PÉRON Alfred

Par Alain Dalançon

Né le 22 septembre 1904, mort le 30 avril ou le 1er mai 1945 en Suisse ; professeur agrégé d’anglais au lycée Buffon à Paris ; Résistant dans le réseau « Gloria », déporté.

Alfred Péron
Alfred Péron

Ancien élève de l’École normale supérieure de garçons, promotion 1924, Alfred Péron était en 1926 lecteur au Trinity College de Dublin où il se lia d’amitié avec un de ses élèves, le très francophile Samuel Beckett.

Reçu à l’agrégation d’anglais (5e) en 1929, après deux tentatives, il fut lauréat la même année d’une bourse de voyage « Autour du Monde » (grâce à la fondation du banquier philanthrope Albert Kahn, gérée par l’Université de Paris). En décembre 1929, il travailla avec Beckett sur la traduction française d’Anna Livia Plurabelle, de James Joyce. En 1938, il traduisit Alba pour Soutes, la revue de Luc Decaunes.

Devenu professeur d’anglais au lycée Buffon à Paris, il entra dans la Résistance dès 1940 et intégra le réseau « Gloria ». Ce réseau anglais était en liaison avec les services du SOE (Special Operations Executive). Il avait pour mission de recueillir des informations militaires, navales sur l’occupant. Il comptait parmi ses membres des intellectuels, des cadres, des artistes. Il avait été fondé par Jeannine Gabrielle Picabia (fille du peintre Francis Picabia) qui le dirigea avec Jacques Legrand (ingénieur chimiste) et Gilbert Thomazon ; il était en contact avec Robert Guédon, Jacques Lecompte-Boinet, Germaine Tillion. Alfred Péron y fit venir son ami Beckett, installé en France depuis 1937.

Infiltré par l’abbé Robert Alesch, le réseau fut décimé en août 1942. La plupart de ses cadres, dont Alfred Péron, furent arrêtés par les Allemands. Samuel Beckett et sa compagne Suzanne Deschevaux-Dumesnil, prévenus par la femme d’Alfred Péron, Maya Péron, échappèrent à l’arrestation et se réfugièrent chez leur amie écrivain, Nathalie Sarraute, aux environs de Paris puis pour la durée de la guerre dans un village du Limousin. Au total, plus de quatre-vingt membres du réseau furent déportés et beaucoup ne revinrent pas de camps de Mauthausen ou Buchenwald.

Alfred Péron, arrêté le 14 août 1942, fut détenu au Fort de Romainville, alors prison de la Gestapo, puis déporté le 27 mars 1943 à Neuen-Bremm (dans la Sarre), et finalement à Mauthausen, où il arriva le 17 octobre 1943 et fut immatriculé sous le numéro 37 801. Il fut transféré au camp annexe de Wiener Neudorf.

Il faisait partie du troisième convoi de déportés français remis à la Croix-Rouge fin avril 1945 et évacué par la Suisse. Il mourut dans ce pays durant le trajet de retour en France, le 30 avril ou le 1er mai. Une stèle, ou peut-être sa tombe, marque le lieu de son décès. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article161728, notice PÉRON Alfred par Alain Dalançon, version mise en ligne le 26 juillet 2014, dernière modification le 12 novembre 2018.

Par Alain Dalançon

Alfred Péron
Alfred Péron

SOURCES : www.ajpn.org/personne-Alfred-Peron-7250.html‎ (avec photo en 1944). — Christophe Malavoye, « Mon grand ami martyr, Alfred Péron, le doux poète au masque de combattant », Bulletin de l’amicale de Mauthausen, n° 307, avril 2007.

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