BELLON François, Noël, Jean

Par Jean-Michel Steiner

Né le 12 mai 1915 à Cavallo, dans la commune mixte de Djidjelli (Constantine, Algérie), mort le 10 octobre 1994 à Saint-Étienne (Loire) ; professeur de lycée ; militant du PCF, du Mouvement de la Paix et du SNES ; responsable de l’Université du Travail ; conseiller municipal de Saint-Étienne (1953-1959).

François Bellon était le fils de François, Joseph, cultivateur et d’Augusta Enfoux, institutrice. Ses parents étaient originaires de Villar-Loubière (Hautes-Alpes). Son père fut mobilisé pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, et sa mère devait être institutrice à Djidjelli pendant ces années. Ils se marièrent le 29 novembre 1919, à Freissinières (Hautes-Alpes), village où François Bellon suivit sa formation primaire. Après l’école des pupilles de l’air de Grenoble, il fut bachelier en 1933. Reconnu apte par le conseil de révision de Gap (Hautes-Alpes), affecté au 113e Régiment d’artillerie, il bénéficia d’un sursis d’incorporation jusqu’en 1939. En 1937, il avait obtenu la licence de biologie. Domicilié au lycée de garçons de Chambéry (Savoie), il y était sans doute surveillant.

Mobilisé le 16 septembre 1939, il fut incorporé le même jour au 15e dépôt d’artillerie. Admis à l’école des officiers de réserve d’artillerie de Poitiers (Vienne) le 5 février 1940, il fut renvoyé dans ses foyers et rayé du contrôle de l’armée active le 19 juin 1940.

Alors qu’il était étudiant, François Bellon avait épousé Bruna, Jeanne, Elvire Martinelli, d’origine italienne, rencontrée à la faculté de Grenoble, dont il divorça. Il épousa en secondes noces, le 29 octobre 1946 à Saint-Étienne, Victoria, Julia, Morawska, née le 10 janvier 1919 à Nazielski, (Pologne), fille de Boleslav Morawski, retraité mineur, et de Janine Wysocka, et veuve de Ladislas Fafara, avec lequel elle avait eu deux filles, Christina, née en 1939, et Alina, née en 1940. Paul Meier, professeur d’anglais au lycée Fauriel, membre du Parti communiste français, fut un des témoins de leur mariage célébré par le conseiller municipal communiste Christophe Alexandre. Deux fils naquirent à Saint-Étienne : François, Jean-Louis, le 12 juillet 1947, et Patrice, André, Jacques, le 16 octobre 1949. D’après le recensement de 1954, il habitait 13 rue Robert, avec son épouse, les deux filles de celle-ci et leurs deux fils.

Lauréat du concours de 1945 de l’agrégation de sciences naturelles, François Bellon fut nommé au lycée Claude Fauriel à Saint-Étienne où il exerça de 1945 à 1977.

Membre du PCF, il fut chargé, avec Paul Meier, qui en assurait le secrétariat, de l’animation de l’Université du travail, inaugurée en janvier 1946. Il y donna des cours de biologie aux côtés de professeurs agrégés promis à un grand avenir, comme Jean Bouvier chargé des cours d’histoire et Guy Besse des cours de philosophie. À partir de 1953, avec Roger Vieljeuf, il dirigeait et organisait l’UT. À cette période il donna régulièrement des conférences publiques, consacrées aux « sociétés humaines, à leur organisation, à leurs transformations et à l’étude de la Nature ». Il fut membre du comité de la fédération communiste de la Loire de mars 1953 à 1957.

En 1953, placé en 10e position sur la liste communiste conduite par Michel Olagnier, il fut élu conseiller municipal. Dans sa première intervention, le 29 mai 1953, il exigea le non-renouvellement de l’adhésion de la ville à l’« Association française pour le conseil des communes d’Europe » qu’il qualifia « d’instrument d’une politique bien connue – la politique dite européenne – elle-même instrument de la politique américaine ». Il affirma ensuite que « c’est au nom de l’idée européenne qu’on réarme l’Allemagne, qu’on saccage l’économie française et en particulier celle du département de la Loire ». Le 18 février 1954, il s’opposa à l’attribution de bourses communales à des élèves de l’institution privée catholique Notre-Dame de Valbenoite. Outre les questions de laïcité et de politique internationale, il prit régulièrement la parole sur les affaires d’éducation et de culture. En 16e position sur la liste PCF pour les élections municipales en 1959, il ne fut pas réélu.

