GLUZMAN Ruchla (Rachel), épouse PIETROWSKI

Par Daniel Grason

Né le 10 juin 1912 à Markuzow (Pologne), morte à une date inconnue ; bonne à tout faire ; communiste ; militante de la Main-d’œuvre immigrée ; résistante déportée.

Fils de Joseph et de Gena, née Finkelstein, Ruchla Gluzmann travaillait comme bonne à tout faire chez des particuliers. La promulgation du premier statut des juifs le 3 octobre 1940 et du second le 2 juin 1941 lui rendit la vie très difficile. Le 14 novembre 1940 elle reçue un courrier du service de l’éloignement qui l’autorisait à séjourner sur le territoire sans être autorisé à occuper un emploi salarié. En dépit de l’interdiction, elle travailla et logea chez Herz et Ruchla Lomberg 7 passage des Fours-à-Chaux à Paris XIXe arrondissement, le couple était originaire de la même ville qu’elle. Herz Lomberg interné à Pithiviers (Loiret), était déporté à Auschwitz le 17 juillet 1942 et Ruchla le 6 novembre de la même année.
Ruchla Gluzman devint-elle permanente de la sous-section juive du parti communiste ? Elle acheminait les tracts de l’organisation à des militants chargés de la distribution. La police municipale organisait régulièrement des contrôles d’identité dans le métropolitain, le 10 février 1943 vers 14 heures 15, des policiers interpellèrent Ruchla Gluzman à la station de métro Montmartre (actuellement Grands Boulevards). Elle portait un paquet qui contenait environ trois cents tracts, tous datés de janvier ou février 1943 : J’accuse, l’Humanité, Notre parole, La Vie Ouvrière, La Vie du Parti, et deux tracts écrit en Yiddish.
Prévenus trois inspecteurs de la BS1 emmenèrent Ruchla Gluzman dans les locaux des Brigades spéciales. Elle présenta un récépissé de carte d’identité d’étranger au nom de Maria Hubikowa, née à Prague (Tchécoslovaquie), la pièce d’identité s’avéra fausse. Fouillée, sur un ticket de métro il était écrit : « Rue Saint-Fiacre, 2 h M. Montmartre », lieu du rendez-vous où elle devait livrer les tracts.
Interrogée, elle refusa d’indiquer où elle habitait malgré les clefs saisies, d’indiquer ses ressources, nia d’avoir milité avant la guerre au parti communiste. Concernant le paquet de tracts, elle déclara il : « m’a été remis place de la République par une femme dont j’avais fait la connaissance dans le métro. J’ignorais ce que contenait ce paquet ». Elle devait le porter rue Saint-Fiacre à une femme qui avait son signalement, en échange de quoi cette personne lui remettrait cinquante francs. « Vos explications sont invraisemblables » rétorqua un policier. Quant à sa fausse pièce d’identité, elle affirma l’avoir payée deux mille francs, elle donna comme explication « Étant juive je ne voulais pas être déportée », elle ne portait pas l’étoile jaune ce qui constituait une autre infraction.
Le commissaire principal Fernand David de la BS1 concluait : « il est à présumer qu’elle cherche ainsi à dissimuler, soit un stock de matériel clandestin, soit la présence dans ce local de militants réfugiés dans l’illégalité. L’inculpons d’infraction au décret du 26 septembre 1939 ». La procédure fut transmise au commissaire de la 3e section des Renseignements généraux qui la communiqua aux allemands. Le commissaire Lucien Tissot reçut une réponse, les autorités allemandes se désintéressaient de l’affaire Ruchla Gluzman, elles laissaient le soin à la Justice française de réprimées les infractions relevées à sa charge.
Incarcérée au Fort de Romainville, elle était le 30 mai 1945 dans un wagon avec cinquante-huit autres prisonnières qui partaient de la gare de l’Est à destination de l’Allemagne. Les déportées transitèrent par le camp de Neue Bremm à Sarrebruck, dirigée sur Ravensbrück, Ruchla Gluzman était affectée au Kommando de Leipzig. Matricule 42179 elle fut libérée et rapatriée en mai 1945.
Ruchla Gluzmann a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161654, notice GLUZMAN Ruchla (Rachel), épouse PIETROWSKI par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 juillet 2014, dernière modification le 13 août 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GA 134. – Bureau Résistance GR 16 P 259867. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Livre-Mémorial, FMD, Ed. Tirésias, 2004.

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