BECHDOLFF Jean-Paul

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 27 mai 1935 à Schiltigheim, Bas-Rhin ; ouvrier SNCF ; permanent CGT ; membre du bureau de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace-Lorraine ; permanent régional de la CGT ; membre de la CE nationale de la fédération CGT des cheminots ; communiste ; membre du bureau fédéral du Parti communiste du Bas-Rhin.

Jean-Paul Bechdolff naquit dans une famille de militants de Bischheim. Son père, Eugène Bechdolff, né le 25 octobre 1895 à Barr, Basse-Alsace, mort le 17 juillet 1983 à Strasbourg, Bas-Rhin, travaillait comme cheminot aux Ateliers de Bischheim. Il n’était pas francophone. Il était protestant d’origine. Syndiqué à la CGTU, il fut aussi membre fondateur du Parti communiste dans le Bas-Rhin. Sa mère, Louise Riegert, née le 13 mars 1905 à Barr, Bas-Rhin, morte le 20 mars 1987 à Strasbourg, était catholique d’origine, non pratiquante. Elle avait les mêmes opinions politiques que son mari. Leur fils unique fut baptisé catholique mais fit ensuite un baptème républicain, ou une « communion laïque » avec d’autres enfants de militants communistes libres-penseurs de Bischheim.
En 1939, la famille fut évacuée à Tours, les cheminots étant repliés sur Saint-Pierre-des-Corps. Le voyage, en wagons à bestiaux, fut particulièrement long et éprouvant. Il dura plusieurs jours.
En août 1940 la famille rentra en Alsace annexée de fait. Le père retrouva un emploi aux Ateliers devenus allemands. Il fit partie du réseau qui distribuait les tracts clandestins du Parti communiste et récoltait de l’argent pour les familles touchées par la déportation, et, dans l’atelier, sabota les boîtiers des machines avec du sable. Il échappa toutefois à l’arrestation.
Jean-Paul Bechdolff alla pendant quatre ans à l’école allemande, puis pendant quatre ans à l’école française de la République, à Bischheim. Il n’apprit le français qu’à l’âge de dix ans. Après l’obtention du certificat d’études, il passa un concours et entra aux Ateliers de Bischheim pour un apprentissage d’ajusteur.
Comme cela se concevait dans les familles militantes, son engagement fut aussi bien syndical que politique et sportif. Il se syndiqua à la CGT dès la deuxième année d’apprentissage, à dix-sept ans, en 1952. Il adhéra à l’UJRF la même année. Joueur de basket, il appartenait aussi à la Société sportive ouvrière de Schiltigheim, affiliée à la FSGT, dont Louis Mercklé était président.
Sa première grève fut celle de 1953, qui dura trois semaines, contre le projet Laniel de modification des statuts.
Il adhéra au PCF en 1956 et milita à la cellule des Ateliers de Bischheim. Il fit une école d’un mois à Gif-sur-Yvette. Le militantisme des cheminots se traduisait souvent par un engagement personnel total, qui provoquait une certaine impatience chez les jeunes. Jean-Paul Bechdolff comptait parmi les activistes. Formant un monde à part, les cheminots proposèrent de fonder une section de cheminots, regroupant les Ateliers de Bischheim, ceux de Strasbourg et le centre d’Hausbergen, mais cette initiative fut combattue par le comité fédéral. Les tensions dès lors furent fréquentes.
En 1965, Jean-Paul Bechdolff devint membre du bureau de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace et de Lorraine, et fut parallèlement élu au bureau fédéral du PCF jusqu’à la conférence de mars 1968 (deux mandats).
En 1968, il devint secrétaire du syndicat de Bischheim et assuma cette fonction jusqu’en 1976, date à laquelle il devint permanent régional CGT à l’organisation, jusqu’en mars 1981.
Durant la même période il fut membre de la Commission exécutive de la fédération nationale CGT des cheminots.
Jean-Paul Bechdolff avait annoncé dès sa prise de fonction syndicale qu’il n’acceptait qu’un mandat limité dans le temps. Il retourna donc à la vie active en mars 1981, à l’équipement de Hausbergen, jusqu’à sa retraite en 1990.
À cette date il n’avait plus sa carte du Parti communiste, déçu par ce qu’il avait vu dans les pays de l’Est à l’occasion de voyages, et par le discours dépourvu d’esprit critique de la direction nationale.
Il consacra sa retraite à la Mutuelle familiale des cheminots de Strasbourg et région.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16067, notice BECHDOLFF Jean-Paul par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Entretien du 10 avril 2001. — L’Humanité 7 jours, 7 juin 1975 et 24 octobre 1975.

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