DESJARDIN Edmond, Hubert

Par Frédéric Stévenot

Né le 17 novembre 1922 à Busigny (Nord), fusillé le 8 avril 1944 à Saint-Quentin (Aisne) ; aide-fossoyeur ; résistant au sein des FTPF, détachement La Corse 22.

Fils d’Edmond Desjardin, maçon, et de Marie Gabrielle Boulogne, ménagère, Edmond Desjardin, célibataire, était domicilié à Busigny où il travaillait. D’après l’UNADIF-FNDIR, la famille Desjardin était « de souche étreilloise, où elle tenait un café jusqu’au milieu des années 1920 dans la rue de la Fausse porte (aujourd’hui rue Louis-Flamant), [et] s’est installée par la suite à Busigny ».

Edmond Desjardin était membre des FTPF depuis le 1er août 1943. Il avait fondé avec son frère le détachement « La Corse », que celui-ci commandait, et qui comprenait en majorité des agents SNCF. Il avait participé à l’incendie de sept wagons de paille dans la gare de Busigny, au sabotage de voies, et d’autres actions dans le nord de l’Aisne et environs, notamment à Busigny, Bohain, Hirson, Fresnoy-le-Grand, Caudry.
Il fut arrêté à Busigny avec son frère Lucien et d’autres résistants (Edmond Degond — qui fut déporté —, Adolphe Huge) par la Sipo-SD de Saint-Quentin le 4 février 1944, pour actes de franc-tireur et sabotages de voies ferrées. Le lendemain, Pierre Galiègue fut arrêté également : le groupe fut démantelé.

Emprisonné à Saint-Quentin, il fut traduit devant le tribunal militaire allemand FK 602 de la ville (au 23 rue d’Isle). Condamnés à mort le 7 avril, ses compagnons et lui furent fusillés le lendemain au champ de tir de La Sentinelle, route de Cambrai, par les autorités allemandes.
Vingt-sept résistants furent abattus le même jour, comme le rappelle la plaque commémorative posée sur le mur de l’ancien tribunal allemand. Après leur exécution une affiche fut apposée à Saint-Quentin : « Avis Important. Les 6 et 7 avril 1944, le tribunal Allemand compétent a condamné à mort une bande de terroristes pour avoir perpétré des attentats dans les départements de l’Aisne et du Nord, depuis l’été 1943 jusqu’au mois de février 1944. Ces terroristes ont non seulement commis des actes de sabotage sur les voies ferrées, les locomotives de chemin de fer et le canal de l’Aisne mais ont aussi attaqué à main armée les mairies et les fermes de la Région. Ce sont des armes et des explosifs lâchés par des avions anglo-américains qu’ils ont ramassés et qui leur ont servi à exécuter leurs attentats, par suite desquels nombre de personnes pour la plupart de nationalité française ont été tuées ou blessées. De plus, le secteur économique, c’est-à-dire notamment la population française du pays a essuyé des pertes déplorables. Les arrêts de mort précités ont été mis à exécution. Il y a lieu à cette occasion de rappeler encore une fois à la population civile les graves conséquences auxquelles s’expose quiconque participe à de pareils actes de terrorisme ou bien néglige d’avertir les autorités aussitôt qu’il a connaissance d’un attentat, soit effectué, soit projeté. Der Feldkommandant » (BVII). L’avis concernait non seulement les résistants arrêtés appartenant à différents groupes de la moitié nord du département et de Busigny (Nord), mais aussi la population de l’Aisne.

Le nom d’Edmond Desjardin figure à Saint-Quentin, sur le monument de La Sentinelle. Une rue de Busigny porte le nom des deux frères (mais pas le monument aux morts). Les photographies de onze résistants (dont Edmond et Lucien Desjardin), fusillés ou abattus sommairement en avril, août et septembre 1944, figurent dans la mairie d’Étreillers (Aisne).

Edmond Desjardin a reçu la mention « Mort pour la France ».

Il put écrire une dernière lettre :

« Chère mère, je viens par ces quelques mots te dire au revoir. Nous avons été prévenus tout à l’heure et nous avons communié et nous sommes confessés. Chère mère, ne te désole pas trop ! C’est que cela devrait arriver ! C’était la destinée et nous n’y pouvons rien. Prends bien soin de toi ! Vis ta vie, toi qui n’as jamais pensé à toi ! Et vis bien, car tu sais, il faut mourir le plus tard possible, tu le mérites ! Ta vie n’a jamais été que tendresse et je t’en remercie bien tendrement. Nous allons voir tout à l’heure notre père, Lucien et moi. Et nous t’y attendrons en te protégeant du mieux que nous pourrons. Et que ta vie soit douce et sans souci maintenant ! ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161462, notice DESJARDIN Edmond, Hubert par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 4 avril 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES : Arch. Dép. Aisne, J 1461/13. – DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Notes Jean-Pierre Besse. – Monument de La Sentinelle, et plaque commémorative au 23 rue d’Isle (Saint-Quentin). – Sites Internet : Mémorial GenWeb ; UNADIF-FNDIR ; Courrier picard du 9 avril 2016. — État civil.
ICONOGRAPHIE : http://www.genealogie-aisne.com/old_genealogie/newmam/fiche_soldat.php?id=50666

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