PIERI Pierre, Joseph, Angelo

Par Pierre Bonnaud

Né le 15 octobre 1903 à Santa Maria Monte, près de Pise, en Italie, mort le 11 octobre 1975 à Orange (Vaucluse), inhumé à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) le 13 octobre ; ouvrier d’usine puis cafetier ; militant socialiste SFIO puis gaulliste de gauche ; résistant, déporté à Mauthausen ; maire (de 1947 à 1971) et conseiller général ( de 1956 à 1964) de Bourg-Saint-Andéol.

Troisième des six enfants d’un journalier italien, qui travailla aux champs puis en usine, Pierre Pieri naquit en 1903, l’année où sa famille émigra en France. Son père, Paul Pieri, se fixa à Graveson (Bouches-du-Rhône) puis à Pierrelatte (Drôme) enfin à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche). Sa mère, Eufrasie Paesoni exerça la profession de nourrice. Pierre Pieri effectua sa scolarité dans une école privée de Bourg-Saint-Andéol, l’école Saint-Joseph, jusqu’au Certificat d’études primaires, qu’il obtint. Il entra dans la vie active au début des années vingt, fut embauché successivement dans une scierie puis à l’usine de carrelage Allauzen, enfin dans une entreprise de broderie de Bourg-Saint-Andéol où il rencontra une ouvrière fileuse, Denise Archange Marie Masse, née le 20 juillet 1904 à Villers-Outreaux (Nord), qu’il épousa le 4 décembre 1926.

En 1927, Pierre Pieri devint gérant d’un premier café, boulevard Rimbaud à Bourg-Saint-Andéol. Dans la même ville, en 1930, il exerça la gérance d’un deuxième établissement situé au Champ de Mars. Au début des années trente, il s’installa, toujours comme cafetier, à Pierrelatte puis à Crest dans la Drôme. Il revint à Bourg-Saint-Andéol où il ouvrit « Le Café Moderne » au centre de la petite ville. Devenu veuf, il avait épousé en deuxièmes noces le 15 février 1938 Hélène Philomène Brun, née le 9 novembre 1905 à Pierrelatte, employée de maison. Le couple eut quatre enfants : Pierre Alexandre (né le 22 février 1939 à Montélimar), Annie Françoise Euphrasie (née le 30 juin 1940 à Bourg-Saint-Andéol), Mireille Suzanne Pierrette Josette (née le 4 mars 1944 à Montélimar), Elisabeth Annie, Adrienne Michèle (née le 24 juillet 1947 à Bourg-Saint-Andéol).

Naturalisé en 1931, Pierre Pieri adhéra au Parti socialiste SFIO en 1932 et participa activement à la vie politique locale dans les années de Front populaire. Son café était un lieu de réunion pour les militants socialistes (voir les biographies de Daniel Aimé et Pierre Fournier). En septembre 1939, Pieri fut mobilisé. (Son parcours militaire avait été mouvementé : de nationalité italienne, il avait été ajourné en 1925 et avait effectué par la suite son service militaire sur la base du volontariat au 192e régiment d’infanterie de Valence). Au moment de la défaite française, il échappa à la captivité et fut démobilisé le 18 juillet 1940.

Le 13 octobre 1940 se tint dans son café une réunion, à l’initiative d’un ingénieur TPE de Privas, René Calloud, qui exposa les idées anti-allemandes du général Cochet, toujours membre à cette date de l’État-major de Vichy. Ce fut le point de départ en Ardèche d’un « réseau » dans lequel se retrouvèrent de nombreux militants SFIO qui adhérèrent ensuite au mouvement Libération –Sud puis aux MUR. En 1942, contacté par Maurice Cuvillon, Pierre Pieri, (sous les pseudonymes de Graphiste puis de Pavot) devint le responsable départemental de Libération-Sud (région Soie). Son café servait de relais pour la réception et la répartition de la presse clandestine du mouvement. Le journal Libération imprimé clandestinement à Montélimar, était notamment diffusé par Albertine Maurin, belle-sœur de Joseph Pieri, frère aîné de Pierre. (Albertine Maurin fut arrêtée, torturée, fusillée par les Allemands le 21 avril 1944 à Sanilhac, Ardèche).

Pierre Pieri entretenait des liens étroits avec Édouard Froment et le groupe du CAS.
Le 13 octobre 1943, à la suite d’une dénonciation, il fut arrêté à son domicile par la Gestapo. Emprisonné à Montluc jusqu’au 13 mars 1944, puis à Compiègne jusqu’au 5 avril 1944, il fut ensuite déporté en Allemagne dans les camps de Mauthausen, Melk, Ebensee. Il survécut mais ne pesait plus que 35 kg à son retour le 28 mai 1945 et dut faire un séjour de 6 mois à l’hôpital Édouard Herriot à Lyon. En août 1944, un siège lui fut réservé au CDL de l’Ardèche pour représenter les internés et déportés.

De retour à Bourg, il fut désigné candidat SFIO et FURF (Front uni de la Renaissance française) aux cantonales de 1945. Battu de peu au deuxième tour par le radical Julien Roman (il recueillit 1899 voix, son adversaire 2047), il emporta les municipales à Bourg-Saint-Andéol en octobre 1947 et devint maire.

Il participa aux congrès départementaux de la fédération SFIO, fut présenté sans succès tête de liste aux élections du Conseil de la République en novembre 1946. En 1951, lors de la crise au sein de la fédération SFIO (liée aux apparentements au moment des Législatives), il défendit Froment contre Fournier et fut exclu par la commission des conflits. Désormais maire divers gauche, il se tourna vers le mouvement gaulliste : en novembre 1958, il fut candidat de l’UNR aux législatives dans la 1re circonscription de Privas. Il arriva en quatrième position au premier tour (6 740 voix) comme au deuxième (4882 voix). La circonscription comptait 57 930 inscrits et élit Chareyre, candidat de l’URA avec 12 729 suffrages.

Pierre Pieri devint conseiller général de Bourg en 1956. Il le demeura jusqu’en 1964. Son dernier mandat de maire s’acheva en 1971.Titulaire des cartes du combattant volontaire de la résistance et du déporté résistant, il était membre de l’Union nationale des associations de déportés internés et familles de disparus. Décoré de la croix de guerre avec palmes, il reçut du préfet de l’Ardèche les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 1952.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161063, notice PIERI Pierre, Joseph, Angelo par Pierre Bonnaud , version mise en ligne le 6 août 2014, dernière modification le 23 septembre 2014.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. Dép. Ardèche, 72 W 108, 95W 153. — Arch. Dép. Rhône (archives régionales) 668W36. — Brochure du Conseil général de l’Ardèche, décembre 1992. – Le Dauphiné Libéré, 1945-1971. — CD-Rom AERI coord. R. Galataud, La Résistance en Ardèche, 2004 (notice Pierre Pieri par Michel Chova). — Louis-Frédéric Ducros,Montagnes ardéchoises dans la guerre, t.I, II, III, Valence, 1981. — Laurent Douzou, La désobéissance, Histoire du mouvement Libération –Sud, Édit. Odile Jacob, 1995. – Renseignements recueillis auprès de Mireille Pieri, fille de Pierre Pieri.

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