RENAULD Yvonne [RENAULD Germaine, Georgette, dite]

Par Jacques Girault, Jean-Claude Guillon

Née le 15 juillet 1908 à Montmorency (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; morte début février 1943 en déportation à Birkenau ; institutrice en Indre-et-Loire ; militante communiste ; résistante.

Extrait de la la lettre de Germaine Renauld à Lucette Godard, 21 janvier 1943.

Germaine Renauld était la fille de Georges, Jullien Renauld, alors adjudant au 120e régiment d’infanterie, et de Louise, Augustine Hervy. De manière erronnée, leur patronyme était souvent orthographié Renault. Le 1er avril 1909, son père démissionna de l’armée, étant « nommé à l’emploi civil de percepteur » à Puycasquier (Gers). Le couple eut une autre fille, Suzanne, Louise, née dans cette commune, le 1er août 1909. En 1911, la famille vint s’installer à La Roche-Posay (Vienne) où Germaine Renauld passa toute son enfance.

En 1918 son père fut nommé à Chinon (Indre-et-Loire), où elle poursuivit sa scolarité. Elève-maîtresse à l’École normale d’institutrices, elle prit son premier poste à Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) puis elle fut mutée à l’école d’Athée-sur-Cher (Indre-et Loire) en 1936. Cette année-là, proche ou adhérente du Parti communiste, Germaine Renauld participa à un voyage en Russie, organisé par l’association les “Amis de l’URSS”.

Sous l’Occupation, elle fut mutée à la rentrée d’octobre 1941 au hameau Bel-Air à Brèches (Indre-et-Loire). Elle intègra une filière de diffusion de propagande communiste clandestine en liaison avec le “centre” parisien, en relations avec des militants communistes clandestins dont André Pican. Elle installa une imprimerie clandestine aux environs de Tours ; elle tirait elle-même les journaux et les transportait à bicyclette aux camarades qui les distribuaient.
Le 23 février 1942, des policiers français l’arrêtèrent dans sa classe à Brèche, devant ses élèves, et l’emmenèrent séance tenante. Pendant le trajet, les policiers la battirent jusqu’au sang mais elle ne parla pas. Un rapport du Préfet de police du 20 mars 1942 signalait cette arrestation.

Incarcérée à la prison de la Santé, elle réussit à communiquer par les tuyauteries avec le résistant du Cher Gabriel Godard et à entendre ses dernières volontés à communiquer à sa femme, Lucette. Elle le revit à Romainville. Le 21 janvier 1943, elle jeta sur le papier, pour Lucette, une description des conditions de détention de Godard et ses dernières volontés. La missive, qui n’arriva pas à Lucette Godard, fut retrouvée ensuite.

Le lendemain, 22 janvier, Germaine Renauld fit partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22,1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort les y rejoignirent, auquel s’ajoutaient huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police).

Germaine Renauld partit, le 24 janvier, de Compiègne et fut déportée avec ses compagnes à Auschwitz sous le matricule 31682. Le 3 février 1943, la plupart des "31000" furent amenées à pied à Auschwitz 1. Pendant la période de “quarantaine” [selon Marie-Claude Vaillant-Couturier, lors de l’appel], deux kapos s’acharnèrent sur elle à coups de bâtons ; la tête fracassée, elle parvint à se traîner jusqu’au block, où elle mourut après une nuit d’agonie au début février 1943.

Son nom fut donné à une rue de Saint-Pierre-des-Corps (introuvable en 2021) et, à Athée-sur-Cher, une plaque fut apposée dans la cour de son école qui prit son nom en 2008. Une courte notice biographique fut écrite par Charlotte Delbo dans son ouvrage Le Convoi du 24 janvier (Éditions de Minuit, 1965, 1978, 1995).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article160031, notice RENAULD Yvonne [RENAULD Germaine, Georgette, dite] par Jacques Girault, Jean-Claude Guillon, version mise en ligne le 21 juin 2014, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jacques Girault, Jean-Claude Guillon

Extrait de la la lettre de Germaine Renauld à Lucette Godard, 21 janvier 1943.

SOURCES : Arch. Nat., F17/ 27433, F60/ 1554. — APPO, rapport des Renseignements Généraux, 8 mars 1942. — Lettre de Germaine Renauld à Lucette Godard communiquée par Yannick Bedin. — Biographie détaillée sur le site "Mémoire vive" concernant le "convoi des 31000" (dernière version du 27 septembre 2022). — Notes d’Alain Dalançon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable