CHEVALIER Pierre, Georges [pseudonyme dans la Résistance : Pierrot]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Alain Prigent, Serge Tilly

Né le 11 décembre 1922 à Guyancourt (Seine-et-Oise, Yvelines), fusillé après condamnation à mort le 30 juin 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; employé de presse ; membre de l’Armée secrète (AS).

Pierre Chevalier était le fils de Georges Antoine Chevalier, et d’Odette Jeanne Eugénie Chaminade, épouse divorcée. Célibataire, il était domicilié à Pen-Castel en Arzon (Mornhan).

Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), après avoir quitté Pantin où il semble avoir occupé un poste d’employé de presse, il vivait avec sa mère, remariée, à Port-Navalo en Arzon (Morbihan). En désaccord avec son beau-père qui professait des sentiments germanophiles, Pierre Chevalier quitta Port-Navalo, pour aller se cacher à la Pointe Saint-Nicolas en Arzon chez le docteur Sigot, membre de l’état-major départemental de l’Armée secrète (AS), qui hébergeait deux autres réfractaires, Jacques Féret, neveu de Madame Sigot, et François Pocréau. Il s’engagea dans l’AS en septembre 1943 sous le pseudonyme de Pierrot. C’est chez le docteur Sigot qu’au début du mois de mars 1944, Paul Chenailler, chef départemental de l’AS, [pseudonyme dans la Résistance : colonel Morice], rencontra les responsables des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) Émile Le Carrer [pseudonyme dans la Résistance : Max], Maurice Devillers [pseudonyme dans la Résistance : Michel], et Jean Kesler [pseudonyme dans la Résistance : Jim], tous les trois membres du Comité militaire régional, et que fut entérinée la fusion au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI), des unités combattantes de l’AS et des FTPF dans le Morbihan.
Informés de l’arrestation à Vannes (Morbihan) le 13 mars 1944 d’Agnès de La Barre de Nanteuil, agent de liaison du colonel Morice, le docteur Sigot, Madame Sigot, Pierre Chevalier et Jacques Féret quittèrent la Pointe Saint-Nicolas et s’embarquèrent de nuit pour aller se réfugier dans la maison de la famille Defforges sur l’île de la Jument dans le golfe du Morbihan, puis chez le commandant Le Garrec à Larmor-Baden. Ils furent ensuite pris en charge par des FTPF qui les conduisirent à Naizin puis à Réguiny (Morbihan), où était installé le PC du Comité régional militaire. Le 31 mars 1944, Eugène Robert Defforges et son épouse Solange Defforges, ainsi que Catherine de La Barre de Nanteuil, la sœur d’Agnès de La Barre de Nanteuil, furent arrêtés sur l’île de la Jument par la Police allemande. Eugène Robert Defforges est mort en déportation. Les autres ont fait partie du dernier convoi qui a quitté Rennes. Ce convoi où se trouvait aussi Agnès de La Barre de Nanteuil fut mitraillé par l’aviation alliée à Langeais (Indre-et-Loire). Blessée, celle-ci décéda en gare de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Acheminé jusqu’à Belfort, ce convoi n’est jamais parvenu en Allemagne.
François Pocréau et Joseph Le Dorven furent arrêtés également le 31 mars 1944 par la Police allemande à la Pointe Saint Nicolas en Arzon et déportés à Neuengamme d’où le jeune Le Dorven n’est pas revenu.
Après la mort de Jean Kesler et de Maurice Devillers, tués en action le 14 avril 1944, Pierre Chevalier fut nommé commissaire aux effectifs au sein du Comité militaire régional et Jacques Féret commissaire aux opérations.
Le 22 mai 1944, Pierre Chevallier, Jacques Féret, Jean Kerangoarec et leur chauffeur Théo Esvan furent capturés à Saint-Nicolas-des-Eaux (Morbihan) par une patrouille de Géorgiens appartenant à une unité de l’Est. À bord de leur véhicule, il n’y avait pas d’armes mais des registres de maquis (effectifs) et des fonds. Après avoir été enchaînés, ils furent emprisonnés à Pontivy et transférés à Rennes à la prison Jacques-Cartier le 19 juin 1944. Une tentative d’interception par la Résistance du convoi les conduisant à Rennes échoua.
Pierre Chevalier, Jacques Féret et Jean Kerangoarec furent condamnés à mort le 29 juin 1944 comme franc-tireur par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur de Rennes FK 748 (dossier S 1744) et furent exécutés le lendemain sur le polygone de tir de la Maltière en Saint-Jacques -de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).
Son acte de décès a été transcrit en mairie d’Arzon le 10 mai 1946.
Il obtint la mention mort pour la France et le statut d’Interné Résistant lui fut attribué au mois d’octobre 1964.

En Ille-et-Vilaine, le nom de Pierre Chevalier est inscrit sur la stèle des fusillés de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande et sur le monument de la Résistance érigé dans le cimetière de l’Est à Rennes.
Dans le Morbihan, il figure sur la liste des « Morts pour la France 39-45 » du monument aux morts d’Arzon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161537, notice CHEVALIER Pierre, Georges [pseudonyme dans la Résistance : Pierrot] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Alain Prigent, Serge Tilly , version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 5 octobre 2018.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Alain Prigent, Serge Tilly

À la Maltière en Saint-Jacques-de la-Lande
À la Maltière en Saint-Jacques-de la-Lande
Sur le monument aux morts d'Arzon
Sur le monument aux morts d’Arzon
SOURCE : Photos Husson

SOURCES : Arch. Dép. ; Morbihan 2 W 11 308. — DAVCC, Caen, 21P249930. — " La Butte de la Maltière - Saint-Jacques de la Lande ", Ami entends-tu… Journal de la Résistance bretonne, , ANACR, numéro 158, décembre 2012. — J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit. – Site des fusillés d’Ille-et-Vilaine. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Renée Thouanel (sous la dir.), La Maltière (1940-1944), Éd. Mairie de Saint-Jacques-de-la-Lande, 2013. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — État civil, Saint-Jacques-de-la-Lande (acte de décès).

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