REISSER Antoine

Par Jean-Noël Dutheil

Né le 30 octobre 1862 à Moulins (Allier), mort à l’Hôpital Saint Joseph de Moulins le 1er septembre 1899 ; ouvrier cordonnier ; blanquiste-vaillantiste, gérant de journaux, pionnier du socialisme dans l’Allier.

Fils d’un ouvrier cordonnier, ouvrier cordonnier lui-même, Antoine Reisser habita chez ses parents au moins jusqu’en 1881. Son frère François, son cadet de seize ans, fut secrétaire de la Bourse du Travail de Montluçon de 1918 à 1920. Après avoir travaillé en 1888 à l’Arbresles, Montbrison (Loire) et à Lons le Saulnier (Jura), il revint dans l’Allier à Souvigny, 13 rue de la Verrerie (1890) et Moulins (1891). Il fut l’un des pionniers du socialisme dans l’Allier se mêlant à l’agitation révolutionnaire à Montluçon, à Moulins et à Commentry. Après Graillot et Moreau, il fut le troisième gérant du Tocsin, l’organe du Parti Ouvrier de la Région du Centre qui parut à partir du 15 novembre 1890. Puis il devint gérant du Parti Socialiste, hebdomadaire paraissant à Vierzon à partir de 1892 qui devint l’organe du CRC (Comité Central Révolutionnaire) puis du PSR. Son activité lui valut plusieurs condamnations pour faits politiques.

Antoine Reisser habita à Paris de 1894 à 1896 changeant souvent d’adresses où lors des élections législatives, il lutta pour la défense de la République sociale. Au moment de son procès, il logeait 2 rue Courtalon (Paris Ier arr.) dans une maison borgne, aux murs crasseux et presque entièrement délabrée. Il était selon ses amis, dévoué, intelligent, actif, généreux. Victime de la loi du 12 décembre 1893, Antoine Reisser fut poursuivi le 10 février 1894 en tant que gérant du journal Parti Socialiste avec Jules Louis Breton, auteur d’un article publié le mois précédent dans lequel M. Carnot était menacé de mort s’il ne graciait pas Auguste Vaillant. Il tenta de sauver son ami en offrant de déclarer que la note incriminée était de lui, pour les enquêteurs Antoine Reisser passait pour s’occuper beaucoup des questions anarchistes. Ces arrestations entraînèrent les protestations du Comité Socialiste de Moulins et du Comité de rédaction du Tocsin, condamnées par Millerand comme une atteinte à la liberté de presse : « nouvel épisode de la guerre entreprise par le Ministère contre les syndicats ouvriers et contre les socialistes. » L’affaire vint devant la Cour d’Assises, ils furent défendus par René Viviani. Antoine Reisser fut acquitté mais Jules Louis Breton fut condamné pour ses écrits à deux ans de prison et 1 000F d’amende.

Les socialistes auvergnats créèrent une édition indépendante qui rompit avec celle du Tocsin Populaire de Commentry, Antoine Reisser participa au petit noyau de publicistes régionaux qui formèrent le comité de Rédaction du journal : Le Tocsin d’Auvergne (premier numéro, 21 janvier 1899). Il y retrouva le chapelier moulinois Gilbert Morel.

Le 5 juin 1899, il fut réformé militaire pour une tuberculose pulmonaire, le 1er septembre, il décéda, célibataire, à l’Hôpital Saint Joseph de Moulins.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162135, notice REISSER Antoine par Jean-Noël Dutheil, version mise en ligne le 3 août 2014, dernière modification le 3 août 2014.

Par Jean-Noël Dutheil

SOURCES : Arch. Dép. Allier, 1R641. — Guy Rousseau Le temps du Gouyat, l’enracinement socialiste dans le Puy de Dôme 1870-1914, thèse de 3e cycle, 29 novembre 1982, université Blaise Pascal. — Georges Rougeron, La Presse Bourbonnaise sous la III République. — Le Tocsin, 10 février 1894. — Le Matin, 1er et 11 février 1894. — Journal des débats politiques et littéraires, 1er et 10 février 1894.

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