GREIF Léon dit Jacques

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 16 août 1905 à Sambor (Pologne, Ukraine) ; médecin ; sympathisant communiste ; résistant docteur de la direction et des chefs de détachements des FTP-MOI ; déporté à Auschwitz (Pologne).

Léon Greif
Léon Greif

Fils de Moritz et de Marie, née Kotsman, Léon Greif arriva en France le 11 septembre 1921. Il suivit à partir de 1925 des études à la faculté de médecine de Paris, obtint son diplôme le 9 juillet 1936. Il demanda et obtint en 1937 la naturalisation française. Il était en 1937 chef de service à l’hôpital Curie. Il ouvrit son cabinet de consultation au 68 Boulevard Saint-Marcel à Paris, (XIIIe arr.). Mobilisé, envoyé au front sur sa demande, fait prisonnier, il était libéré suite à l’intervention de la direction de l’hôpital. Rentré à Paris en octobre 1940, il refusa de se déclarer comme Juif.

Sans engagement politique, Léon Greif avait néanmoins le cœur à gauche, ne supportant pas l’antisémitisme dans le milieu médical, il tenta de prendre des contacts avec la Résistance, en vain. Il était réveillé un matin du début de l’année 1942. Un jeune Juif d’origine polonaise qu’il connaissait de vue, sonna à sa porte. Communiste, arrêté il avait simulé une crise d’appendicite, opéré à l’hôpital Rothschild, il s’évada trois jours plus tard. Léon Greif l’accueillit, le cacha, entra ainsi avec la Résistance communiste juive en la personne de Natan Dyskin. Il accepta de diffuser la propagande de la sous-section juive du parti communiste. « La déportation, c’est la mort ! », ces mots sur un tract furent un électrochoc, il demanda à Dyskin d’être plus actif.

Le contact avec la direction des FTP-MOI était établi, Léon Greif fut chargé de soigner les membres de la direction et les chefs des détachements. Le service sanitaire était dirigé par Aron Bacicurinski dit François, cinq autres docteurs en faisaient partie : Marie Esvan, Andoral Falus, Lazlos Farkas, Wilhelm Glücklich et Peter Mura. Dans la matinée du 2 décembre 1942, il rentrait de l’hôpital, une voisine l’interpella « Vous êtes recherché, la maison est cernée ». Quarante-huit heures plus tard, Karel Stefka tombait dans la souricière tendue à son domicile, il donna la planque de « Emmanuel » (Olaso).

Deux inspecteurs de la BS2 perquisitionnèrent le cabinet de consultation et l’appartement. Dans le salon d’attente des clients une porte intrigua les policiers, elle communiquait avec un appartement mitoyen inoccupé. De nombreux tracts et documents furent saisis : la lettre du 30 août 1942 de Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban dans laquelle il élevait « une protestation indignée de la conscience chrétienne contre le traitement infligé en France aux Juifs », « L’URSS dans la guerre de libération », plusieurs exemplaires de L’Université libre, « Les tâches des détachements de combat dans l’armée populaire », « Protestation des autorités catholiques », « Atrocités nazies », « Union des israélites de France, succursale de la Gestapo », « Récit des traitements infligés aux familles juives », « Traitements eux enfants juifs », des numéros de J’accuse, La vie du Parti, « Carrières médicales en URSS », Le Médecin français, etc.

Dans un tiroir une carte d’alimentation du docteur Greif était libellé « Graiffe Léon, médecin, né le 16 août 1905 à Alès (Gard) ». L’enquête des policiers établissait que les produits pharmaceutiques étaient apportés par une jeune femme juive nommée Eskenasy.

Le docteur Léon Greif échappa plus d’une année aux recherches des policiers. Il fut interpellé en janvier 1944, déporté dans le convoi n° 67 de mille deux cent quatorze déportés au départ de Drancy à destination d’Auschwitz (Pologne). Quand l’armée soviétique délivra le camp le 27 janvier 1945, il était parmi les vingt-six survivants dont douze femmes qui survécu aux épreuves. Il témoigna dans l’ouvrage Le sang de l’étranger de Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161227, notice GREIF Léon dit Jacques par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 7 juillet 2014, dernière modification le 5 juin 2017.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Léon Greif
Léon Greif

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 20, PCF carton 14 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989. – Boris Holban, Testament. Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle…, Calmann-Lévy, 1989. – Site internet CDJC.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 179.

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