Par Roger Martin, Renaud Poulain-Argiolas
Né le 15 janvier 1908 à Moussey (Vosges), mort le 12 mai 1944 entre Compiègne (Oise) et Buchenwald (Allemagne) ; ouvrier du textile ; syndicaliste CGT ; militant communiste des Vosges ; résistant ; déporté.
Le recensement de la population de 1911 à Moussey permet d’avoir un aperçu de la cellule familiale : Jules Bénitte (chef de famille), né en 1865 à Étival (probablement Étival-Clairefontaine, commune voisine des Vosges), tisserand ; Marie Céline Receveur (épouse), née en 1870 à Moyenmoutier (Vosges), tisserande ; leurs enfants : Marcelline (1894), Juliette (1896), Valentine (1898), Marthe (1905) et Marcel (comprendre : Georges, Marcel). Dans l’année 1911 naquit également un autre enfant : Georges, Roger.
Ouvrier textile à Moyenmoutier, Georges Benitte fut d’abord secrétaire du syndicat du textile puis de l’Union locale CGT de cette ville, avant d’entrer au Parti communiste en 1936. Il fut membre de commission administrative de l’UD-CGT des Vosges de 1936 à 1939, et collabora au journal de l’UD, Vosges ouvrières. Il fut une des victimes de la répression qui suivit la grève du 30 novembre 1938 : il fut licencié de l’entreprise dans laquelle il travaillait, et condamné à une forte amende et trois mois de prison avec sursis pour son action dans la grève.
Mobilisé en 1939, G. Benitte fut arrêté et incarcéré comme militant communiste au printemps 1940. Il s’évada du fort Barreau après la débâcle, et se lança dans l’action clandestine.
Son dossier au Secrétariat d’état aux Anciens Combattants le présente comme mécanicien et domicilié à Vincennes (Seine), sans préciser à quel moment : après son licenciement ou son évasion ?
Responsable dans la clandestinité du Front national et des FTP, il fut arrêté le 10 février 1942 à Châlons-sur-Marne (une autre pièce de son dossier donne le 12 février 1942 à Paris XVIIe arr. sur dénonciation par la Police française). Georges Benitte fut incarcéré à la prison de la Santé, puis à Fresnes, Poissy, Melun, Châlons, et fut condamné le 3 juillet 1942 par la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris à quatre ans de prison.
Les circonstances de sa mort varient selon les sources. D’après Les Vosges nouvelles, dirigé sur le camp de Compiègne le 12 mai 1944, au cours du transfert, il sauta du wagon, mais, blessé au mollet, il fut repris et abattu sur place par les Allemands. D’après son dossier au Secrétariat d’état aux Anciens Combattants, parti de Compiègne pour Buchenwald, il fut tué lors d’une tentative d’évasion du convoi qui l’emmenait vers le camp le 12 mai 1944. Le récit du résistant Roger Chaigneau, présent dans le convoi I. 211 au départ de Compiègne et à destination de Buchenwald, confirme cette dernière hypothèse. En effet, celui-ci cite Georges Bénitte parmi les protagonistes de la tentative d’évasion décrite dans Le Serment en 1994. Alors que Chaigneau et Paul Esnault, initiateurs de l’action, réussissaient à s’enfuir avec quelques autres, Georges Bénitte et Georges Amable étaient abattus par les Allemands. Le Livre-Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation recense lui aussi Georges Bénitte parmi les morts du trajet entre Compiègne et Buchenwald accompagné de la mention "Lors du transport pendant une tentative d’évasion".
Georges Benitte reçut le titre de déporté et son décès fut fixé à Buchenwald le 12 mai 1944. Il fut homologué membre de la Résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national.
En 1952, sa femme était employée au Comité central du Parti communiste.
Le Service historique de la Défense de Vincennes dispose d’éléments le concernant dans ses archives.
Par Roger Martin, Renaud Poulain-Argiolas
ŒUVRE : Collaboration aux Vosges ouvrières, de 1937 à 1939.
SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 47365 (nc). — Les Vosges ouvrières, 1937-1939. — Les Vosges nouvelles, 12 août 1945.— BAVCC, Caen — Recensement de la population, Moussey (Vosges), 1911 (6M878-108784). — Le Serment n°236, bulletin bimestriel de l’Association française Buchenwald, Dora et Commandos, mai-juin 1994 (pp. 4-5). — Livre-Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Site Filae. — Notes de Jean-Pierre Besse.