BELLON Laurent

Par Jacques Girault

Né le 7 mars 1888 à Beynes-Mézel (Basses-Alpes, Alpes-de-Hautes-Provence), mort le 29 janvier 1960 à Chabrières (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; instituteur ; secrétaire de la section des Alpes-Maritimes du Syndicat national (1929-1935) ; conseiller général du canton de Mézel (1945-1960).

Laurent Bellon, titulaire du brevet élémentaire, surveillant à l’école primaire supérieure de Lorgues (Var), entra dans l’enseignement primaire en janvier 1909. En poste à Vidauban (Var), il adhéra à la section syndicale du Var, le 6 juin 1912. Il avait publié, dans L’École émancipée, le 11 mai 1912, sous le titre « Contre la prime du BS », un article critiquant les avantages projetés pour les instituteurs titulaires du brevet supérieur. Une telle mesure, selon lui, était de nature à diviser les enseignants, « Camarades BS, un intérêt immédiat vous aveugle. L’intérêt supérieur de l’école et celui de la corporation exigent que vous n’acceptiez pas de prime. » Instituteur aux Arcs (Var), il fut initié à la franc-maçonnerie (Loge « L’Égalité ») en 1913.

Bien que réformé, Bellon s’engagea comme volontaire au début de la guerre. Blessé et réformé, il retrouva un poste d’instituteur à Saint-Raphaël et en 1918-1919, devint le secrétaire de l’Amicale des instituteurs. Mais lors de son assemblée générale du 25 mai 1919 à Draguignan, il n’était pas candidat à son conseil d’administration. Il venait en effet de prendre un poste d’instituteur à Saint-Auban (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) et devint, en juillet 1920, trésorier du syndicat de ce département. La police le signalait alors comme membre du Parti communiste. Il expliqua, en 1940, les circonstances de son adhésion au communisme en 1922 et de son départ du Parti à la fin de 1923 en raison de l’incompatibilité avec l’appartenance à la franc-maçonnerie. Selon Joseph Pascal, il exerça la profession de voyageur de commerce pour le libraire de Digne, Joseph Margaillan.

Marié, sans enfants, Laurent Bellon fut nommé instituteur en octobre 1925 à l’école de Nice-port, poste qu’il occupa jusqu’en 1939. Son inspecteur primaire, en 1940, expliqua dans une lettre que Bellon avait quitté le Var grâce à l’appui du député Auguste Reynaud, son ami. Franc-maçon (Loges « L’Égalité » de Draguignan, puis « Paix et travail » à Antibes), membre de la Ligue des droits de l’homme et de la Libre-pensée, il avait été « un adversaire loyal et déterminé du Parti communiste » comme il l’écrivit en 1940 devant l’accusation portée contre lui d’appartenance au Parti communiste.

Laurent Bellon occupa la responsabilité de secrétaire de la section départementale du SNI de 1929 à 1935 et présida le congrès national de Nice en 1934. Il affirma, en 1940, avoir été hostile à la fusion avec la Fédération unitaire de l’enseignement. À partir de 1934, il se consacra aux œuvres de vacances et dirigea la colonie scolaire du Sou des écoles laïques à La Bollène-Vésubie.

Trésorier adjoint de la fédération socialiste SFIO des Alpes-Maritimes, le 25 janvier 1931, membre de la commission du journal L’Églantine, il fut candidat socialiste SFIO pour représenter le canton de Mézel (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) au conseil général. Selon ses déclarations en 1940, il n’appartenait plus au Parti socialiste SFIO depuis la fin de 1936.

Selon le préfet, au début de la guerre, Bellon se serait « rallié ouvertement au régime nouveau ». L’inspecteur d’académie, le 28 janvier 1941, proposa de le relever de ses fonctions et de le mettre à la retraite. Le Journal officiel, le 28 août 1942, le déclara démissionnaire d’office comme dignitaire de la franc-maçonnerie.
Laurent Bellon participa à la Résistance dans la vallée d’Asse (maquis du « camp Josette ») où sa maison de famille servit de refuge pour de nombreux résistants. À la Libération, il reprit son service et fut nommé juré à la Cour de justice de Digne par le Comité départemental de libération des Basses-Alpes pour « services rendus à la Résistance ». Il fut détaché pour remplir cette fonction par l’inspecteur d’Académie des Alpes-Maritimes, le 4 décembre 1944.

Élu conseiller général du canton de Mézel, le 30 septembre 1945, il fut régulièrement réélu jusqu’à son décès. Il fit notamment partie de la deuxième commission (routes, transports etc....), de la commission départementale et des commissions de contrôle des opérations immobilières, de réforme des agents des collectivités locales, de la reconnaissance, de surveillance des enfants et de l’aide sociale du canton. Il représenta aussi le conseil général au conseil départemental de l’enseignement primaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16169, notice BELLON Laurent par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F7/13081. — Arch. Dép. Alpes-Maritimes, 01 T 274. — Arch. Dép. Var, 4 M 59 4 1. —.Arch. Loge « L’Égalité » (transmise par M. Mistre). — Presse locale et corporative. — Renseignements fournis par le Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence. — Sources orales. — Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, B. Vial, 1983, 456 p.

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