RENÉVOT Yves, Michel, Jean

Par Gérard Boëldieu

Né le 19 février 1931 à Morlaix (Finistère), mort le 13 février 2018 au Mans (Sarthe) ; instituteur puis professeur de collège dans la Sarthe de 1955 à 1991 ; militant communiste ; militant associatif.

Renévot en 2010.
Renévot en 2010.

Yves Renévot était l’avant-dernier enfant de Joseph Renévot et de Marie-Anne Ruelland, qui eurent six garçons et deux filles. Son père, né en 1888 dans un hameau non loin de Douarnenez (Finistère), s’engagea jeune dans la Marine nationale où il apprit à lire et à écrire, ainsi que le métier de mécanicien. Claudiquant après être tombé accidentellement de son bateau, il ne fut pas mobilisé pendant la Grande Guerre, mais versé dans les Ponts et Chaussées. Il devint mécanicien-chauffeur conducteur d’un cylindre à vapeur dans le Finistère-Nord. Plus ou moins croyant, pratiquant occasionnel, de convictions républicaines et laïques, plutôt anticommuniste, il admirait l’armée, en reconnaissance pour tout ce que la marine lui avait apporté. Sa mère, née à Glomel (Côtes-du-Nord) en 1895 dans une famille de sabotiers, fut dans sa jeunesse placée à Paris comme cuisinière dans des maisons bourgeoises, entre autres dans la famille Joliot. Elle parla souvent à ses enfants du jeune Frédéric Frédéric Joliot-Curie. Son opinion sur les communistes était plus nuancée que celle de son mari. Elle encouragea ses enfants à poursuivre des études.

Élève boursier, Yves Renévot accomplit ses études secondaires au collège de Morlaix puis au lycée de Rennes (Ille-et-Vilaine). De cette période scolaire, en 1945, dans la ferme où il avait trouvé du travail pendant les grandes vacances — être nourri était le principal — datait sa première rencontre avec un communiste : un ouvrier agricole d’une vingtaine d’années, qui, sorti de la Résistance dans les Monts d’Arrée, lui parla de sa vie clandestine et de la politique de son parti. Au lycée de Rennes, Renévot fut sensible aux arguments en faveur de la décolonisation et de l’indépendance de leur pays exprimés en marge des cours d’histoire et de philosophie par les élèves africains et indochinois. Une fois titulaire du baccalauréat “sciences expérimentales”, en 1951, Renévot entama des études supérieures de mathématiques, physique et chimie à la Faculté des Sciences de Rennes, tout en étant pion, d’abord à Pont-de-Buy (Finistère), ensuite à Redon (Ille-et-Vilaine). Très vite, estimant s’être fourvoyé dans cette voie, il y renonça. En 1953, il partit faire son service militaire. Au cours des 18 mois qu’il passa au Maroc dans une base de la Marine nationale, et alors que la guerre d’Algérie débutait, il connut une véritable crise morale en constatant la misère quotidienne d’une large fraction de la population. Libéré en novembre 1955, il demanda à entrer en quatrième année (année de formation) à l’École normale d’instituteurs de Casablanca. Ne recevant aucune réponse, il suivit le conseil d’un camarade d’armée originaire du Mans qui lui proposa de postuler pour devenir instituteur remplaçant dans la Sarthe, département déficitaire en enseignants du premier degré.

Instituteur remplaçant à l’école de garçons de Moulins-le-Carbonnel en 1955-1956, puis à l’école à classe unique du Tronchet, où il obtint son certificat d’aptitude professionnelle, en 1956-1957, Renévot passa au cours complémentaire de Fresnay-sur-Sarthe en 1957-1958 pour enseigner l’anglais, langue dont il avait repris l’étude à l’armée, en classes de sixième et de cinquième. Peu après, il passa avec succès l’examen pour devenir professeur d’enseignement général des collèges. En décembre 1958, à La Ferté-Bernard, où ses parents habitaient, il épousa Josette Cousseau, née en 1935 dans les Deux-Sèvres, fille d’un électricien à la SNCF. Elle enseignait les mathématiques au cours complémentaire de Connerré (canton de Montfort-le-Rotrou). Le couple, qui eut quatre enfants, exerça au collège de Connerré jusqu’en 1968, ensuite au Mans, au collège de Jean-de-l’Épine, elle jusqu’à sa retraite, lui pendant deux ans, avant de rejoindre, dans la commune voisine de Coulaines, le collège Jean-Cocteau, tout en continuant de résider au Mans. Tous les deux militèrent dans la tendance “Unité et Action” du Syndicat national des instituteurs, puis du SNI-PEGC, sans toutefois y exercer de fonction importante.

Pendant son séjour à Fresnay-sur-Sarthe, et en pleine guerre d’Algérie, en novembre 1957, Renévot, qui était alors en rapport avec nombre de ses collègues communistes, adhéra au Parti communiste français.

