REIGNEY Jacques, Jules, Louis

Par Jacques Girault

Né le 8 mars 1945 à Amance (Haute-Saône) ; professeur dans la Marne puis dans le Doubs ; militant communiste (PCF puis CAP dans le Doubs) ; conseiller municipal de Besançon (Doubs).

Un repas dans les années 1970 avec un ancien des Brigades internationales.
Un repas dans les années 1970 avec un ancien des Brigades internationales.

Fils d’agriculteurs, abonnés à La Terre, Jacques Reigney eut une éducation catholique qu’il contesta à partir de l’adolescence, devenant “un athée convaincu, durablement anticlérical“. Elève du cours complémentaire de Jussey (Haute-Saône), reçu au BEPC, il entra au lycée de Vesoul (Haute-Saône) en section M’ puis fut reçu au baccalauréat (section “Philosophie“). Étudiant à la Faculté des Lettres de Besançon, il obtint la propédeutique qu’il compléta par la suite par des certificats de licence. En 1967, il réussit au concours d’entrée à l’Ecole normale nationale d’apprentissage, rue de la Roquette à (Paris, XIeme arr.).

Membre de l’Union nationale des étudiants de France, Jacques Reigney adhéra à l’Union des étudiants communistes en 1964 et devint secrétaire du cercle de lettres puis du comité de ville. Adhérent au Parti communiste français depuis la campagne présidentielle de 1965 à Besançon, il fut invité aux réunions du comité fédéral en raison de ses responsabilités à l’UEC. A partir de 1967, muté à la cellule communiste de l’ENNA, il participa aux actions contre la guerre du Vietnam, aux manifestations du printemps 1968 et à la campagne du candidat communiste dans le XIeme arrondissement.

Membre du Syndicat national de l’enseignement technique professionnel (CGT), Reigney fut nommé professeur (lettres-histoire) au collège d’enseignement technique de Vitry-le-François en septembre 1968. Ill créa un journal de la section communiste, participa aux campagnes référendaires et présidentielles de 1969, fut candidat du PCF au Conseil général, le 8 mars 1970, dans le canton de Heitz-le-Maurupt et fut invité à des réunions du comité fédéral de la Marne pour représenter les communistes de Vitry-le-François.

Reigney se maria uniquement civilement en mai 1970 à Besançon avec Bettina Stromwasser, fille d’un fabricant d’horlogerie, réfugié, juif, antifasciste résistant allemand. Ancienne élève de l’École normale supérieure de Sèvres, agrégée d’histoire, militante communiste, elle enseigna pendant toute sa carrière au lycée Pasteur à Besançon (Doubs). Ils eurent un garçon et une fille.

Il accomplit son service militaire dans les hussards à Besançon (août 1970-juillet 1971) et participa aux activités des communistes de la ville.

Reigney obtint sa mutation pour le CET de Montjoux à Besançon où il enseigna de 1971 à 1989 dans l’établissement devenu lycée d’enseignement professionnel. Plus tard, inscrit à l’université, il obtint sa licence d’histoire puis le CAPES interne en 1989. Il fut alors nommé professeur au lycée Jules Haag à Besançon et y enseigna jusqu’à sa retraite en 2006. Il adhéra alors au Syndicat national des enseignements de second degré et en resta membre comme retraité.

Dès son installation à Besançon, devenu responsable d’une cellule du PCF du centre-ville, il entra au secrétariat de la section communiste puis au comité de la fédération. Il était alors selon ses termes « un bon défenseur de la ligne du parti », responsable, dans la section, de la propagande entre autres. En 1973 lors de l’affaire Lip, il partagea l’attitude des communistes, distants par rapport aux analyses autogestionnaires des militants de la CFDT et de Charles Piaget.

Candidat communiste aux élections municipales de Besançon en 1977 sur une liste d’Union de la gauche à direction socialiste, il fut parmi les sept communistes élus. Il adopta, comme ses camarades, la ligne d’opposition au Parti socialiste inspirée par la direction du Parti, se traduisant entre autres par le refus de voter le budget dès 1977. Néanmoins il fut réélu en 1983 dans les mêmes conditions mais dans le contexte de l’union de la gauche au gouvernement.

En 1984, atterré par le fort recul du PCF lors des élections européennes, il entra avec ses camarades dans une contestation de la ligne du parti, qui se traduisit par une abstention puis un refus de voter le rapport du secrétaire général aux 25eme (1985) et 26eme (1987) congrès du PCF. S’en suivit une violente guerre interne. Reigney contribua à la résistance et à la cohésion de la fédération contestataire. Après la dissolution de la fédération du Doubs, par la direction du PCF en octobre 1988, il participa à la naissance de la « Fédération communiste du Doubs » qui, devenue « Fédération démocratique de Franche-Comté », entretint des rapports étroits avec les autres dissidences qui constituèrent, en octobre 1994, la « Convention pour une alternative progressiste ». Occupant localement un rôle actif et responsable, il en devint le trésorier départemental en décembre 1996.

Reigney fut organisateur ou candidat de plusieurs élections dont les élections municipales de 1989 et 1995 (où il était en deuxième position sur la liste), les régionales de 1993, les sénatoriales de 1989 et plusieurs élections cantonales. Électoralement, la nouvelle organisation connut des succès, mais elle échoua aux élections législatives de 1997 qui virent le succès de la « gauche plurielle ».

Après l’échec de 1997, des dirigeants de la Fédération Démocratique de Franche-Comté rejoignirent le Parti socialiste, amenant la disparition de la structure autonome. Reigney ne s’engagea pas dans cette voie. En retrait de l’activité militante responsable, il n’en continua pas moins à être présent dans la vie politique, tant par sa participation à diverses manifestations que par la signature de pétitions par exemple une pétition de soutien à Cuba publiée par l’Humanité, le 26 mai 1990.

En 2005, dans les discussions sur le Traité constitutionnel européen, il reprit une activité politique, militant pour un « non » de gauche au référendum. Il s’efforça de créer les conditions d’une candidature unique de la gauche radicale aux élections présidentielles de 2007. Il signa l’appel en 2010 pour définir les « Fondamentaux pour une France solidaire et des candidats unitaires ». Il envoya un point de vue sur la profession d’avoué que l’Humanité publia le 23 janvier 2010. Dans les débats du Front de gauche, comme non-encarté, il milita pour que le Front de gauche défende, en 2014, ses positions électives en reconduisant l’équipe municipale sortante, à direction socialiste et à participation communiste. Il adressa des articles critiques à plusieurs organes de presse et au blog de Jean-Luc Mélenchon.

Par ailleurs, tout au long de la période, il appartint à plusieurs mouvements dont le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix.

Dans l’hiver 2006-2007, Jacques Reigney entreprit la rédaction d’un texte de 164 pages dactylographiées complété en décembre 2011 intitulé Gâchis (Suite d’expériences militantes), inscrivant les différentes péripétie de sa vie militante à Besançon et dans le Doubs dans l’histoire plus globale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159927, notice REIGNEY Jacques, Jules, Louis par Jacques Girault, version mise en ligne le 16 juin 2014, dernière modification le 14 décembre 2014.

Par Jacques Girault

Un repas dans les années 1970 avec un ancien des Brigades internationales.
Un repas dans les années 1970 avec un ancien des Brigades internationales.
Prise de parole lors d'un meeting dans les années 1970.
Prise de parole lors d’un meeting dans les années 1970.
Photo d'identité dans les années 2000.
Photo d’identité dans les années 2000.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Divers sites Internet dont, www.petition24.net/forum/11313. — Renseignements fournis par l’intéressé..

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