LOIGNON Huguette [Née CHEVALLIER Huguette, Nicole]

Par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff

Née le 6 décembre 1924 à Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie), morte le 7 juillet 2013 à Lyon (8e arr.) ; militante du MFPF (planning familial) à Grenoble (Isère).

Huguette Loignon a choisi de participer à la vie du MFPF grenoblois en 1964, en tant qu’ hôtesse d’accueil puis en tant que conseillère conjugale ; à la fin des années 1970, elle a organisé les bases du centre actuel de documentation de la section grenobloise du MFPF ; retraitée à partir de 1982, elle a continué à participer à l’équipe du MFPF grenoblois pendant une dizaine d’années.

Fille de Marius Chevallier, boucher, et de Jeanne Blanche, ménagère, Huguette Loignon s’était mariée le 24 décembre 1947 à Saint-Genix-sur-Guiers avec Émile Loignon, ingénieur. Clerc de notaire dans sa jeunesse, elle était d’abord venue au MFPF de Grenoble sur les conseils de son gynécologue, le docteur Frenoux (époux de Jeannette Frenoux, engagée dans le centre grenoblois de MFPF) Huguette Loignon avait décidé en effet, de ne pas avoir plus de trois enfants. C’est ainsi qu’elle a pu avoir accès aux moyens contraceptifs qui n’étaient pas encore vendus en pharmacie par centre grenoblois du MFPF créé le 10 juin 1961. Elle devint alors bénévole dans ce centre, qui à la fin de l’année 1964 était déjà bien implanté localement. C’est la période où, dans le cadre de la préparation des élections municipales de 1965, une série de conférences sur les activités du MFPF de Grenoble avaient été organisées. Les militants, le plus souvent situés à gauche, voire à l’extrême-gauche ou proches du P.S.U fortement implanté à Grenoble, souhaitaient la victoire d’Hubert Dubedout* qui était favorable à leur activité.

Tandis que le mari d’Huguette Loignon devenait trésorier adjoint du MFPF grenoblois, celle-ci s’impliquait fortement dans les activités du centre, suivant une formation d’ hôtesse d’accueil auprès d’Adrienne Naquet, figure importante de l’équipe grenobloise du MFPF Lors des permanences, les hôtesses d’accueil recevaient les femmes et leur apprenaient par exemple à poser un diaphragme. Ces derniers arrivaient à la Poste, sous le prétexte d’un abonnement à une revue anglaise. Pour ce qui était de la crème spermicide, elle a d’abord été acheminée depuis Paris, puis fabriquée à Grenoble, sous le nom de la crème Alpagel, grâce à Jean Comerot - ingénieur-chimiste -, dans le cadre d’une coopérative de production. Les hôtesses d’accueil communiquaient l’adresse des médecins prescripteurs pour qu’ils puissent, dans un deuxième temps, prendre en charge médicalement les femmes. La permanence d’Huguette Loignon avait lieu le samedi après-midi, ce qui lui permettait de rencontrer essentiellement des couples, plus que des femmes seules, et des gens venus de toute la région.

L’équipe du MFPF de Grenoble était composée de personnes d’origines et de parcours variés : des syndicalistes, militant(e)s politiques, anarchistes, libres-penseurs, protestants, parfois catholiques, très attachés à la justice sociale, pour la plupart, à gauche au plan politique et convaincus de la nécessité d’une levée des tabous concernant la sexualité. Il y avait un nombre non négligeable de médecins et surtout d’épouses de médecins. Dans la population venant consulter, le milieu enseignant était largement représenté et, d’une manière générale, la contraception dite « moderne » était plutôt une préoccupation des classes moyennes urbaines, dans les années 1960.

En 1968, la publication de l’encyclique Humanae Vitae condamnant la contraception n’a pas fait diminuer le nombre de consultation des personnes se disant catholiques. Bien au contraire, celles-ci considéraient qu’elles devaient pouvoir choisir : "on s’arrangera avec le bon Dieu", disaient-elles dans les entretiens avec les hôtesses du MFPF. A partir des années 1970, période de radicalisation du MFPF, des catégories nouvelles de la population sont venues au MFPF Dans cette période, l’équipe s’était modifiée, mettant l’accent sur les droits des femmes et la question de l’avortement, non sans tensions internes. Huguette Loignon, pour sa part, poursuivit son engagement en devenant trésorière de l’association entre 1972 à 1975. Après sa retraite en 1982, elle anima pendant dix ans, des groupes sur le thème de la ménopause, une manière de poursuivre un engagement auprès des femmes, qui avait été le sien dans le cadre du MFPF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162002, notice LOIGNON Huguette [Née CHEVALLIER Huguette, Nicole] par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff, version mise en ligne le 23 septembre 2014, dernière modification le 17 septembre 2020.

Par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff

SOURCES : Entretien (mai 1999). — « Le Mouvement français pour le Planning Familial de Grenoble célèbre son dixième anniversaire », Le Monde, 24 février 1966. — « Les couples nouveaux », Le Monde, 22 septembre 1966. — D’une révolte à l’autre, 25 ans d’histoire du Planning Familial, MFPF, Éditions Tierce, Paris, 1982. — État civil.

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