DESJARDIN Lucien, Edmond, Simon

Par Frédéric Stévenot

Né le 25 décembre 1920 à Busigny (Nord), fusillé le 8 avril 1944 à Saint-Quentin (Aisne) ; employé à la SNCF ou fossoyeur ; résistant au sein des FTPF, détachement La Corse 22, célibataire.

Fils d’Edmond Desjardin, maçon, et de Marie Gabrielle Boulogne, ménagère, Edmond Desjardin, célibataire, était domicilié à Busigny où il travaillait. D’après l’UNADIF-FNDIR, la famille Desjardin était « de souche étreilloise, où elle tenait un café jusqu’au milieu des années 1920 dans la rue de la Fausse porte (aujourd’hui rue Louis-Flamant), [et] s’est installée par la suite à Busigny ».

Lucien Desjardin était membre des FTPF depuis le 1er août 1943. Il avait fondé avec son frère le détachement « La Corse », qu’il commandait, et qui comprenait en majorité des agents SNCF. Il avait participé à l’incendie de sept wagons de paille dans la gare de Busigny, au sabotage de voies, et d’autres actions dans le nord de l’Aisne et environs, notamment à Busigny, Bohain, Hirson, Fresnoy-le-Grand, Caudry.
Le 4 février 1944, Lucien Desjardin, attendu par la Sipo-SD de Saint-Quentin, fut capturé chez sa mère en possession d’armes au retour d’un parachutage. Son frère Edmond et d’autres résistants (Edmond Degond — qui fut déporté —, Adolphe Huge) le furent aussi. Le lendemain, Pierre Galiègue fut arrêté également : le groupe était alors démantelé. Tous furent inculpés pour actes de franc-tireur et sabotages de voies ferrées.

Emprisonnés à Saint-Quentin, les quatre résistants furent traduits devant le tribunal militaire allemand FK 602 de la ville (au 23 rue d’Isle). Condamnés à mort le 7 avril, ils ont été fusillés le lendemain au champ de tir de La Sentinelle, route de Cambrai, par les autorités allemandes.
Vingt-sept résistants furent abattus le même jour, comme le rappelle la plaque commémorative posée sur le mur de l’ancien tribunal allemand.

Lucien Desjardin a reçu la mention « Mort pour la France ». Son nom figure à Saint-Quentin, sur le monument de La Sentinelle. Une rue de Busigny porte le nom des deux frères (mais pas le monument aux morts). Les photographies de onze résistants (dont Edmond et Lucien Desjardin), fusillés ou abattus sommairement en avril, août et septembre 1944, figurent dans la mairie d’Étreillers (Aisne).

« Chère mère, c’est donc la dernière fois que je t’écris. Tu peux voir par mon écriture que je ne tremble pas ! Je n’ai pas peur de la mort, car je suis chrétien et je saurai mourir en bon chrétien ! Dans deux heures, nous serons exécutés et je n’aurai pas eu le plaisir de te revoir et de t’embrasser. Mes dernières pensées seront pour toi, qui vas tant pleurer par notre faute ! Mais je veux que tu vives pour prier pour nous ! Avec l’argent qui se trouve dans mon porte-monnaie, tu feras dire une messe pour papa et pour nous. Je crois que Pâques, c’est dimanche. Donc, demain, nous allons arriver au ciel pour retrouver papa pour un beau jour de fête. Je crois que nous allons voir un aumônier allemand avant de partir. Sois forte et courageuse. Embrasse nos parents pour nous et Yvette et nos amis de Busigny. Si tu peux, fais revenir nos corps avec papa. Pense que si nous avions été soldats, nous serions peut-être morts depuis longtemps. Je suis content d’avoir un chapelet. Il va m’aider à mourir et il m’accompagnera dans la tombe. Je ne regrette pas trop la vie, mais seulement de te faire souffrir. Donc adieu maman et bons baisers ».

Lucien Desjardins fut homologué FFI et DIR (GR 16 P 179519)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161467, notice DESJARDIN Lucien, Edmond, Simon par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 4 avril 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES : Arch. Dép. Aisne, J 1461/13 ; 6 M 641/3. DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). SHD, dossiers adm. des résistants. — Notes Jean-Pierre Besse. – Monument de La Sentinelle, et plaque commémorative au 23 rue d’Isle (Saint-Quentin). – Sites Internet : Mémorial GenWeb ; UNADIF-FNDIR ; Courrier picard. — État civil.

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