GRANIER Francisca [née NEYMARK Francziska, Jeanne, épouse GIERDAWA puis GRANIER]

Par Gilles Morin

Né le 9 novembre 1883 à Lodz (Pologne), morte le 5 mars 1963 ; professeure de lycée ; militante socialiste et syndicaliste de la Seine ; membre de la commission administrative de la CGT (1923-1928) ; secrétaire des femmes socialistes.

De nationalité polonaise, née dans la partie occupée par les Russes, Francesca Neymark était la fille de Gustave Neymark, riche négociant selon une note de police, et de Lucie Heyman. Elle épousa à Nowich (Royaume Uni) le 25 septembre 1908 Casimir Gierdawa, qualifié d’homme de lettres, comme elle militant socialiste, proche d’Alexandre Bracke. Elle fut licenciée ès Lettres en 1912. Professeure de philosophie, elle enseignait au collège Jules Ferry de Coulommiers (Seine-et-Marne) sous le nom de Gierdawa au début des années 1920.

Elle était présentée dans un rapport de police d’avril 1919 comme favorable aux idées bolcheviques, ayant pris la parole à une réunion de la 14e section de la fédération de la Seine. Son mari, qui s’était engagé dans l’armée française en 1917 étant venu en tenue militaire ; une enquête fut diligentée les concernant. Selon celle-ci, elle fréquentait régulièrement outre les réunions de la 14e section, celles des groupes des Étudiants socialistes révolutionnaires, où elle fit une conférence le 13 janvier 1915 sur " les courants politiques de la Pologne actuelle ", et la 5e section de la Seine où elle avait fait une conférence sur la Pologne le 13 mai suivant. En fait, en 1919, elle défendait les positions de Jean Longuet, refusant de condamner le bolchevisme – mais aussi de se dire pour –, demandant au parti de se prononcer contre toute intervention en Russie, et enfin refusant toute participation ministérielle.

On ne sait quand elle se sépara de son premier époux. Elle obtint du consul général de Pologne à Paris un certificat suivant lequel son mariage n’était pas valide au regard de la loi polonaise. Le 20 janvier 1921, elle se maria de nouveau à Paris, (XVIIe arr.) avec Paul, Émile Granier, né le 23 octobre 1879 à Carcassonne (Aude), professeur d’histoire qui acheva sa carrière comme directeur du lycée Voltaire. Elle obtint de ce fait la nationalité française.

Francisca Granier, nom sus lequel elle est le plus souvent citée, fut pendant plusieurs années une active syndicaliste. Elle appartint au premier « comité syndical », élu au congrès d’avril 1923, du Syndicat national confédéré des membres de l’enseignement des second et troisième degrés, dit « syndicat Zoretti ». Trésorière de ce syndicat, elle fut reconduite par le congrès de la Fédération de l’enseignement secondaire et supérieur (CGT), tenu à Paris le 22 avril 1924, et par le quatrième congrès, réuni en avril 1926. Membre du conseil de l’Enseignement technique en 1927, elle siégeait par ailleurs à la commission administrative de la CGT en 1923-1928 au titre de l’enseignement secondaire et supérieur. Le 11 octobre 1928, elle participa, au siège de la CGT, 211 rue Lafayette, à la réunion constitutive de la Fédération générale de l’Enseignement (FGE), avec Ludovic Zoretti, Lucien Mérat et Jean-Louis Gayte pour l’enseignement des 2e et 3e degré.

À partir de 1927, Francisca Granier dut avoir été chargée de l’organisation de l’action en direction des travailleurs polonais en France. Secrétaire de rédaction de Prawo Ludu (le Droit du Peuple), organe des ouvriers polonais affiliés à la CGT – dont le siège était situé dans les locaux de la CGT au 211 rue Lafayette où elle avait son bureau –, et permanente, elle rédigeait la plupart des articles et traduisait les papiers de Léon Jouhaux. Elle assista au congrès polonais organisé à Lens le 2 janvier 1927 et avait pris la parole dans une réunion syndicaliste de mineurs à Marles quelques jours auparavant au titre de membre du comité administratif confédéral de la CGT.

Par la suite, elle était surtout connue comme militante socialiste SFIO. Membre de la 12e section en 1939, elle se présenta à la commission exécutive fédérale (CEF) sur la motion paul-fauriste.

On perdit sa trace provisoirement pendant l’Occupation pour la retrouver très active dans les années 1950. Secrétaire générale des « Amis de la Démocratie en Pologne » en avril 1952, elle fut élue membre consultatif de la CEF de la Seine en 1953. Responsable de la commission fédérale féminine de la Seine en 1954-1955 et de la bibliothèque fédérale, elle présenta un rapport “ Ce que j’ai vu en Yougoslavie ” en décembre 1953. En 1955, malgré l’avis du parti, elle se rendit en Chine, avec Gilberte Brossolette et Cléta Mayer.

Elle était une figure très présente dans les réunions nationales du Parti socialiste. Élue suppléante à la commission nationale des conflits de la SFIO en 1953-1954, elle appartint à la commission d’études et à la commission chargée d’étudier les problèmes de politique économique et sociale au conseil national des 3-4 mai 1958, puis à la commission d’études chargée d’étudier les problèmes internationaux au conseil national des 10-11 janvier 1959, enfin à la commission « gestion de l’entreprise » des journées nationales d’études des 7 au 10 mai 1959.

Francisca Granier, toujours secrétaire des femmes socialistes en 1962, décéda probablement le 5 mars 1963, selon un livre À la mémoire d’Émile et de Francisca Granier : rappelés à Dieu le 23 février et le 5 mars 1963.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159919, notice GRANIER Francisca [née NEYMARK Francziska, Jeanne, épouse GIERDAWA puis GRANIER] par Gilles Morin, version mise en ligne le 16 juin 2014, dernière modification le 24 juillet 2021.

Par Gilles Morin

ŒUVRE : Le Livre polonais du XVe siècle à nos jours, 1925, Paris, impr.-éditeurs Jouve et Cie, 1925. — Les Tribulations de la Bibliothèque polonaise de Paris, Paris, les Amis de la démocratie en Pologne, 1956, 48 p.

SOURCES : Arch. PPo, 1W1062/53286, 39540, Le Peuple, 23 avril 1924 et 18 avril 1926. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 103, 108 et 111. — Archives de l’OURS, fonds C. Fuzier, dossiers Seine. — Janine Ponty, Polonais méconnus : histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005, 474 pages. — Guy Putfin, « De l’amicalisme au syndicalisme : la création de la Fédération générale de l’Enseignement dans la CGT (1919-1929) », Cahiers du Centre fédéral de la FEN, n° 6, juin 1993.

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