BENASSAYAG Maurice, Jules

Par Frédéric Cépède

Né le 12 février 1941 à Oran (Algérie) ; professeur dans l’enseignement supérieur ; conseiller d’État ; militant socialiste de Paris, animateur de la Nouvelle revue socialiste, d’associations gravitant autour du Parti socialiste, proche du président de la république François Mitterrand, membre de cabinets ministériels, conseiller de Paris.

Né le 12 février 1941 à Oran (Algérie), où son père, militant au Parti socialiste, travaillait dans une entreprise de transports, Maurice Benassayag fit une partie de ses études au lycée de Tiaret en Algérie, avant de rejoindre le lycée Jeanson de Sailly à Paris. Inscrit à la faculté de Paris-Sorbonne, il y obtint la licence et un diplôme d’études supérieures de lettres.

Il commença sa carrière professionnelle comme professeur dans le second degré. Marié en 1964 avec Jacqueline Pradel, cadre bancaire, il était père de deux enfants, David et Amélie.

Hostile à la politique suivie par la SFIO, il se tient au milieu des années 1960 à l’écart des partis politiques, tout en s’intéressant au bouillonnement intellectuel qui agitait la gauche non communiste. En 1966, il participa à la création à Paris du club Convention. Dans le XVe arrondissement, il y côtoya Gisèle Halimi, Louis Le Pensec, Charles Josselin. L’année suivante, il adhèra à la Convention des institutions républicaines (CIR) et fonda avec Stelio Farandjis, Michel Fichant et Jacques Guyard le club Démocratie et Université. À cette époque, il était chargé de cours à l’université de Paris. En 1968, affichant son réformisme, il anima à la faculté un groupe de la FGDS.

Membre du groupe permanent de la CIR de décembre 1969, réélu en décembre 1970, il intégra le bureau de la convention. Il était parmi les jeunes qui montaient dans l’entourage de François Mitterrand. Il participa en 1970 au collectif qui rédigea le Contrat socialiste proposé par la Convention et diffusé dans l’ouvrage de François Mitterrand, Un socialisme du possible.

Membre du comité directeur du Parti socialiste après le congrès d’Épinay en juin 1971, il appartint à la majorité réunie autour du premier secrétaire François Mitterrand ; il fut constamment réélu jusqu’en 1980.

Dans les années 1970, il mena une carrière universitaire à l’École des Hautes études en sciences sociales (1972-1979), à l’IEP de Lyon (1974-1976), puis à Paris IX.

S’il fut candidat en 1973 aux législatives, s’il mena la guérilla contre le CERES à Paris, c’est surtout dans le domaine de la formation des militants et dans l’expertise qu’il s’investit dans la vie du PS. En juin 1973, après la disparition de la Revue socialiste (revue mensuelle lancée en 1946 qui paraissait épisodiquement depuis 1971 et dont l’existence s’est achevée avec le numéro 231), François Mitterrand le chargea de doter le PS d’une revue théorique qui puisse contrebalancer celles publiées par les courants, notamment le CERES (Frontières,Repères...). Maurice Benassayag, rédacteur en chef, proposa un changement de titre et de formule : le premier numéro de la Nouvelle revue socialiste (NRS) parut en avril 1974. Cette fonction lui assura dans le PS un poste de délégué « auprès du Premier secrétaire, chargé de la NRS » dès la fin de 1975. Durant près de cinq années, il fit vivre cette revue dont François Mitterrand fut le directeur politique jusqu’en mai 1981.

Maurice Benassayag devint directeur adjoint à la suite du congrès de Metz (1979) et Françoise Castro le remplace au poste de rédacteur en chef qu’elle laissa à Alain Meyer en mai 1981. D’incessantes modifications s’accompagnèrent de fréquents renouvellements de la formule et de la maquette de la revue officielle du PS, témoignaient des difficultés rencontrées par la NRS pour trouver un large public. On retrouvait dans les premiers numéros, les noms de Pascal Ory, Alain Meyer, Philippe Machefer, Alain Houlou, Gérard Delfau... Pour Emeric Bréhier, auteur d’une thèse de science politique sur les revues de gauche, « cette participation importante d’une nouvelle génération d’universitaires et de hauts cadres de la fonction publique montrait le renouvellement des milieux intellectuels socialisants : aux côtés des historiens, la montée en puissance des experts techniciens réunis dans différents groupes collaborant de plus en plus avec la revue. Mais leur parcours soulignait surtout leur attachement à une stratégie politique et une seule : l’Union de la gauche. La revue soutint la ligne politique du Parti.

