BECHT Françoise, Marie, Madeleine, épouse SIMOUNET

Par Marie-Thérèse Cheroutre

Née le 20 avril 1924 à Colmar (Haut-Rhin), morte le 21 mars 2019 à Paris (IIe arr.) ; permanente des Guides de France en Algérie ; instructrice engagée dans les activités théâtrales et la coopération avec le scoutisme musulman.

Le père de Françoise Becht était d’origine alsacienne et sa mère d’origine lorraine. Ils avaient quatre enfants. Du fait de la profession de son père, magistrat, elle vécut son enfance et sa jeunesse dans plusieurs villes en métropole et en Algérie, dont Batna en 1935 puis Bône en 1943, ce qui allait déterminer son orientation de vie. Après des études secondaires, elle passa l’année 1945 à Dijon, en relation avec Simone Piguet, l’une des responsables de l’équipe d’art dramatique des Guides de France. Elle fit un stage à Paris avec le mime Marceau et découvrit une forme d’art et d’expression qu’elle ne cessa d’approfondir par un exigeant travail d’amateur qui eut, à certaines périodes, un statut professionnel.

De retour en Algérie, de 1946 à 1962, elle mena une action totalement engagée dans l’Éducation populaire et l’action culturelle. En 1946, à Bône, elle eut la responsabilité des Guides de France dans le Constantinois puis, en 1952, pour l’ensemble de l’Algérie. Elle prit alors conscience de la situation algérienne. Avec son équipe régionale, elle orienta les activités vers la découverte du pays, de son artisanat, de sa géographie, de sa culture, favorisant la rencontre des deux communautés, la connaissance de l’Islam et de la situation des églises chrétiennes en terre d’Islam. Plusieurs rassemblements incluant des Guides venues de métropole concrétisèrent cette orientation, notamment à Béni-Abbés où se retrouvèrent, à Pâques 1954 dans le sud saharien, 150 responsables de la métropole et 250 d’Algérie, quelques mois avant le déclenchement de la guerre. Les relations avec le Scoutisme musulman algérien (SMA) se déployèrent dans le cadre de réunions régulières avec l’ensemble des associations françaises de scoutisme présentes en Algérie. À la demande des SMA, Françoise Becht et son équipe ont organisé la formation du guidisme algérien et coopéré à l’élaboration de textes de références (promesse, loi), avec un effort pédagogique particulier sur les techniques d’expression.

Françoise Becht créa l’équipe des « Capucines » qui renouvela les veillées, spectacles et jeux scéniques dans les rassemblements et manifestations de jeunes. La fabrication des marionnettes, des masques, des décors, le travail d’expression corporelle, sonore et musicale en firent des lieux de créativité et de rencontre. Ces initiatives s’ouvrirent au public en intégrant de jeunes musulmans. Cet engagement prit ses racines dans le mouvement des Guides de France et fut fortement soutenu par un groupe de parents, appuyant l’insertion du mouvement en Algérie et prenant en charge financièrement une partie de ses dépenses, y compris en 1952, le passage de Françoise Becht de « bénévole » à « permanente ».

En 1957, elle fut réclamée par le Service des mouvements de jeunesse et d’Education populaire d’Alger. Son travail s’inscrivit dans les activités théâtrales comme instructrice, avec Henri Cordreaux, pour l’animation des stages et la formation des instituteurs. Elle fit partie d’une équipe itinérante de cinq personnes et fut associée au projet de mise en place d’un centre dramatique algérien pour permettre de regrouper tous les jeunes talents, comédiens, metteurs en scène, écrivains recrutés dans les stages d’Éducation populaire. Le projet des Centres sociaux crées par Charles Aguesse, directeur de l’ Éducation populaire en Algérie, se réalisa parallèlement avec la participation d’éducateurs et d’assistantes sociales.

Françoise Becht fut associée un temps au comité de Consciences maghrébines, revue créée par André Mandouze, alors professeur de lettres à l’université d’Alger. La situation, de plus en plus tendue au fur et à mesure de l’action de la résistance algérienne et du rôle confié à l’armée française, conduisit à des choix de plus en plus radicaux qui amenèrent certains membres de l’équipe à quitter l’action éducative pour s’engager plus directement dans des actions politiques. L’équipe régionale des Guides de France, sous la responsabilité d’Armande Fernandez-Blasselle, à qui Françoise avait passé la main en 1957 tout en restant très proche du mouvement, maintint le cap et la relation avec le scoutisme musulman jusqu’à l’indépendance et au-delà.

Le 1er mars 1962, Françoise Becht épousa Roland Simounet, celui que ses œuvres firent appeler « l’architecte de la lumière ». Ce fut pour tous les deux le retour en France dans des conditions difficiles et la naissance de trois enfants. Françoise Becht ne cessa jamais ses recherches et son travail d’expression, mais dans des rythmes discontinus selon ses obligations familiales. Sa création, toujours commandée par la recherche de vérité et de liberté de la personne humaine, s’orienta alors plutôt vers le sacré et la recherche liturgique dans des lieux communautaires : la Sainte-Baume, le couvent Le Corbusier à la Tourette, des paroisses de Paris notamment Saint-Germain-des-Prés ou la paroisse des pères maristes de la rue de Vaugirard, avec différents participants (étudiants, enfants, parents, etc.).

Dans un itinéraire que les difficultés n’ont pas épargné, ses choix et ses relations sont restés très profondément marqués par son engagement en Algérie et les réseaux de relations qu’elle a constitués là-bas.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16071, notice BECHT Françoise, Marie, Madeleine, épouse SIMOUNET par Marie-Thérèse Cheroutre, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 28 avril 2022.

Par Marie-Thérèse Cheroutre

SOURCES : Notes de Marie-Thérèse Cheroutre.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable