BEAUDOUT Albert, Pierre, Jean

Par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel

Né le 10 juin 1925 à Versailles (Seine-et-Oise), mort le 2 août 2008 à Trappes (Yvelines) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI puis SNI-PEGC, secrétaire de la section de Seine-et-Oise, puis des Yvelines (1957-1959, 1960-1981) ; militant communiste, conseiller municipal de Versailles, adjoint au maire de Saint-Cyr-l’École.

Son père, militaire de carrière (sous-officier en 1918 puis lieutenant dans un régiment de cavalerie), devenu gardien au château de Versailles, se retira en Haute-Vienne en 1965 dans la maison familiale où, sympathisant communiste, il présida une amicale laïque et un comité de défense contre le remembrement. Albert Beaudout reçut les premiers sacrements catholiques. Admis au centre de formation professionnelle des instituteurs (ancienne école normale) du lycée Hoche à Versailles en 1941, il obtint le baccalauréat (philosophie). À sa sortie en 1944, détaché dans les bureaux de l’inspection académique, il devint instituteur à Versailles en 1947, à l’école de garçons de la rue Saint Médéric. Il y resta jusqu’à son détachement en 1960 en raison de ses responsabilités syndicales.

Il se maria en juillet 1959 à Houilles (Seine-et-Oise) avec l’institutrice Colette Rouyer, fille d’un ajusteur et d’une crémière, sœur de Jacques Rouyer syndicaliste et communiste, secrétaire adjointe d’une cellule du Parti communiste français en 1959.

Albert Beaudout avait participé à des écoles fédérales organisées par la FEN-CGT (septembre 1948 et Pâques 1952 à Gif-sur-Yvette). Premier correspondant pour la Seine-et-Oise de la revue communiste L’École et la Nation à partir de 1951, en 1952, il participa à Viroflay (Seine-et-Oise) aux cours de l’école centrale du Parti destinée aux instituteurs. Secrétaire de la commission fédérale de la jeunesse de la FEN-CGT depuis 1948, membre du bureau de la FEN-CGT depuis 1949, il la représentait au comité directeur de l’Union française des Auberges de jeunesse jusqu’en 1954. En outre il dirigeait des camps et des caravanes de Tourisme et travail tout en siégeant au conseil général de cette organisation. En 1954, selon les instructions du Parti, il abandonna ces responsabilités pour militer seulement au Syndicat national des instituteurs.

Albert Baudout avait fait partie de la commission des jeunes de la section départementale du SNI en 1945-1946. Depuis 1946, il assurait le secrétariat de la sous-section syndicale de Versailles. Depuis 1948, il était membre de son conseil syndical, puis de son bureau tout en participant au conseil syndical de la section de la Fédération de l’Éducation nationale et au cartel départemental des fonctionnaires. Délégué au congrès national du SNI, le 19 juillet 1950, il critiquait l’action de la direction du SNI en direction des jeunes. Au congrès national de Pau, son intervention, le 17 juillet 1953, condamnait les actions répressives dans les ENI. En 1957, dans la section du SNI, il était le secrétaire de la commission des constructions scolaires, puis à partir de 1959, le secrétaire de la commission d’action laïque.

Il fut un des animateurs de l’opposition contre les orientations de la majorité “autonome“ de la section à partir de 1956. Il fit partie des militants, qui se déclarant « hors tendance », qui l’emportèrent après avoir lutté contre le maintien des zones de salaires dans le département. Membre du secrétariat de la section départementale du SNI à partir de 1957, il en devint le secrétaire général le 17 novembre 1960. Il conserva cette responsabilité dans la nouvelle section des Yvelines de 1966, jusqu’à sa retraite en 1981. En rapport avec ces responsabilités, il était administrateur de la caisse des écoles depuis 1952, membre du bureau de l’union des sections des parents d’élèves de Versailles en 1957, membre de la commission administrative du conseil départemental des parents d’élèves en 1957, membre de la commission administrative de la section départementale de la FEN et un des dirigeants du Comité départemental d’action laïque. Ce dernier, en liaison avec les syndicats de la Fédération de l’Éducation nationale, fut à l’origine de la grève scolaire du 16 novembre 1963 associant enseignants et parents d’élèves.

Dans de nombreux congrès nationaux, il développa les analyses de la tendance lors des séances consacrées au rapport moral. Ainsi le 4 juillet 1961, la majorité « au lieu de condamner ce plan de mainmise des monopoles capitalistes sur toute l’économie du pays estimait qu’il faut démêler le bon grain de l’ivraie », mais le 8 juillet 1963, il souhaitait l’unité du syndicat pour s’opposer à l’objectif du gouvernement de « mettre les instituteurs sous la coupe des préfets. ». S’opposant à la réforme de l’enseignement, le 12 juillet 1965, il estimait que « le SNI joue un rôle dans les progrès de l’union. Le 12 juillet 1967, il pensait que le SNI ne pouvait admettre que, sur la question de la direction d’école, « le gouvernement donne des apaisements aux responsables du SNI mais il transmet aux administrateurs des instructions qui contredisent ses promesses. » Il avait la confiance de ses camarades qui le désignèrent, à partir d’avril 1962, pour la commission nationale des conflits.

