BÉNÉ Charles, René

Par Madeleine Singer

Né le 23 août 1919 à Saint-Jeoire-en-Faucigny (Haute-Savoie), mort le 19 novembre 2005 à Meylan (Isère) ; professeur de l’enseignement supérieur ; membre du comité national du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) de 1953 à 1966.

Charles Béné, son frère jumeau et son frère cadet, étaient tous trois les enfants d’André Béné qui tenait avec sa femme, née Louisa Jacquart, un commerce de nouveautés. Il passa son baccalauréat à Annecy en 1938 et prit un poste d’instituteur. Faisant partie de la classe 1939 (2e contingent), il fut mobilisé le 15 avril 1940 au 4e régiment de génie à Grenoble ; affecté à l’école militaire d’application du génie à Versailles, il fut replié à Périgueux, puis à Toulouse et entra alors aux Chantiers de jeunesse où, comme appelé en temps de guerre, il dut terminer les trois ans de service obligatoire de la classe 1939. Il rejoignit ensuite jusqu’à la Libération l’Armée secrète de la Résistance en Haute-Savoie. Il s’était marié en juillet 1942 avec Marie-Thérèse Crétin, institutrice, qui faisait partie de la Paroisse universitaire. Ils eurent trois enfants : un fils médecin et deux filles professeurs, l’une agrégée de lettres, l’autre s’occupant à l’Université de la formation des étrangers.

En 1938 Charles Béné avait entrepris à Besançon (Doubs) une licence de lettres ; il la termina en 1944 et enseigna alors au lycée d’Annecy, puis au collège de La-Roche-sur-Foron ; il fut reçu en 1946 au certificat d’aptitude à l’enseignement des lettres classiques. Nommé en 1949 à l’École normale de Bonneville, il fut admis en 1955 à l’agrégation de grammaire. Inscrit en 1962 sur la liste d’aptitude à l’Enseignement supérieur, à la suite de la publication d’un article sur Erasme et le chapitre huit du premier Pantagruel, il fut aussitôt nommé assistant à la faculté des lettres de Grenoble. Il devint successivement maître-assistant, chargé d’enseignement, maître de conférences, puis directeur de l’IPES en 1973.

Professeur titulaire de littérature française l’année suivante, il prit sa retraite en cette qualité le 1er octobre 1984. Il avait jusqu’alors assuré en outre en heures supplémentaires l’enseignement de la linguistique dans les Écoles normales de Grenoble, de Valence et de Privas. Il avait en 1970 soutenu en Sorbonne sa thèse, Saint Augustin et l’humanisme d’Erasme, accompagnée d’une thèse complémentaire, Rabelais et l’éducation humaniste.

Scout de France pendant ses études primaires, Charles Béné fréquenta la Paroisse universitaire avant-guerre ; il lisait alors des journaux tels que Sept ou Temps présent. Il adhéra au SGEN dès son arrivée au lycée d’Annecy, essentiellement, dit-il, parce que ce syndicat défendait la liberté religieuse, ce qui n’était le cas, pensait-il, ni du SNI, ni du SNES. Membre du Bureau SGEN de Haute-Savoie, il fit la connaissance d’André Henry* lors d’une réunion nationale, sans doute au congrès de mars 1953 où il fut élu au comité national ; il y siégea jusqu’en 1966. Aussi, lors des élections à la Commission administrative paritaire nationale (CAPN) des Écoles normales en 1955, il figura sur la liste SGEN juste après A. Henry et il demeura candidat ultérieurement jusqu’à sa nomination en Faculté.

Lorsqu’en 1956 la section des professeurs d’École normale se structura, il devint l’adjoint d’André Henry* et se chargea de la perception des cotisations des adhérents. Cette procédure dérogatoire - les autres membres du SGEN cotisant à l’échelon académique- avait été obtenue du bureau national afin d’assurer une meilleure cohésion de la section, alors fort minoritaire. En même temps il rédigeait avec A. Henry le bulletin de liaison qu’on envoyait périodiquement aux adhérents SGEN des Écoles normales ainsi qu’aux secrétaires académiques. Il se chargea d’ailleurs en 1961 de présenter ce bulletin dans Syndicalisme universitaire ; il rappela les thèmes abordés depuis sa création en 1956, notamment la législation particulière des Écoles normales (maximum de service, heure de direction morale et pédagogique, etc.), la doctrine SGEN sur les Écoles normales, la réforme de l’enseignement, enfin depuis un an le problème du transfert des classes de baccalauréat dans les lycées. Le référendum organisé parmi les adhérents rejetait aussi bien le statu quo que le transfert immédiat, réclamait une évolution prudente et progressive des Écoles normales en Institut de formation professionnelle.

Quand Charles Béné fut nommé en faculté, il y redevint simple adhérent tout en acceptant en 1969 d’être candidat au Conseil consultatif des Universités pour la grammaire et la philologie (ancien et moyen français). Mais il continua à participer au bureau de la section École normale où on le retrouva tout au long des années suivantes, notamment quand ce bureau organisa la journée d’études du 23 janvier 1966 sur la collaboration École normale-Enseignement supérieur pour la formation des instituteurs ; Charles Béné se chargea du rapport sur le français. Il quitta toutefois le SGEN en même temps que Paul Vignaux* en 1974.

Responsable jusqu’à la retraite de l’Orphelinat de l’Enseignement supérieur, il poursuivit ensuite ses publications sur l’œuvre d’Erasme et fut élu membre du Conseil international pour l’édition des œuvres complètes d’Erasme, assurant lui-même la parution des Enarrationes in Psalmos. En outre ayant découvert grâce à un collègue de Belgrade l’humanisme de la côte dalmate, il étudia le serbo-croate. Se consacrant depuis 1989 à l’humanisme slave, il participa à divers congrès sur ce sujet. Il publia une vingtaine d’articles sur le plus grand humaniste dalmate, Marcus Marulus de Split, et fit pendant cinq ans une enquête sur la diffusion de l’humanisme croate dans le monde. Aussi dans le cadre d’un congrès consacré au 17e centenaire de la fondation de la ville de Split, célébré à l’Unesco, il fut invité à faire une conférence, le 8 janvier 1997, à la Maison de l’Europe, à Paris. il était commandeur des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16216, notice BÉNÉ Charles, René par Madeleine Singer, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 17 août 2021.

Par Madeleine Singer

SOURCES : École et Éducation (1951-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1969). — Lettres de Charles Béné à M. Singer, 18 septembre 1995, 21 juin 1996, 7 décembre 1996, 23 décembre 1996 (AP).

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