BER Théodore

Par Christophe Galinon

Né le 7 mars 1820 à Figeac (Lot), mort le 21 novembre 1900 à Lima (Pérou) ; tailleur ; lié au journal communiste L’Humanitaire, émigré au Chili et au Pérou ; participant à la Commune de Paris, retourné au Pérou ; enseignant, archéologue.

Fils de Gaspard Ber, artisan tailleur, et de Pétronille Delpech, Théodore Ber naquit à Figeac (Lot) en 1820. Installé à Paris en 1839, comme tailleur, il s’engagea très tôt dans la politique. Il participa en 1841 au journal communiste L’Humanitaire nouvellement fondé, puis fut arrêté pour « cris séditieux, délit politique » avant d’être incarcéré à la prison de La Force. En 1844 il devint gérant puis membre du comité de rédaction du journal La Fraternité. Lors de la révolution de février 1848, il fut présent sur les barricades dans le quartier du Bourdonnais. Un temps secrétaire de Galtier-Boissières nommé commissaire du gouvernement en Aveyron, il rejoignit Paris après l’échec de ce dernier aux élections.

En 1860, après une succession d’échecs personnels et professionnels, il émigra à Valparaiso (Chili) où il ouvrit un commerce de nouveautés, puis se fixa au Pérou en 1863. Devenu professeur de français dans plusieurs collèges de Lima, sa ferveur républicaine le ramena à France durant l’« année terrible ». Il publia un pamphlet, Le Complot découvert, qui aurait été tiré à 40 000 exemplaires et mettait en scène Guillaume Ier, Bismarck et Napoléon III. Ayant été initié dans une loge péruvienne, il fut autorisé à participer aux réunions maçonniques qui précédèrent la manifestation du 29 avril en faveur de la Commune. Le 26 avril 1871, lors de la tenue maçonnique au théâtre du Châtelet, il fut le premier à prendre la parole en faveur des Parisiens insurgés. Appelant à l’action comme en 1789, il salua la Commune au nom de la République universelle et appela les FF... à se rallier au drapeau rouge, s’écriant pour finir : « Paris doit bien avoir le droit qu’ont les Indiens de se présenter à la barre des États américains pour affirmer le droit d’être libre. » Il fut fortement applaudi et une batterie fut tirée en son honneur. Son nom ne figure toutefois pas parmi les signataires de l’appel maçonnique du 5 mai aux « Frères de France et du Monde entier ». Ayant sollicité Charles Delescluze, délégué à la Guerre, il devint un temps son secrétaire. Lors de la Semaine sanglante, il réussit à se réfugier chez le FF... Pascal Duprat, avant de reprendre le chemin de l’exil.

En 1872 il regagna Lima. Depuis cette ville, il adressa au comité de secours pour les familles des détenus politiques (formé à la suite d’une initiative maçonnique) la somme de 617 F qu’il avait collectée. Il créa un cercle français destiné à l’enseignement des masses ouvrières, mais la rumeur autour de son passé communard le contraignit à la démission. Il fonda en 1874 le journal francophone, L’Étoile du Sud, destiné à relever à l’étranger l’image de la France défaite. Il s’adonna ensuite à l’archéologie et effectua diverses missions au cours desquelles il collecta des objets archéologiques et ethnographiques pour différents musées français. En 1876, il organisa une expédition archéologique sur le site de Tiahuanaco (Bolivie). Présent à Paris lors de l’Exposition universelle de 1878, il retrouva le Pérou à la veille du conflit armé qui l’opposa au Chili. Il décida de s’installer dans la colonie de Chanchamayo située sur le piémont amazonien des Andes, où il demeura jusqu’en 1886, devenant tour à tour maître d’école, receveur des postes, médecin et juge de paix. De retour à Paris en 1890, il participa au congrès International des américanistes. Il fut alors nommé officier d’Académie par le gouvernement français. Il finit ses jours à la Maison de Santé de Lima, où il s’éteignit le 21 novembre 1900.

Durant sa période sud-américaine, il tint un journal manuscrit en 13 volumes (1863-1896) complété d’imprimés qu’il souhaita léguer à sa ville natale dès 1893, à charge pour elle d’être son éditeur. Ce journal fut retrouvé dans les archives de Figeac entre 2001 et 2012. Un ouvrage publié en 2013 en reprend de larges extraits.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161416, notice BER Théodore par Christophe Galinon, version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 2 mars 2020.

Par Christophe Galinon

ICONOGRAPHIE : une photo de Théodore Ber figure sur la couverture du livre de Pascal Rivial et Christophe Galinon.

SOURCES : Archives municipales de Figeac, 1Z1 à 1Z19. — Archives du Grand Orient (Bibl. Nat.), cote 1632, vol. II, Manifestation du 29 avril 1871. — Pascal Riviale, Un siècle d’archéologie française au Pérou 1821-1914, Paris, l’Harmattan, 1996. — Pascal Riviale, Christophe Galinon, Une vie dans les Andes, Le Journal de Théodore Ber (1864-1896), Ginkgo, 2013. — Catalogue de l’exposition 40 ans dans les Andes : l’itinéraire oublié de Théodore Ber (1820-1900), collectif, édition Ville de Figeac, 2014. — Jean-Michel Paris, L’Humanitaire (1841) Naissance d’une presse anarchiste ?, L’Harmattan, 2014, 241 p. — André Combes, Commune de Paris (mars-mai 1871). La Franc-Maçonnerie déchirée, Paris, Dervy, 2014, p. 124, 152, 215. — Note de Michel Cordillot.

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