LECORRE Philippe [Dictionnaire des anarchistes]

Son père, Joseph Le Corre, retraité, a navigué avant de devenir serveur dans la restauration au Havre, issue d’une famille de droite chrétienne. Sa mère, Gisèle Lesquer, décédée, était sans profession, née dans une famille d’origine ouvrière proche de la gauche communiste. Philippe Lecorre milita dès le lycée au sein du Groupe libertaire Jules Durand et fréquenta assidûment le local anarchiste de la rue Jules Tellier au Havre. Avec Anne-Yvonne, sa compagne, il aura et deux enfants.

Au milieu des années 1975, de nombreux conflits jalonnèrent la vie de la Fédération anarchiste sur le plan national notamment celui autour du Monde libertaire hebdomadaire. Après avoir été mensuel durant plusieurs décennies, il décidé au 31e Congrès de Besançon 1976 d’en faire un hebdomadaire. Mais c’est surtout autour de la notion de luttes des classes préférée à celle de « position d’esprit » que la tension fut forte. Evolution de l’organisation qui se traduisit par l’adoption d’une motion au 32e congrès extraordinaire de la Fédération anarchiste réuni à Boussy-Saint-Antoine les 11, 12 et 13 Novembre 1977 qui stipule que « la Fédération anarchiste reconnaît l’existence de classes sociales aux intérêts opposés ». Au congrès de Ris Orangis en 1978 les principes de base de la FA furent modifiés en ce sens. Suite au refus de cette notion et au départ de certains dont Jean-Pierre Jacquinot* et Maurice Laisant, le Numéro 1 du Libertaire, revue de synthèse anarchiste, paraissait en Mai 1978 sous l’égide des groupes Atelier du Soir, Germinal, Jules Durand, et des individuels de la Fédération anarchiste. La scission était consommée. Demeuré à la FA, Philippe Lecorre et Philippe Richard ont organisé le 37e Congrès de cette organisation du 29 au 31 mai 1982.

Puis Philippe Lecorre quitta l’organisation spécifique (FA) et mit sur pied un syndicat CNT Santé social avec une vingtaine de camarades : infirmiers, éducateurs… Le syndicat est enregistré au répertoire municipal au Havre sous le numéro 431, le 18 juin 1985. Devant l’impossibilité cénétiste d’impulser une Fédération nationale sur laquelle s’appuyer, le syndicat végète et périclite. En 1988, Philippe Lecorre adhéra au jeune syndicat MICT-CGT de l’hôpital où il exerçait comme infirmier psychiatrique avec d’autres camarades libertaires qui effectueront ou non le même choix d’organisation que lui. Début des années 1990, il devint Secrétaire général du syndicat puis quelques années après co-secrétaire de l’Union Santé Départementale 76. Membre de la C.E. de l’Union locale CGT du Havre, il a toujours affirmé son appartenance au courant anarcho-syndicaliste. Il exerça par ailleurs de nombreuses responsabilités syndicales à différents périodes de sa vie professionnelle : secrétaire CHSCT, élu CTE, représentant des personnels au Conseil d’administration groupe hospitalier du Havre, mandaté à la commission régionale santé mentale, mandaté à la CROSS (commission régionale d’organisation sanitaire et sociale) puis à la CRSA (commission régionale de la santé et autonomie). Il eut par ailleurs des activités dans le cadre de l’éducation populaire. Engagé très jeunes, il fut président du foyer socio-éducatif de son lycée, membre du comité local de la FSGT, président d’un CLEC de quartier (Centre de loisir et d’échanges culturels).

Une vive polémique l’opposa cependant à certains militants du Groupe Jules Durand qui lui reprochèrent de distribuer des tracts de la CGT-Hôpital appelant à voter Colliard (P.C.) aux élections municipales de 1995.

Il ré-adhéra toutefois au groupe libertaire Jules Durand, en cotisant mais sans y militer de 1997 à 2004 et reprit ainsi contact avec la Fédération anarchiste. Il défila dans les rangs de la CNT havraise aux côtés de quelques autres responsables syndicaux de la CGT lors de l’anti-G8 au Havre en Mai 2011.