En 1975, Maurice Bensassayag publia dans la collection "Les grands révolutionnaires" éditée par Martinsart, qui faisait appel à de nombreux collaborateurs membres du Parti socialiste, une étude sur Charles Fourier.

À nouveau candidat aux législatives en 1978 dans la première circonscription de Paris, il fut battu au second tour par le gaulliste Pierre-Charles Krieg, par 16 906 voix contre 11 774. Mais il est élu conseiller de Paris en 1983.

Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, il fut nommé directeur du cabinet de Raymond Courrière, secrétaire d’État aux rapatriés, de 1981 à 1983. En 1983, il fut nommé maître de requête au Conseil d’état.

Délégué aux Rapatriés, rattaché à Jean-Louis Bianco, ministre aux Affaires sociales et à l’Intégration, dans le gouvernement de Michel Rocard en 1988, il fut remplacé avec son accord, en juillet 1991, par un secrétaire d’État, Laurent Cathala. De son expérience contrastée à ce poste, il dit dans Libération le 18 juillet 1991, que celui qui a la charge des rapatriés est « moins le représentant du gouvernement après de la communauté que le représentant de la communauté auprès du gouvernement ». Nommé en 1991, il fut délégué à l’Innovation sociale et à l’économie sociale, jusqu’en avril 1993. Le 20 avril 1993, il fut chargé de mission auprès du Président de la République jusqu’en mai 1995.

Toujours militant de la IVe section du PS (qui comptait alors une centaine de militants), il fut conseiller de Paris de 1983 à 1989, date à laquelle il cèda son siège à Albert Sernissi (PS). Aux législatives de 5 et 12 juin 1988, il fut battu au second tour par Jacques Dominati (UDF) dans la 1ère circonscription de Paris (arrondissements 1, 2, 3, 4). Arrivé en tête de la gauche au premier tour avec près de 36 % des suffrages, il recueillit 19 652 des voix (47,26 %) contre 21 927 (52,73 %) à son adversaire.

Maurice Benassayag resta très actif dans le secteur associatif qui gravitait autour du Parti socialiste, en proximité politique avec le président de la République : il fut secrétaire général de Socialisme et judaïsme (1980-1982), vice-président d’Échanges et projet (1980-1981), et en 1982, fondateur des clubs Espaces 89, club notamment animé par Françoise Castro, femme de Laurent Fabius. Il lança aussi Démocratie(s), dont le manifeste s’intitule « vive la politique ». Il fut président de l’association pour les valeurs républicaines (AVRE), créée en 1995, qui publia "Actes et paroles". Elle regroupait une centaine d’adhérents, la plupart anciens ministres et membres de cabinets de la gauche (Hubert Védrine, Michel Charasse, Jean-François Mari) qui défendaient l’action réformatrice des socialistes au gouvernement et cherchaient à concurrencer la fondation Saint-Simon sur le terrain des idées, en publiant et diffusant également des notes. Il était membre de l’Institut François Mitterrand.

En 1995, Maurice Benassayag fut nommé conseiller d’État ; il fit valoir ses droits à la retraite en octobre 2005. Depuis 1998, il était membre de la CNIL (commission nationale informatique et liberté).
En 2005, il était vice-président d’Alstom-transport, chargé des relations extérieurs du groupe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16201, notice BENASSAYAG Maurice, Jules par Frédéric Cépède, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2021.

Par Frédéric Cépède

SOURCES : Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1977. — Article de Nicole Gauthier, Libération, 18 juillet 1991. — Émeric Bréhier, Les revues politiques de la gauche non communiste de 1958 à 1986, thèse de doctorat de science politique (dir. Pierre Avril), Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 2000. — H. Coston (dir.), Dictionnaire de la politique française, t. 3, p. 59-61 (publie la profession de foi de 1978).

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