BEN RAHOU Slimane

Par Laure Pitti

Né le 25 juillet 1923 en Algérie ; Cadre de la CGT à l’usine Renault de Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) ; membre de la Fédération de France du FLN en 1956, très actif à l’AGTA dans l’usine.

Né le 25 juillet 1923 en Algérie, arrivé en France pour la première fois vraisemblablement en 1945 ou 1946, marié à une française dont il a eu un enfant en 1947, Slimane Ben Rahou (souvent orthographié Ben Raou) est un militant actif du MTLD en métropole. Son engagement nationaliste se double d’un militantisme syndical. Embauché aux usines Renault à Billancourt le 4 juillet 1950, à l’âge de vingt-sept ans, comme OS1 (Ouvrier spécialisé) dans le secteur usinage et montage des organes de la 4 CV, il y devient en effet un militant actif de la CGT. Élu délégué du personnel de son département sur la liste CGT en mai 1954, réélu le 2 juin 1955 puis muté à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne) en 1956 où il est élu délégué du personnel en charge du département outillage-entretien le 24 avril 1956, il y est constamment réélu au moins jusqu’en 1958. L’un des "cadres algériens de la CGT » à Renault, selon l’expression de Claude Poperen, secrétaire général de la CGT à Renault-Billancourt de 1956 à 1967, Slimane Ben Rahou est également l’un des artisans, à l’échelle de la branche automobile et de la région parisienne, du rapprochement entre CGT et MTLD entre 1950 et 1953. Il est ainsi, à plusieurs reprises durant cette période, l’orateur du MTLD dans les meetings aux portes de l’usine que le mouvement nationaliste organise, de concert avec la CGT et parfois le PCF, sur la question nationale algérienne.

Partisan de Messali* dans la crise qui secoue le MTLD en 1953-1954, il s’oppose à Larbi Bendaoud*, autre figure marquante du mouvement nationaliste à Renault-Billancourt mais qui est de sensibilité centraliste. Slimane Ben Rahou ne semble pas pour autant devenir un militant actif du MNA. En mars 1955, il participe, sous l’étiquette CGT, à la campagne contre le vote de la loi sur l’état d’urgence en Algérie, prenant la parole à la tribune comme représentant des Algériens lors des meetings place Nationale, aux portes de l’usine. Il rallie le FLN en avril 1956, lorsque celui-ci se structure à Renault, à l’initiative notamment de Laïfa Lattad*, sous le paravent de la Commission nord-africaine de la CGT, en réunissant d’ex-militants du MTLD comme Larbi Bendaoud*, de l’OS comme Abdelkader Zellouf* et du PCF, tel Arezki Ziani* ou Omar Ouhadj*, futur dirigeant de l’AGTA. Comme ces derniers, il participe activement aux mobilisations que le FLN organise dans l’usine, telles les grèves pour l’indépendance du 5 juillet 1956, du 28 janvier au 3 février 1957 et du 5 juillet 1957.

Après l’indépendance, il repart en Algérie en février 1964 et travaille à la Compagnie Automobile Renault Algérie (CARAL) à Maison Carrée jusqu’en août 1965. À cette date, il revient en France, selon toute vraisemblance en réaction au coup d’État de Boumediene. Il travaille alors de nouveau aux usines Renault à Billancourt, comme employé, jusqu’à sa retraite en 1982. Il vit aujourd’hui (2005) sur la Côte d’Azur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16193, notice BEN RAHOU Slimane par Laure Pitti, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2017.

Par Laure Pitti

SOURCES : Arch. Régie Nationale des Usines Renault, Direction du Personnel, Registre d’embauche, n° 8, 23 mars 1949-5 avril 1951 et fichier du personnel de l’entreprise, fiches informatiques individuelles de Slimane Ben Rahou, novembre 1963 à septembre 1982, classement SGA, service 07.16 ; Relations de travail, dossiers n° 121, chemise mai 1954 et n° 122, chemise mars 1955. — Arch. du Syndicat CGT de Renault-Billancourt, cartons « 1956 » et « 1959 », élections des délégués du personnel. — Arch. privées d’Henri Benoits. — Entretiens avec Henri Benoits, Issy-les-Moulineaux, 11 et 26 mars 1993 ; avec Omar Ouhadj, Garchizy, 15 mai 1993 ; et avec Claude Poperen, Paris, 4 juillet 2001. — Laure Pitti, Ouvriers algériens de Renault, thèse, op.cit.

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