SAUVEZ Lucien, Gilbert

Par Frédéric Stévenot

Né le 28 août 1917 à Besmont (Aisne), fusillé le 8 avril 1944 à Saint-Quentin (Aisne) par condamnation à mort ; garde-champêtre ; résistant OCM.

Célibataire domicilié à Coingt (Aisne), Lucien Sauvez était garde champêtre à Iviers.
Il fut approché par Wickenden, « l’homme à la verrue » alias « Jaspard », agent français de la Sipo-SD de Saint-Quentin (capturé et fusillé lors de la Libération), qui s’était fait passer pour le commandant Albert Maud-Rawson, officier de l’Intelligence Service, lequel pu entrer en relations avec Émile Fontaine, chef du groupe OCM d’Iviers-Brunehamel (et du secteur de Rumigny et Signy-l’Abbaye), et Henri Daret, de Brunehamel, apparemment chef du groupe OCM de Signy-l’Abbaye. Ce fait relève d’un plus vaste mouvement d’infiltration (avec la création d’un pseudo-réseau rattaché au SOE, monté par les services allemands) connu sous le nom d’ « affaire des contre-parachutages » (ou des « parachutistes alliés », ou de la « French Section »), qui a touché les Ardennes et l’Aisne, en particulier la région d’Hirson, entre l’été 1943 et juin 1944 (voir le site Internet Ardennes tiens ferme).

Lucien Sauvez fut arrêté dans sa commune le 8 ou le 9 mars 1944 (selon les sources), par la Sipo-SD de Saint-Quentin. Émile Fontaine et Henri Daret le furent le 30 mars. Le premier fut abattu au cours de transport. Henri Daret (né le 20 février 1898 à Parfondeval, Aisne), arrêté à Hannappes (Aisne), fut emprisonné à Charleville (Ardennes) puis Saint-Quentin, avant d’arriver à Compiègne. Il fut déporté le 15 juillet 1944 (convoi I 247, matricule 37 149) vers Neuengamme (camp de Bremen-Osterort, KL de Neuengamme) puis à Sandbostel, où il mourut le 30 avril 1945 avant son rapatriement.

Les motifs de l’arrestation de Lucien Sauvez tenaient à des actes de franc-tireur, des attentats et des sabotages de voies ferrées. Il était effectivement chef de groupe (groupement C) des FFI (formation Aubenton) depuis le mois de septembre 1943, il avait participé à des parachutages d’armes au Val-Saint-Pierre (entre Vigneux-Hocquet et Hary — Aisne) et hébergé des aviateurs alliés et des réfractaires. Il participa aux mois d’octobre et novembre 1943 à des sabotages de voies ferrées dans la région d’Hirson-Martigny-Leuze (Aisne). C’est lui qui, en outre, avait organisé le groupe de résistance de Coingt.

Emprisonné à Saint-Quentin, Lucien Sauvez fut traduit devant le tribunal militaire allemand FK 602 de la ville (au 23 rue d’Isle), qui prononça le 7 avril 1944 sa condamnation à mort. Il a été fusillé le lendemain au champ de tir de La Sentinelle, route de Cambrai, par les autorités allemandes. Son corps fut inhumé au cimetière Saint-Jean à Saint-Quentin, puis transféré à Coingt.

Vingt-sept résistants furent abattus le même jour, comme le rappelle la plaque commémorative posée sur le mur de l’ancien tribunal allemand. Après leur exécution, une affiche fut apposée à Saint-Quentin : « Avis Important. Les 6 et 7 avril 1944, le tribunal Allemand compétent a condamné à mort une bande terroriste pour avoir perpétré des attentats dans les départements de l’Aisne et du Nord, depuis l’été 1943 jusqu’au mois de février 1944. Ces terroristes ont non seulement commis des actes de sabotage sur les voies ferrées, les locomotives de chemin de fer et le canal de l’Aisne mais ont aussi attaqué à main armée les mairies et les fermes de la Région. Ce sont des armes et des explosifs lâchés par des avions anglo-américains qu’ils ont ramassés et qui leur ont servi à exécuter leurs attentats, par suite desquels nombre de personnes pour la plupart de nationalité française ont été tuées ou blessées. De plus, le secteur économique, c’est-à-dire notamment la population française du pays, a essuyé des pertes déplorables. Les arrêts de mort précités ont été mis à exécution. Il y a lieu à cette occasion de rappeler encore une fois à la population civile les graves conséquences auxquelles s’expose quiconque participe à de pareils actes de terrorisme ou bien néglige d’avertir les autorités aussitôt qu’il a connaissance d’un attentat, soit effectué, soit projeté. Der Feldkommandant ». L’avis concernait les résistants arrêtés appartenant à différents groupes de la moitié nord du département et à ceux de Busigny (Nord), mais aussi la population de l’Aisne.

Homologué comme interné résistant (GR 16 P 537702), la médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume (décret du 11 juill. 1958, JO du 16).

Le nom de Lucien Sauvez figure sur les monuments commémoratifs de Brunehamel et de La Sentinelle, les monuments aux morts d’Iviers et Coingt, ainsi que sur les plaques commémoratives de l’église d’Iviers et sur le mémorial de Berthaucourt (Ardennes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161528, notice SAUVEZ Lucien, Gilbert par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 16 avril 2021.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES : SHD, dossiers adm. résistants. Arch. Dép. Aisne, fonds Berthiault (J 1447, J 1461/13). DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). Liste des médaillés de la Résistance à titre posthume (ap. 1948). — Notes Jean-Pierre Besse. — Monument de La Sentinelle, et plaque commémorative au 23 rue d’Isle à Saint-Quentin. — Sites Internet : Fondation pour la mémoire de la Déportation ; Généalogie Aisne ; Ardennes tiens ferme ; CRDP de Reims.

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