Militant communiste et militant CGT, mal vu par ses employeurs il fallut la pression de ses patients pour qu’il obtienne, en 1959, sa titularisation de l’administration de la Société de secours Minière de la Loire.
Le 18 décembre 1952, Jean Plathey épousa à Lyon 7e arr. Monique, Joséphine, Lucie, Charrot dont il eut deux filles Isabelle et Dominique. Le mariage fut dissous par jugement de divorce du Tribunal civil de Saint-Étienne, en juin 1962. Le 6 octobre 1962 Jean Plathey épousa en secondes noces Marie-Jeanne (dite Marinette) Loy, préparatrice en pharmacie, employée à la Caisse de secours Minière de La Talaudière. Serge Gaillard, ajusteur, et Salvator Lombardo, métallurgiste, tous deux membres du Comité de la Fédération PCF de la Loire, signèrent l’acte de mariage comme témoins. Marie-Jeanne Loy, née le 6 mars 1940 à Saint-Étienne, était la fille de Charles Claude Loy, employé, et de Geneviève Berger. Divorcée, cette dernière avait épousé en secondes noces Jean Vernet, mineur de fond à La Talaudière. Elle gérait l’Amicale laïque du Fay à Saint-Jean Bonnefonds.
Du mariage de Jean Plathey et Marie-Jeanne Loy sont nés quatre enfants : Catherine, le 18 août 1963, Pierre Jean, le 11 avril 1965, Françoise, le 23 février 1967 et Marie Paule, le 6 février 1970.
« Médecin des mineurs », Jean Plathey consultait sur les deux communes minières de La Talaudière et Saint-Jean-Bonnefonds mais il effectuait aussi des visites dans un large rayon de communes rurales (Sorbiers, Fontanès, Grammond, Saint-Christo, Saint-Héand) où résidaient mineurs et anciens mineurs qui avaient conservé une activité agricole. Jusqu’à sa retraite le 31 décembre 1989, il mena un combat permanent contre les experts de la direction des Houillères pour faire reconnaître les droits à pension des mineurs victimes d’accidents ou atteints de la silicose.
Né d’un père d’orientation laïque, lecteur de Karl Marx, et d’une mère catholique très pratiquante, Jean Plathey s’engagea au Parti communiste en 1948, alors qu’il venait de commencer ses études. Cette adhésion a-t-elle été consécutive à la répression subie par les mineurs stéphanois en grève qui eut un profond écho jusque dans l’agglomération lyonnaise ? Cet événement a-t-il réveillé en lui le souvenir du passé mineur de son grand père maternel et contribué à son engagement dans la médecine des mines ? En tout cas, dès la fin des années 1950, sa notoriété dans les populations minières du secteur Nord-Est du bassin stéphanois était telle que le PCF le fit entrer au comité fédéral de la Loire et le plaça en position de suppléant de ses candidats à l’élection législative dans la 1re circonscription de la Loire Marcel Thibaud* (novembre 1962) et Michel Olagnier* (mars 1967). L’association d’un médecin et de deux métallurgistes marqua une inflexion dans l’orientation jusque là très ouvriériste de la fédération de la Loire.
En 1965, Jean Plathey est présenté par le PCF à l’élection municipale de La Talaudière en tête d’une liste d’union de la gauche (Union pour une Gestion démocratique et Sociale) contre l’entrepreneur du BTP Marcel Thinet, maire sortant, élu depuis 1947. La campagne porta à la fois sur les difficultés propres au bassin stéphanois (« la récession qui sévit à Saint-Étienne et dans sa région constitue une sombre perspective : réductions d’horaires, licenciements et fermeture de la mine de la Chazotte) et sur les problèmes nationaux de l’heure (« les études sont un luxe pour de nombreuses familles, trop peu de logements HLM »). Sur 2 226 inscrits, il y eut 1 737 votants le 14 mars. Sur 1 707 suffrages exprimés, la liste de Jean Plathey obtint une moyenne de 660 voix contre 617 pour celle du maire sortant. Avec 859 voix portées sur son nom Jean Plathey fut le seul élu au soir du premier tour. Le 21 sa liste obtint 11 élus et avec une voix de majorité, il devint maire de La Talaudière.
Son mandat (1965-1971) correspondit pour la commune à la période de reconversion économique (fermeture des mines de la Chazotte annoncée en décembre 1966, définitive en mai 1968) et à l’amorce du changement urbain : création de logements HLM, rénovation du centre avec destruction de bâtiments insalubres, création du centre social.
En mars 1971, à la suite d’une campagne enflammée, la liste de l’ancien maire obtint la majorité dès le premier tour (20 sièges/23 avec 2 464 inscrits, 1 986 votants et 1 946 suffrages exprimés). Au second tour, alors que la participation avait baissé (1 768 votants et 1 755 exprimés) Jean Plathey fut élu ainsi que deux de ses colistiers (Pierre Damon et Claudius Gagnal). Pendant ce mandat, il fut donc le principal opposant de Marcel Thinet. Le 13 mars 1977, il figurait en 19° place sur la liste d’Union pour une gestion démocratique et sociale que conduisait Pierre Damon de nouveau face au maire sortant Marcel Thinet et sa liste de Défense des Intérêts Communaux. Jean Plathey avec le meilleur résultat de tous les candidats (1 321 voix pour 3 007 inscrits, 2 420 votants et 2 370 exprimés) fut élu au premier tour ainsi que 3 autres membres de la liste et 7 de la liste Thinet. À l’issue du second tour (2 453 votants, 2 416 exprimés) la liste de gauche emporta la majorité (13 sièges contre 10). Le 26 mars, Jean Plathey devint 1er adjoint de Pierre Damon. Jean Plathey choisit de rester simple conseiller municipal de Pierre Damon réélu en 1983 et 1989. En juin 1995, il renonça à briguer un nouveau mandat. En septembre 1995, il fut nommé maire honoraire de La Talaudière par le préfet.
Jean Plathey est décédé le 20 janvier 2001 à La Talaudière.
Par Jean-Michel Steiner
SOURCES : Arch. Dép. Saône-et-Loire : État civil d’Épinac-les-mines, 5 E 190/19, naissance 1900-1902. — État civil de Saint-Usuge, 5 E 484/18, naissances 1892-1892. Archives communales de Saisy-la-Forêt, naissances 1926. — Témoignages de Marie Paule, Pierre Jean et Catherine Plathey. Notes et témoignage de Louis Drevet. — Archives de la Maison du Patrimoine et de la Mesure de La Talaudière. Dossier H 0021 – Élections. — État civil de Saint-Étienne : acte de mariage n° 966/1962. État civil de La Talaudière : acte de décès n° 5/2001. Macon et Saisy la Forêt. — Archives du Cedmo. — Archives départementales de la Loire. — Archives municipales de Saint-Étienne : élections législatives 1962 & 1967 (7K19). — Regards sur la Loire. — La Tribune. — Le Progrès.