BÉAL Pierre, Jacques

Par Madeleine Singer

Né le 10 avril 1913 à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais), mort le 2 janvier 1996 à Calais (Pas-de-Calais) ; certifié en allemand ; membre du comité national du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) de 1951 à 1955, adhérent PSU (1965-1968).

Pierre Béal était le second des trois fils de Georges Béal, artisan imprimeur, qui avait des activités paroissiales. Il fit ses études secondaires à Béthune et passa le baccalauréat en 1933. Il obtint la licence d’allemand en 1939 à la Faculté des lettres de Lille, après avoir été un an assistant en Autriche (1937-1938). Étant réformé, il enseigna aussitôt à Béthune et dans divers autres postes. Nommé en 1945 au collège de Calais, il y fut titularisé en 1948 et épousa en décembre Anne-Marie Jeannequin, également professeur d’allemand, qui cessa alors d’enseigner car ils eurent six enfants. Il prit sa retraite en 1973 dans son établissement devenu CES.

Quand il était maître d’internat en 1938-1939, il avait rencontré dans un groupe de JEC. Daniel Quénu* qui lui avait présenté le SGEN. Il n’avait pas donné suite et prit contact avec la section M.I. du SNES., mais, dit-il, « la phraséologie bêtement antifasciste de l’époque le dégoûtait » ; bien qu’ayant séjourné en Allemagne et en Autriche, il fut foncièrement antinazi. À Calais, « dans l’euphorie unitaire de la Libération », ajoutait-il, « j’adhérais au SNES que je quittais en 1947 à cause de son inféodation à la CGT et de sa conception trop étroite de la laïcité ». À cette époque, il recevait régulièrement Témoignage chrétien ainsi que L’anneau d’or. Membre depuis 1945 de la Paroisse universitaire, il s’engagea alors dans la CFTC : « Si le deuxième C de la Confédération demandait à être rajeuni, il y avait une valeur chez les militants et une expérience de la part de ceux qui avaient vécu 36 dont nous devions profiter et qu’il était bon de faire passer chez les enseignants ». Il milita aussitôt, siégeant de 1947 à 1951 à la Caisse de Sécurité sociale de Calais, au titre de la CFTC. Membre du bureau de l’Union locale CFTC depuis 1951, il y demeura jusqu’à la retraite, tout en participant pendant deux ans (1952-1954) au bureau de l’Union départementale CFTC. Il rejoignit en 1973 le bureau des retraités de l’Union locale CFTC et ne le quitta qu’en 1989 : sa santé était alors sérieusement ébranlée par la mort de sa femme qu’il perdit cette année-là.

À l’Union locale, il participait à des réunions de formation au cours desquelles il s’efforçait de faire comprendre « la nécessité d’un désengagement politique vis-à-vis du MRP » ainsi que « la nécessité de prendre des positions civiques devant les problèmes de décolonisation de l’Algérie », autrement dit « ne plus reconduire au nom de l’apolitisme la passivité complice qui fut celle du SGEN comme de la CFTC devant la guerre d’Indochine ». Son rôle au sein de la CFTC-CFDT ne l’empêchait pas toutefois de consacrer au SGEN une part importante de son activité. En 1949 il accepta de remplacer le Secrétaire académique André Gounon* devenu rédacteur d’École et Éducation. Mais l’éloignement de Lille lui rendant la tâche trop difficile, il demanda au bout de deux ans à être remplacé. Toutefois, vu l’absence de candidats, il garda sa fonction jusqu’en 1955, en la partageant avec A. Gounon qui s’occupait des questions demandant intervention à Lille. C’est en cette qualité de secrétaire académique qu’il siégea au comité national de 1951 à 1955.

À peine libéré de cette fonction, Pierre Béal se chargea en 1955 de la trésorerie. Or ce n’était pas une sinécure dans une académie qui comptait cinq départements. Quand il quitta ce poste en 1977, c’est-à-dire bien après la retraite, l’académie s’était réduite à deux départements, mais les 893 adhérents qu’il avait au départ dépassaient les 4 000, car outre la croissance continue de la section académique, celle-ci s’était étoffée avec l’arrivée en 1962 des membres du Syndicat national des CET qui s’étaient intégrés dans le SGEN ; de plus depuis 1972 les adhérents du Supérieur cotisaient à l’échelon académique et non plus directement à Paris. Or, depuis 1952, Pierre Béal était en outre l’élu SGEN à la commission administrative paritaire académique des certifiés et le demeura jusqu’en 1965, ayant donc à suivre de nombreux dossiers. Après avoir rempli toutes ces tâches sans la moindre décharge de service, il assura encore à partir de 1977 la collecte des cotisations des retraités de l’académie et ne passa la main qu’en 1989 pour la raison déjà indiquée.

Le syndicalisme ne l’isolait pas des autres activités sociales. Il adhéra au PSU de 1965 à 1968, sans y prendre de responsabilité vu ses obligations syndicales. Par ailleurs, délégué de la Fédération des parents d’élèves de l’école publique (PEEP), il siégea de 1975 à 1983 au conseil de l’établissement, jusqu’à l’obtention du baccalauréat par le plus jeune de ses enfants.

Son portrait le plus fidèle se trouve sans doute dans sa réponse à un questionnaire que je lui avais envoyé lorsque je cherchais à rassembler les éléments de ma thèse. Rappelant les positions qu’il défendait au sein de l’Union locale-CFTC, il soulignait son effort pour travailler au rapprochement des catégories dans la technique et dans les annexes de Premier cycle devenues CES. Il avait approuvé en 1958 « le refus de l’homme-miracle lors des élections qui ont suivi » et il concluait qu’après 1968, « vu la fin des querelles à propos de la laïcité et la volonté du SGEN de coller aux aspirations trop mal exprimées par le mouvement de Mai », l’adhésion au SGEN était maintenant « un choix politique qui ne pouvait s’accommoder que de deux options : PS ou PSU ». Méthodique, rigoureux, efficace, il était un homme simple, discret qui, pour ne pas déranger, avait souhaité que ses funérailles se déroulent dans la plus stricte intimité familiale : le SGEN n’apprit son décès que par la presse, après la cérémonie. Militant exemplaire, il était une de ces chevilles ouvrières auxquelles le Syndicat devait son essor. Il était chevalier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16005, notice BÉAL Pierre, Jacques par Madeleine Singer, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 mars 2015.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Bulletin académique de Lille (1949-1955). École et « Éducation (1951-1955). — Lettres de P. Béal à M. Singer, 22 mai 1979, 24 novembre 1981, 29 mai 1995. — Lettre de Brigitte Béal à M. Singer, 11 novembre 1996. — Notice nécrologique dans Action syndicale 59-62, 21 février 1996. — Circulaire de R. Duquesnoy aux retraités de l’académie, 11 janvier 1996 (A.P.).

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