BECK André, Marcel

Par René Lemarquis, Jean-Claude Magrinelli, Claude Pennetier

Né le 25 mars 1907 à Chaligny (Meurthe-et-Moselle), mort dans des circonstances non précisées vers le 18 février 1944, sans doute victime d’un règlement de compte ; ouvrier dans les mines de sel de Lorraine et chaudronnier ; militant communiste et syndicaliste ; membre de la CA de l’UD-CGT de Meurthe-et-Moselle ; résistant.

André Beck était le fils aîné d’un ouvrier métallurgiste de Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle) devenu mineur, tué accidentellement, et d’une femme de ménage qui avaient eu onze enfants. Son père était syndiqué à la CGTU et sympathisant communiste, sa mère catholique pratiquante admirait le Front populaire. Après l’école primaire, fréquentée jusqu’à l’âge de 13 ans, il commença à travailler comme apprenti chaudronnier aux établissements Perbal à Dombasle-sur-Meurthe puis trois ans plus tard dans une entreprise de montage à Metz, avant de revenir à Dombasle pour travailler dans une mine de sel. Licencié à la suite d’une grève, il fut réembauché en 1925 à l’usine Perbal. Il fit son service militaire comme sapeur de 2e classe après avoir refusé de suivre le peloton des élèves caporaux car il « suivait alors la ligne politique du Parti » quoique non adhérent. Il épousa en 1929 Marcelle Léonard, fille d’un petit cultivateur ; ils avaient cinq enfants en 1939. La famille résida d’abord à Mangonville puis, à partir du 31 août 1938, au n° 37, grand-rue à Blainville. Marcel travaille à l’entreprise Perbal à Dombasle comme chaudronnier et son épouse comme femme de chambre dans un hôtel de Damelevières.

Sympathisant communiste depuis plusieurs années, André Beck adhéra au Parti communiste en mars 1936 au rayon de Bayon où il militait avec Auguste Garnier. Il forma la cellule de cette localité dont il fut secrétaire. Il s’engagea dans la campagne des législatives et recruta une vingtaine d’adhérents. En août 1938 il vint habiter à Blainville-sur-l’Eau, y fut secrétaire adjoint de la cellule locale qu’il réorganisa. Il fut délégué aux Conférences régionales de Tomblaine (1936) et Neuves-Maisons (1937) ainsi qu’à la Conférence nationale de Gennevilliers en janvier 1939. Il prenait la parole, avant Garnier, dans les manifestations. Il n’avait, début 1939, suivi aucune école du parti mais il lisait les textes fondamentaux du marxisme ainsi que l’Humanité et écrivait des articles syndicaux dans l’organe régional La Voix de l’Est.
André Beck participa à la grève de 1936 comme membre du Comité central de grève des établissements Perbal et fut élu délégué du personnel (par 176 voix sur 180 votants). Secrétaire du syndicat des métaux de Perbal, il occupait le poste de secrétaire de l’union locale de Blainville. En novembre 1937, il fut élu membre de la CA de l’UD-CGT de Meurthe-et-Moselle. Il était par ailleurs membre du bureau du Secours populaire, président de l’Union populaire italienne et membre des Amis de l’Union soviétique. Il présidait enfin le comité local de Front populaire de Blainville.

Licencié après la grève du 30 novembre 1938, André Beck vivait en janvier 1939 sur ses économies et de la solidarité ouvrière. La commission des cadres le proposait à ce moment au comité régional du Parti communiste.

En janvier 1939, il fut délégué au congrès de Genevilliers du parti communiste. En mai 1940, il fut interné administrativement au camp du Sablou en Dordogne. Il s’en évada en septembre, parvint à revenir dans la région, et fut caché successivement à Blainville, Charmes, Saint-Dié et Nancy jusqu’en août 1941. Camille Thouvenin, membre du triangle de direction de juin 1940 à juillet 1941 affirme que Marcel Beck
militait clandestinement en Meurthe-et-Moselle et qu’en cas de chute de la direction régionale clandestine, un autre triangle était prévu pour la remplacer composé d’un responsable par département, Marcel étant «  désigné comme responsable des Vosges. »

Le 15 mai 1941, le tribunal correctionnel de Saint-Dié le condamna par défaut à payer une amende de 7 007 francs 50 ou à quatre mois de prison pour infraction au décret loi du 26 septembre 1939, car depuis janvier 1941, il était passé dans la clandestinité à Nancy puis à Paris sous l’identité de Jean Lever. Dans l’organisation, il a pris successivement le pseudo de Vernier, Louis, Bernard. En janvier 1942, il fut affecté comme responsable politique régional permanent du parti communiste pour l’Aisne sous le pseudo de Charles. Il logeait à Soissons où il prit contact avec la famille Richier. Il semble ensuite avoir été versé dans la branche militaire du 1er août au 28 septembre 1942, il organisa quatre sabotages d’écluses. La police le désigna comme auteur des attentats commis sur les écluses de Tergnier, Loeuilly-sous-Coucy ; Azzy-sur-Marne et Fontenoy et des incendies de récoltes dans la région de Soissons. Elle le désigna aussi comme l’instigateur de l’attentat commis sur la voie ferrée Paris-Bruxelles à Essigny-le-Petit. Elle lui imputa enfin le vol de tickets de rationnement et de cachets à la mairie d’Azzy.

André Beck fut arrêté par la police française à la suite d’une distribution de tracts effectuée à vélo sur la route de Soissons à Villers-Cotterets. En octobre 1942, la police allemande de Saint-Quentin fait connaître au préfet régional à Nancy qu’elle l’avait arrêté « sous le chef d’activité terroriste ». Le 8 février 1943, une circulaire de recherche est établie par le SRPJ de Nancy, le qualifiant de « terroriste dangereux évadé de Compiègne ». Le 12 février 1943, par message téléphonique, la police allemande confirme son ordre de « rechercher Beck, terroriste dangereux, évadé de Compiègne ». Le 13 février, son épouse est arrêtée ainsi que sa maman résidant à Dombasle, cette dernière sera emprisonnée au fort de Romainville. Il fut repris à Tergnier, pour la troisième fois.

Les circonstances de sa mort sont imprécises. Elle est enregistrée le 18 février 1944, sans indication de cause. « Responsable militaire inter B5 (...) s’évade en février 1943 de Compiègne, est exécuté par la suite comme traître » par le service de sécurité des FTP, témoigne Charles Désirat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16074, notice BECK André, Marcel par René Lemarquis, Jean-Claude Magrinelli, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 12 mars 2020.

Par René Lemarquis, Jean-Claude Magrinelli, Claude Pennetier

SOURCES : Le Réveil ouvrier, 6 évrier, 3 novembre 1937 et 22 octobre 1938. — La Voix de l’Est, 4 février 1939. — RGASPI : 495.270.5553 : Autobiographie du 10 janvier 1939 (classé A).
Sources de Jean-Claude Magrinelli : Kagan Étienne et Bonnet Serge’ : Les militants ouvriers de Meurthe-et-Moselle... , op. cit., page 7. — Réveil ouvrier, 6 février 1937, 3 novembre 1937 et 22 octobre 1938, La Voix de l’Est du 4 février 1939 : AD 54 : 1739 W 7 : Dossier n° 127 du SRPJ de Nancy : Rapport du commissaire de police spéciale Chevalier, chef de la XXIe brigade régionale de police de sûreté de Saint-Quentin daté du 2 décembre 1942 :AD 54 : 1739 W 7 : Rapport du commissaire de police spéciale. Thouvenin Camille, La résistance... , op. cit., p. 2.

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