Né le 25 décembre 1925 à Paris (XIIIe ar.), mort le 12 mai 2020 à Saint-Philibert-sur-Misle (Eure) ; acteur de théâtre et de cinéma ; syndicaliste CGT des acteurs.
Fils d’Henri Piccoli, violoniste d’origine italienne, et de Marcelle Expert-Bezançon, pianiste professeure de musique, fils unique, Michel Piccoli était du côté maternel le petit-fils de l’industriel Charles Expert-Bezançon, un des principaux fabricants du « blanc de plomb » (céruse), qui fut maire du XIIIe arrondissement et sénateur au tournant du XXe siècle. Sa famille était catholique mais il s’éloigna de la foi et affirma même un certain anticléricalisme aux côtés de Louis Buñuel. Ses parents étaient favorables à De Gaulle pendant l’Occupation. Il passé son enfance à Paris, dans le quartier de la place d’Italie (XIIIe arr.), fréquenta l’École alsacienne et vécut un an et demi en Corrèze pendant la guerre. Après avoir raté le baccalauréat, ce jeune réservé, fit une formation de comédien au cours d’Andrée Bauer-Thérond et au cours Simon. Il fut figurant dans Sortilèges de Chistian-Jaque en 1945 puis eut son premier vrai rôle au cinéma avec le réalisateur communiste Louis Daquin dans Le Point du jour en 1948 et au théâtre avec Jean-Louis Barrault. Mais c’est surtout ses rôles sous la direction de Louis Bunuel qui l’imposèrent. Parallèlement au cinéma, il resta acteur de théâtre,au sein des compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot, puis au théâtre de Balylone (une coopérative ouvrière) où il rencontra l’actrice Eléonore Hirt qu’il épousa. Le couple eut une fille, Anne Cordélia. Il joua sous la direction des metteurs en scène Jacques Audiberti, Jean Vilar, Jean-Marie Serreau, Peter Brook, Luc Bondy, Patrice Chéreau.
Il ne négligea pas la télévision, travaillant avec Stellio Lorenzi et Marcel Bluwal.
En 1973, tout en continuant à jouer avec des cinéastes exceptionnels (Godard, Melville, Resnais, Clément, Vadim, Demy, Ferreri, Bellocchio, Sautet, de Olivera, Hitchcock, Moretti...), il fut également producteur et réalisateur.
Il accompagna Juliette Gréco en URSS début 1967. Il se maria avec elle en 1966 puis épousa en 1978 Ludivine Clerc, scénariste. Ils adoptèrent deux enfants d’origine polonaise.
Acteur renommé, il était vice-président du Syndicat Français des Acteurs (CGT) en 1964.
Se situant constamment à gauche, il fut membre du Mouvement de la paix et se mobilisa contre l’extrême droite, notamment contre le Front national. Il aida financièrement la Ligue communiste dans les années 1970 en se portant garant de l’emprunt que fit cette organisation pour monter son imprimerie, Rotographie, et il soutint des associations des droits de l’homme dont Amnesty international. Il appela à voter Mitterrand en 1981 et continua à apporter sa caution à la mouvance socialiste ; il semble avoir été un temps membre du Parti socialiste.
En septembre 1977, il aida les Secours populaire français SPF àmener un vaste opération de collecte en produisant un disque avec des chansons d’auteurs/compositeurs célèbres. Michel Piccoli se chargea de contacter les artistes pressentis et d’obtenir la gratuité des droits. Le coût de revient du disque était de 4 francs et il fut vendu 40 francs. Le disque sorti le 20 décembre 1977, avec des chansons de Georges Brassens, Julien Clerc, Jean Ferrat, Juliette Gréco, Maxime Le Forestier, Colette Magny, Yves Montand, Mouloudji, Georges Moustaki, Serge Reggiani, Francesca Solleville et Anne Sylvestre. IL fut placé sous le parrainage de Michel Piccoli et ce fut un très grand succès. Les bénéfices furent destinées au financement des cantines populaires du Vicariat de la solidarité qui nourrissaient chaque jour 30 000 enfants. Chaque disque vendu permettait d’offrir huit repas (début 1978, le Secours populaire offrait chaque mois 250.000 repas). Pour faciliter sa diffusion, un jeu de diapositives sortit en avril, commenté par Laurent Terzieff. Les artistes s’investirent dans la promotion : Francesca Solleville participa à Brest à un spectacle de 600 personnes et passa deux semaines au Chili, Jean Ferrat s’impliqua dans les réunions, Julien Clerc dédicaça le disque à Champigny pour la Fête des mères.
En 1989, Michel Piccoli fut signataire des États généraux de la solidarité célébrant le bicentenaire de la Révolution française et établissant les Nouveaux cahiers de doléances.
Avec son ancienne épouse, Juliette Gréco, et l’acteur Pierre Arditi, il défendit en 2009 la loi Création et Internet.
OEUVRE : Michel Piccoli avec Gilles Jacob, J’ai vécu dans mes rêves, Grasset, 2015, 148 p.
SOURCES : La Vie ouvrière, nº 1057, 2 décembre 1964, p. 18. — Sites internet.— J’ai vécu dans mes rêves, op. cit.. — Le Monde, 19 mai 2020. — Le SPF, rue Charlot à Paris