À Connerré, il accéda très vite au secrétariat de la cellule communiste locale. Contre la guerre d’Algérie, il se fit propagandiste des initiatives du Mouvement de la Paix. Entre 1960 et 1963 ou 1964, au sein de la fédération sarthoise du PCF, il participa à une école de section puis à une école fédérale. En 1962, à l’issue de la conférence fédérale des 26 et 27 mai il fut chargé, comme délégué du comité fédéral, sous le contrôle de Germaine Guesnay, d’aider les cellules de Connerré et de Pont-de-Gennes. Candidat à l’élection municipale de 1965 à Connerré, puis à l’élection cantonale de septembre 1967 dans son canton de Montfort-le-Rotrou, il ne fut pas élu. À celle de 1967, il recueillit au premier tour 1 283 voix (28,1 % des suffrages exprimés, 2e position), au second où la participation fut plus forte 1 480 (27,8 % des exprimés). La multiplicité des candidatures, quatre à chaque tour, fit que le sortant, Michel Beaufils ne l’emporta qu’à la majorité relative (36,8 % des exprimés au second tour).

Au Mans, secrétaire de la cellule de son quartier, Renévot fut, durant les années 1970, secrétaire de la section du Mans-Centre ville. Dans le même temps il siégea à partir de 1968 au comité fédéral et, brièvement, à partir de 1971, au bureau fédéral. Aux côtés de Jeannine Rouxin*, il s’occupa particulièrement de la rédaction et de la diffusion de Sarthe-Nouvelle, l’hebdomadaire de la fédération sarthoise du PCF. Vers 1973-1974, en compagnie de Michel Bazin, de Gérard Lemercier et d’ Yvon Luby, il participa à une école centrale du PCF animée par Charles Fiterman. Candidat à l’élection législative de mars 1973 dans la première circonscription de la Sarthe, Le Mans-Sillé-le-Guillaume, favorable à la droite, après avoir, au premier tour, recueilli 5 393 voix (12,1 % des suffrages exprimés, 4e position) Renévot appela à voter pour le candidat socialiste, Jean-Claude Boulard, arrivé avant lui. Finalement, ce dernier fut devancé par Gérard Chasseguet (UDR). Après la victoire de la liste d’union de la gauche conduite par le communiste Robert Jarry à l’élection municipale du Mans de 1977, Renévot entra, désigné par la nouvelle municipalité, au conseil de la Communauté urbaine du Mans. Il y resta un mandat durant. À l’élection cantonale de mars 1982, dans le canton Le Mans-Nord ville, détenu par la droite, après avoir rassemblé 617 voix (7,7 % des exprimés, 4eme position) il appela à voter pour le candidat socialiste, qui échoua face à Jean-Marie Gevaux (RPR). À l’élection municipale de 1989, au Mans, son nom figura en 38e position sur la liste présentée par le PCF, opposée à celle conduite par Robert Jarry, maire sortant, exclu de ce parti. Elle n’eut qu’un seul élu, Daniel Boulay.

Grand distributeur de tracts du PCF, grand défenseur de la presse communiste, Yves Renévot fut aussi un actif militant associatif. Membre de la Fédération des conseils de parents d’élèves, il fut, au Mans, de ceux qui, avant 1977, bataillèrent fermement contre la municipalité de centre-droit afin d’obtenir la construction en dur de l’école maternelle Germain-Pilon, au lieu et place des baraquements en bois qui l’hébergeaient. En tant que responsable local et régional de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves de conservatoires, de 1985 à 1990 Renévot se préoccupa de l’organisation de séjours musicaux à l’abbaye de Saint-Maur et dans le Sud-Ouest. Lors de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, avec Pierre Combe, il fut une des chevilles ouvrières de l’association locale “Vive la Révolution” qui réédita, présentés par Christine Peyrard, les mémoires du conventionnel Levasseur de la Sarthe. Renévot fit partie du comité sarthois “Pont Coëffort-Chateaubriant” qui chaque année, en octobre, après avoir honoré la mémoire d’Auguste Delaune, le fondateur de la Fédération sportive et gymnique du travail, et de Jean Fresnel, deux résistants communistes victimes d’un guet-apens tendu par des policiers d’Angers au pont Coëffort, au Mans, le 27 juillet 1943, se rend à Chateaubriant pour participer à la cérémonie annuelle en hommage aux fusillés d’octobre 1941. À partir de 1980, Renévot siégea au conseil d’administration de la Maison des jeunes et de la culture Jacques-Prévert, au Mans, particulièrement concerné par ce qui a trait au cinéma. Il adhéra aux « Amis et Amies de la Commune de Paris 1871 ». Membre de l’Association générale des intervenants retraités, à plusieurs reprises il devint l’adjoint des professeurs de français du lycée de Gyula, en Hongrie. Son épouse, qui adhéra au PCF, s’engagea comme bénévole au Secours populaire.

Yves Renévot donna son corps à la médecine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article160036, notice RENÉVOT Yves, Michel, Jean par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 21 juin 2014, dernière modification le 25 février 2018.

Par Gérard Boëldieu

Renévot en 2010.
Renévot en 2010.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Bulletin de l’Enseignement primaire de la Sarthe. — Presse quotidienne locale (pour les élections). — Sarthe-Nouvelle, hebdomadaire de la fédération sarthoise du PCF, de 1958 à 1990. — Entretien avec l’intéressé le 13 janvier 2014. – Notes de Jacques Girault.

Iconographie : Renévot en 1973

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