Beaudout fut candidat en décembre 1963 au bureau national du SNI, en 14 ème place sur la liste « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort », mais ne fut pas élu, comme en décembre 1965 où il était dixième sur la liste. En décembre 1967, bien que figurant en 7e place sur la liste « Pour l’unité, l’action, l’efficacité du SNI », il fut parmi les six élus de la tendance et devint membre des commissions corporative, administrative et des finances. Il en resta membre jusqu’en 1974.

Il apparut très vite comme un porte-parole de la future tendance “Unité et Action“. Ainsi lors de la création des sections départementales du SNI de la région parisienne, se posa la question de la répartition par tendances, notamment la fixation des délégués à la commission administrative de la Fédération de l’Éducation nationale. En janvier-février 1968 dans L’École libératrice, une controverse l’opposa à Robert Dernelle qui amena une mise au point de la direction du SNI qui regretta « encore une fois la continuation d’une controverse qui n’est profitable à personne ». Albert Beaudout faisait partie du collectif national en 1973 qui signa des « Propositions soumises à la discussion. Pour une orientation et une direction unitaires et actives » (janvier 1973).

Sur le plan politique, Beaudout, membre du Parti communiste français depuis octobre 1948, membre du comité (1951) puis du bureau (1952) de la section de Versailles, en devint le secrétaire en 1956. Il fit pas partie du Conseil régional de la paix à Versailles en 1952. Membre du comité fédéral de Seine-et-Oise du Parti communiste depuis 1953, il ne fut pas réélu lors de la conférence fédérale de 1954 car il préférait militer localement et avait peu participé aux réunions fédérales. Le rapport du secrétaire fédéral indiquait qu’il était « un de nos meilleurs militants parmi les enseignants » mais n’avait été présent « aux journées des enseignants ». Ce jugement en confirmait d’autres qui notaient son travail considérable au SNI « du point de vue de l’unité. Il est celui de tous nos camarades qui a le plus d’influence dans ces milieux et il a fait au moment des événements de Hongrie un travail remarquable ». Proposé en mars 1958 par le secrétariat du PCF pour être le directeur adjoint du stage central pour les instituteurs communistes (25 août-6 septembre 1958), Beaudout refusa ; Gaston Plissonnier, lui ayant demandé de reconsidérer sa position, il lui répondit qu’il était en Haute-Vienne où « j’aide mon père pendant les vacances ». Il retrouva le comité fédéral en 1960 ; le secrétaire fédéral Michel Vandel expliquait alors à la commission des cadres : « a une très grande autorité chez les instituteurs, fait preuve d’une grande fermeté politique, est devenu le secrétaire général de la section du SNI. C’est la raison pour laquelle nous le proposons. Il avait déjà été membre du comité fédéral mais nous n’avions pu le dégager de sa section de Versailles en raison de ses responsabilités. » Passant successivement dans la fédération de Seine-et-Oise Sud en 1960, puis des Yvelines vers 1965, il ne fut pas réélu en 1965 en raison de ses multiples tâches. Il retrouva le comité fédéral des Yvelines en 1966, ne fut pas réélu en 1970 (en raison de ses responsabilités syndicales). Réélu en 1982, il cessa d’en faire partie en 1985. Vers 1983, il était l’administrateur de la revue du PCF consacrée aux questions de l’enseignement L’École et la Nation.

Devenu conseiller municipal de Versailles en mai 1953, candidat à nouveau en 1959, Albert Beaudout ne retrouva pas son siège comme les autres membres de la liste présentée par le PCF aussi bien en 1959 qu’en 1965. Lors des élections législatives de novembre 1958 et de 1962, il fut le suppléant du candidat communiste Robert Vizet dans la sixième circonscription (Versailles Sud-Palaiseau). Il avait siégé à la commission exécutive de l’association des élus républicains de Seine-et-Oise.

Albert Beaudout, en raison de ses responsabilités syndicales dans un département tenu comme un exemple de participation collective qui évitait le jeu des tendances, figurait parmi les enseignants les plus écoutés par la direction du PCF. Toujours correspondant de L’École et la Nation, il prenait part régulièrement aux réunions de travail sur les questions de l’enseignement après la décision prise par le secrétariat de créer une commission présidée par Roland Leroy, relayés ensuite par Pierre Juquin puis Guy Hermier, chargée du travail parmi les instituteurs et les enseignants. Il intervint dans un article de l’Humanité, au début de juin 1968 avec d’autres militants syndicalistes sur le mouvement de grèves.

Après sa retraite en 1981, Albert Beaudout, qui habitait depuis plusieurs années Saint-Cyr l’École, ville dirigée par une municipalité communiste, fut élu conseiller municipal et adjoint au maire en 1983, et le demeura jusqu’en 2001. Il était notamment chargé de la communication. Le conseil municipal lui attribua en 2002 le titre de maire adjoint honoraire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16021, notice BEAUDOUT Albert, Pierre, Jean par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 14 octobre 2021.

Par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel

SOURCES : Arch. Dép. Yvelines, 1 W 967, 1103, 1 128 ; 1104 W 2, 27, 56, 88, 104. — Arch. com. Versailles, 2640, 2661. — Arch. comité national du PCF. — L’Ecole libératrice. — Entretiens avec Nadia Ténine (5 avril 2002) et avec Jacques Girault.

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