Par Jacques Girault
Né le 8 mai 1934 à Hayange (Moselle) ; instituteur ; militant mutualiste ; maire socialiste de Niort (Deux-Sèvres) de 1986 à 2002.
Fils d’un ouvrier ajusteur-électricien à la compagnie minière, membre de la CGT, Bernard Bellec reçut les premiers sacrements catholiques et pratiqua le scoutisme. Il entra en 1950 à l’École normale d’instituteurs de Montigny-les-Metz (Moselle) où il obtint le baccalauréat "sciences expérimentales". Devenu instituteur en 1954, il adhéra au Syndicat national des instituteurs et représenta les jeunes au conseil syndical de la section départementale. Dans le même temps, il adhérait au Parti socialiste SFIO. Ayant suivi la préparation militaire supérieure, aspirant, il fut affecté à l’école militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) au printemps 1955. Envoyé en Algérie, officier de liaison de l’État-major de Constantine, il fut grièvement blessé près d’Ouenza, le 4 mai 1956.
Il se maria religieusement en juillet 1956 à Seremange-Erzange (Moselle) avec une institutrice. Le couple eut deux enfants. Bernard Bellec reprit son métier à Hayange en 1957 puis rejoignit en 1958 le centre de Beaumont-sur-Oise (Seine-et-Oise) pour obtenir le certificat d’aptitude à l’enseignement des enfants arriérés.
La Mutuelle d’assurances automobiles des instituteurs de France en 1959 recherchait un chef du service production. Son délégué "incendie" en Moselle en avertit le conseil syndical de Moselle et Bellec se porta candidat. Retenu, il rejoignit ce poste à Niort (Deux-Sèvres) en juillet 1959. En 1968, il devint secrétaire général de la MAIF, puis directeur général adjoint (1974) puis directeur délégué (1982-1990). Il développa l’assurance des associations et dirigea la création de MAIF Assistance, l’ouverture des délégations départementales, le transfert du siège social. Dans le même temps, il participa aux créations d’Inter Mutuelles Assistance dont il assura la présidence et de la Fondation MAIF qu’il dirigea à partir de 1989 jusqu’en 1991.
Bernard Bellec participait aussi à la vie associative locale. Président des comités des lycées Fontanes et Jean Macé de la Fédération des conseils de parents d’élèves, il lança le Carrefour des métiers en 1969. En liaison avec la municipalité dirigée par le socialiste René Gaillard, il agissait pour établir des relations entre l’enseignement et les milieux professionnels : création de l’Association pour la formation professionnelle et le développement de l’éducation permanente, de l’Association niortaise de développement des enseignements universitaires professionnels (ouverture d’une "capacité en droit", dépendant de l’Université de Poitiers), de l’Institut supérieur d’enseignements universitaires professionnalisées en 1974 (spécialisé dans la formation des rédacteurs d’assurances). Ces diverses initiatives constituèrent le point de départ d’un futur Institut universitaire de technologie et d’un établissement universitaire (IRIAF). Par la suite, il lança l’Association pour le développement économique du Niortais et l’Association niortaise pour les nouvelles technologies de la communication qui dota Niort du câble dès 1983.
Bernard Bellec, dès l’École normale, fut influencé par les idées de Pierre Mendès France. À Niort, membre du conseil de la fédération socialiste SFIO, à partir de 1959, il devint rédacteur en chef de l’hebdomadaire socialiste Le Travail. Délégué au congrès d’Épinay, partisan de la ligné préconisée par Alain Savary, il milita pour l’établissement d’un programme commun, conséquence d’un accord durable avec le Parti communiste. Membre du Parti socialiste, il créa et anima le cercle Jean Jaurès comptant une cinquantaine de militants qui permirent, au sein de la Fédération de la gauche démocratique et socialiste, de désigner René Gaillard pour conduire la liste aux élections municipales de Niort en 1971. Toutefois, il rencontra de nombreuses difficultés dans le Parti socialiste et fut traduit à deux reprises devant la commission nationale des conflits qui se terminèrent par des non lieux : après le congrès de Metz, pour son soutien à Michel Rocard, et en 1995 à la suite des élections municipales.
Bernard Bellec, conseiller municipal de Niort (1971-2001), responsable du groupe socialiste, devint quatrième adjoint au maire en 1974, chargé de l’urbanisme et de l’aménagement, responsable de l’informatisation des services municipaux et de l’installation du câble dans la ville. Il devint maire à la suite du décès du maire René Gaillard en décembre 1986, en raison des divisions internes des socialistes dont une partie optait pour le député André Clert. Il fut réélu maire à la tête d’une liste d’union de la gauche en 1989, en 1995 et en 2001. En 1995, les socialistes locaux se divisèrent entre la liste dissidente du maire sortant qui avait l’accord de la majorité de la section et celle du PS de la députée Ségolène Royal, adjointe au maire de Niort qui avait l’investiture nationale. Les mandats des adjoints communistes avaient été retirés et pourtant les communistes soutenaient la liste Bellec. Au premier tour, cette dernière obtint 32,3% des voix et celle conduite par Bellec en réunissait 31,8 %. Sa liste progressait de 1 400 voix et l’emporta au deuxième tour dans une triangulaire. La crise interne aux socialistes niortais se développa et rebondit à partir de 1994. Conséquence notable, Bellec fut candidat malheureux aux élections législatives en 1993 dans la première circonscription de Niort et le candidat de droite l’emporta. Toutefois, en 2001, la liste conduite par Bellec fut réélue avec 51 % des suffrages exprimés contre une liste de droite.
Pendant ses mandats de maire, il participa à la constitution de la communauté de 15 communes puis d’agglomération (30 communes) qu’il présida (avril 2001-octobre 2002) avant d’en être le président d’honneur. Il avait été, pendant ses mandats de maire, le vice-président de la Fédération des maires des villes moyennes, membre du comité des finances locales, du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, tout en étant un des fondateurs de l’association nationale pour le mandat unique. Membre du comité directeur de la Fédération des élus républicains et socialistes, il siégea au comité directeur de l’Association des maires de France.
Bernard Bellec démissionna de son mandat de maire en décembre 2002 après l’effritement de sa majorité municipale (défection des élus verts et de certains socialistes).
Depuis octobre 1996, Bernard Bellec présidait la Société mutuelle d’assurance des collectivités locales dont le siège était Niort. Il participait au développement, en son sein, d’une unité d’économie sociale, groupe coopératif et mutualiste répondant aux besoins de la vie territoriale. Il fut remplacé à la présidence en 2009 après le rejet de son projet de création d’une Société des groupes d’assurance mutuelle, contesté par les salariés attachés aux principes de l’économie sociale.
En 2006, Bernard Bellec n’appartenait plus au Parti socialiste, devenu selon lui, "un mouvement politique de supporters à l’américaine". En 2016, il créa l’Association Retraite heureuse à Niort, "association humanitaire d’entraide sociale" qu’il présidait toujours en 2019. Deux ans plus tard, il lança une société immobilière coopérative pour la promotion de logements à Niort. Il préfaça l’ouvrage de Claude Talbot, Appelé pour pacifier l’Algérie, Paris, éditions La Bruyère, 2016.
Par Jacques Girault
ICONOGRAPHIE : Rencontre avec les responsables de la vie associative en janvier 1987 : Bernard Bellec au micro ; à sa gauche Jean-Paul Fredon, Robert Léon, Gérard Gauduchon, Josiane Métayer.
SOURCES : Presse locale. — Divers sites Internet dont "niduab.com/article20755338.html" — Renseignements fournis par l’intéressé.— Notes de Maurice Rouzier.