RAJMAN ou RAYMAN Symcha (Simon)

Par Daniel Grason

Né le 11 mars 1927 à Varsovie (Pologne), mort le 2 août 2005 à Paris (XIIe arr.) ; étudiant ; communiste ; militant de la Main-d’œuvre immigrée (M.O.I.) ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils d’un couple de tricoteurs Moszek et Chana, née Peltin, Simon Rajman était le frère de Marcel, la famille demeurait 1 rue des Immeubles-Industriels à Paris XIe arr. Raflé en décembre 1941, Moszek militant communiste était déporté le 22 juin 1942 par le convoi n° 3 au départ de Drancy à destination d’Auschwitz (Pologne), il y mourut.
Prévenus de la rafle du 16 juillet 1942, Simon et Chana quittèrent leur domicile, se réfugièrent dans une planque au 296 rue de Belleville, (XXe arr.), près de la porte des Lilas. Marcel Rajman FTP-MOI, membre du 2e détachement juif, puis en juin 1943 de l’équipe spéciale rendait visite à son petit frère et à sa mère. Simon et Chana demeuraient 68 boulevard Soult à Paris (XIIe arr.), Simon était porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Jean Rougemont tamponné par le commissariat du Blanc-Mesnil (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), sa mère était devenue Annette Robert avec une carte d’identité à ce nom revêtue du cachet de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines).
Le jeune Simon Rayman 16 ans distribuait des tracts, collait des papillons édités par la sous-section juive du parti communiste. Il retrouvait son frère Marcel et ses copains FTP-MOI dans leurs bistrots attitrés « Chez Bouboule », au 80 boulevard Diderot, (XIIe arr.) ou « Aux Platanes » 39 avenue de la Porte de Pantin, XIXe arr. À l’été 1943 très chaud, Simon accompagnait Marcel et ses copains à la piscine des Tourelles et de la porte de Pantin. Les inspecteurs de la BS2 filaient les résistants pendant plusieurs semaines avant de procéder à des arrestations.
Des inspecteurs de la BS2 arrêtèrent Simon Rajman le 17 novembre 1943 à 8 heures 30 du matin boulevard Soult à quelques centaines de mètres de sa « planque », alors qu’il conversait avec Josef Svec. Chana Rajman était aussi interpellée quelques minutes plus tard. Simon Rajman se retrouva dans la salle 23 à la préfecture de police. Le deuxième jour, il subit un premier interrogatoire. Trois inspecteurs le frappèrent. Gifles, coups de poing, nerf de bœuf, il lâcha un rendez-vous… fictif. Il croisa des combattants des FTP-MOI tabassés par les inspecteurs des BS, sa mère et Marcel son frère.
Emprisonné à Fresnes, un matin de janvier 1944, il était emmené avec trois jeunes communistes du XIe arrondissement : Ladislas Fulop, André Terreau et René Coureur au camp de Compiègne. Sa mère Chana, était internée sous le matricule 11832 au camp de Drancy réservé aux Juifs, elle déposa trois cent dix francs au bureau de l’administration. Le 3 février 1944 elle était dans le convoi n° 67 de mille deux cent quatorze déportés à destination d’Auschwitz, elle ne survécut pas.
Le 22 janvier 1944 au départ de Compiègne Simon Rajman était dans le convoi de deux mille cinq hommes à destination de Buchenwald (Allemagne) où ils arrivèrent le 24. La libération du camp eut lieu le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Un Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage.
Simon Rajman matricule 42077, était parmi les neuf cent quatre-vingt-dix survivants du convoi. Il était membre de la Brigade française d’action libératrice. Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Simon Rajman témoigna devant la commission d’épuration de la police, en ces termes : « J’ai été frappé brutalement à coups de poing, coups de pied et coups de nerf de bœuf par les inspecteurs Blanchin et Candas, c’est ce dernier qui a mis le plus d’acharnement à me frapper ».
Le logement de sa famille du 1 rue des Immeubles-Industriels était occupé par un locataire appelé alors « de bonne foi ». Simon intenta un procès, le gagna, sans parvenir à faire expulser l’intrus. Il était de retour avec « des convictions communistes absolues », convictions confortées par « une solidarité », « une camaraderie » qui lui avait « permis de rester un homme et de ne pas devenir un numéro ».
Il milita à l’UJRF du XIe arrondissement, élu délégué au congrès régional en 1948. Ses camarades le proposèrent pour les représenter au Comité fédéral. Avant l’élection, deux responsables venaient lui parler. « Tu sais, Simon, on ne peut pas te prendre par ce que tu n’es pas représentatif ». Il répondit « Bon. Je ne suis pas représentatif de la jeunesse française ». De ce « pas représentatif », Simon se refusa à donner une interprétation, mais il commenta : « J’ai été dans la Résistance. J’ai été déporté. J’ai fait tout ce que je pouvais avec tout le monde et jamais, pendant toute cette période, on ne pas dit ça. Ҫa ne m’a pas plu ».
En 1953, il participa au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants avec la chorale Guy Môquet à Bucarest en Roumanie. Il se détacha du militantisme. Le soi-disant complot des blouses blanches en 1953 marqua la rupture. Simon Rajman témoigna de son parcours dans les ouvrages : Ils étaient juifs, résistants, communistes et Le sang de l’étranger et Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance.
Simon Rajman a été homologué au titre des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Une plaque commémorative régulièrement fleurie rappelle le souvenir de son frère Marcel Rajman 1 rue des Immeubles industriels (Paris XIe) là où vivait la famille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161663, notice RAJMAN ou RAYMAN Symcha (Simon) par Daniel Grason, version mise en ligne le 1er juillet 2019, dernière modification le 14 juin 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 3460, PCF carton 15 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste du 29 novembre 1943, KB 10, KB 15, KB 18. – Bureau Résistance GR 16 P 498158. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. du Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Éd. Denoël, 1986. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Fayard, 1994. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site internet CDJC.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable