DIALLO Saïfoulaye

Par Céline Pauthier

Né à Diari (Labé) en 1923 et mort en 1981 à Conakry (Guinée) ; Comptable des trésoreries ; homme politique guinéen, militant du Rassemblement Démocratique Africain et des Groupes d’Etudes Communistes (GEC) au Niger (1946-1947), en Guinée (1947-1949 ; 1955-1981), en Haute-Volta (1949-1952). Maire de Mamou (1956) ; Député de la Guinée française (1956-1958) ; député et président de l’assemblée territoriale puis nationale de Guinée (1957-1963) ; Ministre dans divers domaines (1963-1981) : Membre du Bureau Politique National du Parti Démocratique de Guinée, section guinéenne du RDA.

Né dans le cercle de Labé en 1923, Saïfoulaye Diallo poursuit des études à l’école primaire supérieure Camille Guy de Conakry puis à l’école normale William Ponty. Il en sort en 1942 avec un diplôme de comptabilité des services financiers. Affecté à Niamey comme comptable des trésoreries, il s’engage en politique au Niger. Désireux d’adhérer au Parti communiste français, il est invité par Raymond Barbé à rejoindre le parti progressiste nigérien, section locale du RDA, dont il devient le secrétaire général. Il est aussi membre dès leur création des GEC du Niger, dont les statuts sont déposés en janvier 1947. Ses activités politiques lui valent une inculpation au Niger en mai 1947 et plusieurs mutations sanctions. Affecté en Guinée par décision N°388 / P du 2 septembre 1947, il s’engage dès lors au RDA de Guinée. Réputé très intelligent, il aurait, d’après la biographie louangeuse de Sidiki Kobélé Keïta, rompu délibérément avec l’aristocratie peul dont il était issu, en refusant le poste de chef de canton qui lui fut offert à cette époque, en remplacement de son père. De 1948 à 1952, il est un membre actif du RDA et des GEC en Guinée, puis en Haute-Volta où il est muté de 1949 à 1955. Atteint d’une affection pulmonaire en 1952, il rentre dans son pays puis est affecté au terme de sa convalescence à l’agence spéciale de Mamou (1955). A son retour, son premier acte aurait été de « libérer » les matioubé (captifs) de son père.

A Mamou, il joue un rôle important dans l’organisation du parti et la lutte contre la chefferie. Avec Koniba Pléah, Fatou Aribot et Bella Doumouya, il monte dans cette ville ferroviaire et cosmopolite une section pilote pour prendre pied au Fouta Djalon. Son dynamisme lui vaut d’être désigné second sur la liste de candidats aux élections de janvier 1956. Loué de manière unanime pour son intelligence, il est un personnage discret, mais aussi mystérieux : il est ainsi surnommé le « sphinx ».

Pendant la campagne de fin 1955 en vue des élections législatives du 2 janvier 1956, il se prononce en faveur d’une orientation fédérale et du collège unique. Elu député à l’assemblée nationale avec Sékou Touré, il est membre de la commission de la marine marchande et des pêches, puis des affaires économiques. Il est aussi membre suppléant de la commission des finances. Il prend part à la discussion du projet de loi-cadre en se prononçant à nouveau pour la suppression du double collège et en se félicitant des évolutions de l’Union française amorcées par le gouvernement français. Déjà maire de Mamou suite aux élections municipales de novembre 1956, il est élu député de Labé à l’assemblée territoriale en mars 1957. Il devient alors le président de l’assemblée territoriale et s’affirme comme la deuxième personnalité du pays derrière Sékou Touré.

Président de l’assemblée nationale jusqu’en 1963, Saïfoulaye Diallo est aussi membre du Bureau politique national du PDG. Il entre au gouvernement où il exerce successivement les fonctions de ministre d’Etat de la Justice et du contrôle financier et administratif (1963-1964), des finances et du plan (1964-1969) puis ministre d’Etat chargé des affaires extérieures (1969), ministre à la présidence de la République (1972) puis ministre du domaine social (1973), de la santé publique (1979) et enfin ministre chargé des relations avec la permanence nationale et l’assemblée nationale (1981). Il assure à deux reprises l’intérim de la présidence en l’absence de Sékou Touré en 1964. En 1974, il est également président du comité d’Etat de coopération avec les pays de la Ligue arabe.

A plusieurs reprises, Diallo Saïfoulaye eut la possibilité d’affirmer sa position face à Sékou Touré. Mais ni lors de la « déviation » de la section PDG de Mamou (1957), représentant l’aile radicale du parti, ni lors du Congrès de Foulaya (1962) où certains militants mirent en cause le cumul des mandats et tentèrent de le faire désigner secrétaire général du parti à la place de Sékou Touré, il ne saisit la perche que lui tendaient les militants de l’aile gauche du Parti. Il semble toutefois qu’il y a ait eu plusieurs phases de tension entre les deux hommes, qui renvoient à une concurrence de charisme. Saïfoulaye Diallo fut ainsi écarté du Bureau Politique et du gouvernement à la fin des années 1960, tout en restant au comité central. Il réintègre le gouvernement en 1972 et le Bureau Politique National en 1978. Lors du « complot » de 1976, il participe à la campagne contre le « racisme peul », qui conduisit à l’arrestation et à l’exécution de Boubacar Telli Diallo.

A sa mort, le 25 septembre 1981, un deuil national de trois jours fut décrété : son corps, exposé le 27 septembre au Palais du Peuple, fut inhumé au mausolée de Camayenne (Conakry).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article160092, notice DIALLO Saïfoulaye par Céline Pauthier, version mise en ligne le 27 juin 2014, dernière modification le 24 juillet 2014.

Par Céline Pauthier

SOURCES : Suret-Canale, Jean, Les Groupes d’Etudes Communistes (GEC) en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 1994 ; Keïta Sidiki Kobélé, Saïfoulaye Diallo (1923-1981), un homme de conviction et de foi, Conakry, Editions S.K.K., 2003 ; Kaké, Ibrahima Baba, Sékou Touré, le héros et le tyran, Paris, Jeune Afrique Livres, 1987 ; Dictionnaire des parlementaires français, Paris, La Documentation Française, tome 3, 1994, p. 352.

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