Par Lila Chouly
L’Organisation Démocratique de la Jeunesse est née dans le contexte de la lutte contre l’impunité consécutive à la mort du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons le 13 décembre 1998. Elle a été suscitée par le constat que de larges composantes de la jeunesse qui prenaient part aux mobilisations contre l’impunité ne pouvaient se reconnaître dans les structures associatives et syndicales existantes. L’organisation réunit différentes composantes de la jeunesse dont les membres peuvent par ailleurs faire partie d’autres organisations : les chômeurs, les travailleurs de l’informel, la paysannerie, les orpailleurs, les artisans, les commerçants, les élèves et étudiants, etc. L’ODJ permet dans une volonté interclassiste de développer la solidarité entre jeunes de conditions sociales différentes en ne réunissant pas que les membres des classes intellectuelles et/ou urbaines. L’organisation se structure dans les quartiers, les yaars (petits marchés), les sites d’orpaillage, le monde paysan, etc. En juin 2013, l’ODJ disposait de 30 sections provinciales sur les 45 provinces que compte le pays, avec 40 sous-sections communales, plus de 120 comités de village et secteurs et une dizaine de cellules féminines, la dimension genre n’étant pas occultée.
Dans un contexte de longévité du pouvoir, et de manque de confiance criant envers les institutions, le développement de mobilisations populaires spontanées adoptant des modes d’action non conventionnels est un fait majeur du paysage sociopolitique burkinabè : l’ODJ en s’organisant au sein de diverses couches de la jeunesse, certaines dénuées de cadre, s’offre comme un outil afin de mobiliser de manière plus efficace (au-delà des « victoires » éventuelles immédiates) et d’apporter des améliorations sensibles à des problèmes, notamment locaux et très concrets (par l’élaboration d’une plateforme revendicative ; la structuration d’un comité ; etc.).
Le rôle de l’ODJ ne peut se comprendre que dans le cadre plus large des “organisations contre-hégémoniques ” dans le pays, à savoir : la centrale CGT-B (Confédération générale du travail du Burkina), créée en 1988, qui se réclame du syndicalisme révolutionnaire de lutte des classes ; le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) créé en 1989, l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) créée en 1960.
Les objectifs de l’organisation sont :
« 1) Promouvoir et défendre les libertés démocratiques de la jeunesse ;
2) Promouvoir, défendre et protéger les droits démocratiques et sociaux de la
jeunesse ;
3) Développer l’entraide et la solidarité entre les différentes couches de la
jeunesse ;
4) Organiser toute activité susceptible de contribuer à l’épanouissement des jeunes ;
5) Participer activement à la lutte du peuple burkinabé pour la justice, la liberté, la
démocratie et le progrès véritables ;
6) Développer la solidarité de lutte avec les jeunes du monde en particulier ceux
d’Afrique. »
Par Lila Chouly
SOURCES : Mutations, 30 novembre 2013, « Dr André Tibiri, président de l’ODJ : “Les masses savent que Blaise ne peut plus répondre à leur besoin” » Disponible sur : http://mutationsbf.net/index.php/interviews/185-dr-andre-tibiri-president-de-l-odj-les-masses-savent-que-blaise-ne-peut-plus-repondre-a-leurs-besoins [dernière consultation : 23 juin 2014] ; Entretien avec André Tibiri, président de l’ODJ, le 12 avril 2014 pour la Fondation Rosa Luxemburg (bureau de Dakar). ;Le combat des jeunes, Organe d’information trimestriel de l’ODJ, Impr. IPF, 2011