REKHOU Mohand-ou-Ali

Par Meziane Lechani

Né le 17 novembre 1898 à Aït Halli (Haute-Kabylie), mort le 10 mai 1986 à Alger (Algérie) ; instituteur ; militant pédagogique.

Ses parents étaient des cultivateurs, originaires du village d’Ait Halli dans la confédération des Ait Iraten. Aîné d’une fratrie de six enfants, il entra à l’école communale de Tamazirt vers 1905 où il suivit les cours de Grégoire, pionnier de l’enseignement pour les “Indigènes”. Titulaire du certificat d’études primaire, Rekhou entra l’École normale d’instituteurs de Bouzarèah-Alger en 1914. Mobilisé durant la Grande Guerre dans les troupes coloniales versées à l’armée d’Orient, il participa à la bataille des Dardanelles.

Démobilisé après l’armistice, il entama sa carrière d’instituteur à Tarfet, un village enclavé du Gergour, en Basse-Kabylie, qu’il rejoignit après un parcours chaotique avec sa femme yemma Zehra née Tamine, elle-même fille d’instituteur. Il y réalisa un travail d’éveil et d’éducation durant quelques années puis, demanda son affectation pour Oued-Amizour, un village de colonisation de la vallée de la Soummam prés de Bougie où une forte colonie d’Alsaciens-Lorrains avaient reçu des concessions de terres en 1871. Il fut au milieu des années 1930 secrétaire général de la Ligue des ex-combattants et victimes indigènes de la Grande Guerre dont le siège social était à Fort-National.

Rekhou poursuivit localement son œuvre éducative et sociale avec dévouement.

Après une dizaine d’années de service, il fut affecté à Makouda près de Tizi-Ouzou puis dans le gros village de Taourirt Amokrane où il rédigea une étude sur l’héritage en Kabylie restée à l’état de manuscrit. Il acheva sa carrière en 1952 comme directeur du cours complémentaire de l’agglomération de Fort-National où il suivait de près, au sein de l’active sous-section syndicale, la mise en place des dispositions nouvelles nées du décret de loi de fusion des enseignements de 1949. Mouloud Feraoun prit sa succession.

A l’indépendance de l’Algérie, il fut frappé de discrimination post-coloniale par l’État français, comme tous les enseignants algériens qui refusèrent la naturalisation, et eut sa pension fixée au taux de 1962. Il introduisit, en 1976, un recours auprès du tribunal d’instance de la Cour de Paris puis au Conseil d’État qui le débouta en 1981. Sa requête devint la jurisprudence Rekhou enseignée en droit international et abondamment commentée dans la littérature juridique. Amer, il dénonça l’arbitraire au Président de la République François Mitterrand, et lui renvoya ses distinctions honorifiques (Palmes académiques, officier d’instruction publique, la prestigieuse nomination à l’honorariat).

Mohand-ou-Ali Rekhou fit partie de ces lettrés Kabyles pour qui le progrès devait avoir nécessairement l’école comme point de départ

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159931, notice REKHOU Mohand-ou-Ali par Meziane Lechani, version mise en ligne le 16 juin 2014, dernière modification le 25 novembre 2022.

Par Meziane Lechani

SOURCES : Archives familiales.

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