L’affaire Lyssenko et les tensions que connaissait la Pologne d’autre part, l’amenèrent à prendre quelques distances avec le PCF. Toutefois, il animait toujours la cellule des professeurs du lycée Fauriel avec Roger Bellet, Georges Maria, René Gamper, Jo Martynciow, Jean Tournassoud (normalien, professeur en math-spé), Robert de Carlo (professeur d’éducation physique) et Myriam Pupier (professeur d’allemand).

Depuis la fin des années 1940, François Bellon s’était engagé dans la lutte pour la paix. Le 26 août 1949, il figurait dans la première liste des signataires de l’Appel pour la paix publiée par Le Patriote. Dans les années 1960, militant du Mouvement de la paix dans le quartier de Beaulieu, il participa aux campagnes de soutien aux combattants algériens et vietnamiens.

Selon Paul Chomat, et Daniel Durand, François Bellon organisait dans sa région d’origine, au milieu des années 1950, des week-end de discussions marxistes (Les collectifs) avec des lycéens stéphanois, transportés jusque là dans sa voiture personnelle.

Passionné par la pédagogie et la didactique de sa discipline, François Bellon ne dédaignait pas prendre en charge des classes difficiles. Il participa à plusieurs publications du CDDP de la Loire et du CRDP de l’académie de Lyon. Il souligna son affection pour sa discipline et pour son département d’accueil en écrivant dans la préface de son ouvrage Géologie de la Loire, 500 millions d’années d’histoire :« Ce livre a été écrit en signe d’attachement à la Loire, où l’auteur a enseigné longtemps les sciences de la nature, et en particulier la géologie ». Il réalisa aussi des séries de diapositives pour aider ses collègues enseignants à travailler sur le terrain. Ses anciens élèves soulignaient le plaisir qu’ils avaient à suivre ses cours d’une grande clarté, la qualité d’un enseignement toujours expérimental et sans cesse fondé sur une démarche rationnelle, son admiration pour Pasteur, son souci de prolonger ses cours dans le cadre de l’histoire des sciences.

Après son départ en retraite, François Bellon retourna dans les Hautes-Alpes et publia plusieurs ouvrages sur l’histoire et les milieux naturels de la région.

Il fut enterré à Villar-Loubière (Hautes-Alpes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16168, notice BELLON François, Noël, Jean par Jean-Michel Steiner , version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 décembre 2021.

Par Jean-Michel Steiner

ŒUVRE : Esquisse d’une description géologique du département de la Loire Saint-Étienne, CDDP Loire, 1973. Cours de géologie locale - Département de la Loire, CRDP, sd, Géologie de la Loire, 500 millions d’années d’histoire, Saint-Étienne, 1980 La Bourse Du Chat. L’autrefois. La vie en Valgaudemar, Edisud, 1992

SOURCES :
Arch. de l’Outre-mer : AR3 Djidjelli. 1979.019.00095. — Arch . Dép. Hautes-Alpes : 1 R 1062, Registre matricule, classe 1914, volume 2, 1 R 1063, Répertoire alphabétique, classe 1914 : Bellon François Joseph, n° 505 ; 6 M 361/27, Théus, recensement 1926 ; 2 E 187/5, Registre d’état civil, 1890, Villar-Loubière, 2 E 187/9, Registre d’état civil, 1894, Villar-Loubière. — Arch. Dép. de la Loire : archives du Lycée Fauriel, P 14. — Arch. mun. de Saint-Étienne : 9C2 74 à 80, Bulletin du Conseil Municipal, (1953 - 1959), 1F63, recensement 1954 Saint-Étienne, nord-ouest ; 3E174 (mariages août-décembre 1938), 2E 208 (naissances juillet-décembre 1939), 2E 210 (naissances juillet-décembre 1940) ; État-civil de la ville de Saint-Étienne, actes de mariages 001937/1946 ; actes de naissances – 1947, 002755 et 1949, 003761. — Arch. comité national du PCF (Note de Jacques Girault). — Le Patriote de Saint-Étienne (1946 à 1958). — Témoignages de Jo Martynciow, Gérard Fournand, Alex Clerino, Maurice Bedoin, Christian Charbonnier et Jean-Claude Monneret. — Sources familiales.

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