CROZAT Pierre [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Communiste icarien né le 21 janvier 1817 à Jurienne (France), Pierre Crozat était tailleur à Paris sous la monarchie de Juillet. Actionnaire du Populaire de Cabet en 1844, il signa une adresse publiée dans le journal cette même année. En 1846, il collecta des fonds pour les différentes souscriptions lancées par Cabet. En 1848, il fut nommé commissaire au maintien de l’ordre à la Société fraternelle centrale, et l’on retrouve son nom parmi les souscripteurs ayant versé leur écot au Secours icarien en 1849 et 1850.

Pierre Crozat partit pour les États-Unis le 25 janvier 1852 et arriva à Nauvoo (Illinois) le 12 mars. Il demanda la citoyenneté américaine le 30 juillet. En juillet 1854, Pierre Crozat figurait en compagnie de son épouse et de leur fils Charles (né le 13 juin 1842) sur la liste des membres de la communauté de Nauvoo ; il y travaillait comme bûcheron et sa femme y était employée comme lingère.

Pierre Crozat fut sans doute ensuite détaché dans l’Iowa, et il ne rejoignit la colonie de Nauvoo qu’au printemps 1856. Le 12 mai il vota avec la minorité restée fidèle à Cabet, puis il demanda à quitter la colonie. Cabet écrivit alors à Béluze une lettre pleine d’amertume : « Sa femme nous a compromis en frappant à la figure un membre de la majorité, se faisant condamner à 2 dollars d’amende. Eh bien ce même Crozat qui montrait tant d’indignation et de colère contre la Majorité et qui venait d’apprendre qu’elle venait de me pendre et de me brûler en effigie, qu’elle demandait mon exclusion ainsi que celle de tous les membres de la Minorité, vient de se réconcilier avec la Majorité et de s’humilier devant elle afin de recevoir 50 dollars pour la restitution de son apport sans me rendreles 2 dollars que j’ai eu la bonté de lui prêter il y a un mois, pour aller chercher du travail à Keokuk parce qu’il ne pouvait plus se trouver en face de tous ces brigands, et qu’il leur a fait de tendres adieux, tandis qu’il est parti sans politesse envers la Minorité. C’est un traître, un lâche, un infâme ! »

Les Crozat ne partirent pourtant pas tout de suite, puisqu’ils décidèrent finalement de suivre Cabet et ses fidèles à Saint Louis (Missouri). Ils n’étaient toutefois plus membres de la communauté icarienne de cette ville en mars 1857.

On retrouve le nom de Pierre Crozat à deux reprises en 1872 parmi les membres et sympathisants de la section française n° 14 de l’AIT de Saint Louis qui versèrent de l’argent aux souscriptions au bénéfice des réfugiés de la Commune et des grévistes de Monthey (Suisse). Il figurait toujours sur la liste des abonnés du Bulletin de l’Union républicaine en 1875.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161598, notice CROZAT Pierre [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 9 juillet 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : BN, Nafr. 18 152, Papiers Cabet, f. 397, lettre de Cabet à Béluze du 15 octobre 1856 ; Naturalization Records, Hancock County, Ill. ; É. Cabet, Les Masques arrachés, 1844 ; Le Populaire de 1841 ; Colonie icarienne, 26 juillet, 20 septembre, 27 septembre 1854 ; Le Socialiste, 20 janvier, 4 mai 1872 ; Bulletin de l’Union républicaine, 16 juillet 1875 ; Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 413 ; Fernand Rude, « Allons en Icarie ». Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Grenoble, PUG, 1980, p. 173 ; notes de Robert Sutton et François Fourn.

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