BAZERBE Robert

Par André Balent, Jacques Girault

Né le 8 avril 1910 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 21 octobre 1982 à Perpignan ; instituteur ; militant syndicaliste (SNI) ; militant politique (SFIO, puis PSOP, puis PCF).

Fils d’un maçon originaire de Perpignan et d’une culottière native de Taulis, petit village des Hautes Aspres dans les Pyrénées-Orientales, Robert Bazerbe reçut les premiers sacrements catholiques. Après des études à l’école primaire supérieure de Perpignan, il entra à l’École normale d’instituteurs de la ville en 1926. Il démissionna notamment de la préparation militaire et afficha par la suite des opinions pacifistes. Il exerça dans divers villages du département avant d’enseigner dans les années 1930 comme instituteur à Vernet-les-Bains.

Robert Bazerbe adhéra à la Fédération unitaire de l’Enseignement et fut un des militants du groupe de jeunes. Membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1933, il devint membre du conseil syndical de la section départementale en 1934 et y demeura jusqu’en 1940. Il fut notamment délégué aux congrès nationaux de 1936 et de 1937.

Il adhéra également au Parti socialiste SFIO en 1932. En 1934, proche de la « Bataille socialiste », il participa à la création du Groupe d’études et d’action des Pyrénées-Orientales qui structura localement les partisans de Jean Zyromski. Il fut également de ceux qui fondèrent, en 1934, En avant !, l’éphémère organe local de la « Bataille socialiste ». Ils décidèrent d’abandonner cette publication, lorsque, à la suite du congrès de la fédération socialiste SFIO, ils prirent en main Le Cri Socialiste, son organe hebdomadaire. Mais, à l’automne 1935 et pendant l’hiver 1936, des militants zyromskistes des Pyrénées-Orientales, dont Bazerbe, rejoignirent les rangs de la « Gauche révolutionnaire » et administrèrent brièvement la fédération entre deux congrès (26 janvier 1936 - 30 mai 1936). Hostile à la non-intervention en Espagne, il participa activement à l’accueil des réfugiés espagnols. Il suivit toutes les péripéties de cette trajectoire, commune à de nombreux militants du département. Mais tenté, un moment par la dissidence fédérale autour de Joseph Rous, il rejoignit rapidement le bercail de la fédération socialiste SFIO. Élu à la commission administrative fédérale au titre de la tendance « Gauche Révolutionnaire » lors du congrès du 9 mai 1937, après l’exclusion de la Gauche Révolutionnaire au congrès national socialiste SFIO de Royan en juin 1938, il adhéra au Parti socialiste ouvrier et paysan.

Mobilisé en septembre 1939, fait prisonnier le 16 juin 1940 à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Inférieure), Bazerbe s’évada en octobre 1941. Il retrouva son poste d’instituteur à Vernet-les-Bains et fut déplacé en octobre 1942 à Saint-Paul-de-Fenouillet. Selon son témoignage, militant du Front national de lutte pour la libération, l’indépendance et la grandeur de la France, engagé dans les rangs FTPF, il adhéra au Parti communiste peu après la Libération. Pourtant il ne figurait pas dans les listes des FTPF des Pyrénées-Orientales à la différence d’autres anciens pivertistes du département. En 1946, avec un groupe de résistants communistes, il honorait les morts des combats d’août 1944 au Canigou et les victimes de Valmanya, le village martyr détruit par les forces allemandes et celles de la Milice : sur la même photographie, il figurait avec des instituteurs qui, comme Lucette Justafré, avaient suivi la même trajectoire politique, du pivertisme à l’adhésion au PCF.

À la Libération, Robert Bazerbe devint directeur d’école à Port-Vendres. En 1953, il obtint la direction de l’école Saint-Gaudérique à Perpignan et termina sa carrière professionnelle en 1966 comme directeur de l’école Jules Ferry, l’une des plus réputées de la ville.

En décembre 1945, Robert Bazerbe siégeait au conseil syndical du Syndicat unique de l’Enseignement (FEN, CGT) départemental (ce syndicat qui regroupait tous les enseignants de tous les degrés entre 1944 et 1948 fut une spécificité des Pyrénées-Orientales). Il participa à sa commission d’épuration. Au conseil syndical du 21 mars 1946, il fut élu trésorier du SU, responsabilité qu’il conserva à l’assemblée générale départementale du 26 juin 1947. Il le demeura jusqu’à la dissolution du SU lors du passage de la FEN à l’autonomie. Par la suite, il fut élu minoritaire « cégétiste » puis « Unité et Action ». En 1954 et en 1955, il fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire (« Liste unique pour la défense de l’école laïque » puis « liste unique Unité syndicale »).

Membre actif de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Education nationale (1945-1966), membre de la commission de contrôle de la section départementale de la Mutuelle assurances automobiles des instituteurs de France, il siégea au conseil d’administration de la Caisse primaire d’assurances maladie au titre de la CGT (1950-1960). Il fut aussi économe, puis directeur de colonies de vacances de l’œuvre des pupilles de l’École publique (1951-1964).

Robert Bazerbe, secrétaire de la cellule communiste de Port-Vendres, puis de la section d’Argelès-sur-Mer, conduisait la liste communiste aux élections municipales de Port-Vendres en octobre 1947. Il devint membre du comité de la fédération communiste en 1948, chargé de l’éducation. À la suite du vote des pouvoirs spéciaux par les députés communistes, il cessa toute activité dans le Parti sans le quitter.

Robert Bazerbe se maria en décembre 1941 avec Jeanne, Rose Vidal, institutrice à Elne, née le 24 octobre 1910 à Espira-de-l’Agly (Pyrénées-Orientales) où son père était viticulteur. Le mariage fut seulement civil. Nommée au Vernet en 1942, elle suivit son mari dans des postes doubles, Saint-Paul-de-Fenouillet, Port-Vendres et Perpignan où elle prit sa retraite en 1968 comme professeure d’enseignement général de collège.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15995, notice BAZERBE Robert par André Balent, Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 11 septembre 2021.

Par André Balent, Jacques Girault

SOURCES : Arch. com. Perpignan. - Arch. privées André Balent, notes rédigées à son intention par Michel Ribera (juillet 1984), instituteur retraité, ancien militant du SNI et de la FEN des Pyrénées-Orientales. - Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé et par son fils. — Sources orales. — Balent (André), « Du Front populaire à la Résistance. L’itinéraire d’un militant perpignanais : Marcel Mayneris (1899-1993) », Études Roussillonnaises, XVI, Canet, 1998. — Gual (Ramon) et Larrieu (Jean), Vichy, l’Occupation nazie et la Résistance catalane, II b De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, 687 [1112] p.

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