Par Daniel Grason
Née le 19 novembre 1915 à Kichinev puis Chisinau en Bessarabie (Roumanie, Union soviétique, Moldavie), morte en 1944 à Auschwitz (Pologne) ; couturière ; militante de la Main d’Œuvre immigrée (M.O.I) ; résistante déportée.
Fille de Pilkas et de Sophie Vassilkewski, Menika Chilischi titulaire d’un passeport roumain entra en France le 28 octobre 1937 venant de Suisse. Elle habita 9 rue Baudelique à Paris (XVIIIe arr.), elle vivait avec son ami Jacov Stambul 43 avenue Richaud à Arcueil (Seine, Val-de-Marne). Tous les deux militaient à la Main d’Œuvre immigrée. Joseph Dawidowicz, commissaire politique des FTP-MOI de la région parisienne fut identifié par la police le 18 octobre 1943. Il était responsable aux effectifs, coordonnait le travail politique, disposait de liaisons avec la direction de la M.O.I. et avec celle des FTP, il en était également le trésorier, un poste clef. Le 26 octobre des inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent, les perquisitions de ses domiciles clandestins permettaient de découvrir des listes d’effectifs, des comptes rendus d’activité de la M.O.I, un état numérique dactylographié des divers détachements, etc.
Le 17 novembre 1943 soixante-sept membres des FTP-MOI et de la M.O.I étaient interpellés dont Menika Chilischi à Arcueil à 12 heures 30 par deux inspecteurs de la BS2 et Jacov Stambul sur son lieu de travail. Elle était en possession d’une carte d’alimentation de la mairie du IVe arrondissement de Paris dont la mention « Juive » était effacée, une fausse carte d’identité revêtue de sa photographie au nom de Monique Veja qui portait le cachet d’une mairie du Calvados, un carnet annoté… Elle était titulaire d’un récépissé de demande de carte d’identité d’étranger renouvelé périodiquement, qui avait expiré le 5 mars 1943.
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, elle fut accusée d’« activité communo-terroriste ». Le 25 elle était remise aux Autorités allemandes, incarcérée à Fresnes. Elle fut transférée et internée sous le matricule 11825 le 20 janvier 1944 au camp de Drancy réservé aux Juifs. Elle déposa six-cent quarante francs à l’administration du camp (carnet de fouille n° 62, reçu n° 25).
Le 3 février 1944, Menika Chilischi était dans le convoi n° 67 de 1214 déportés, hommes et femmes à destination d’Auschwitz, 985 furent gazés à leur arrivée au camp. Le 27 janvier 1945 quand l’armée Soviétique libéra le camp il ne restait que 26 survivants de ce convoi dont 12 femmes, Menika Chilischi était morte.
Jacov Stambul déporté à Buchenwald fut libéré le 27 janvier 1945. Hébergé au centre d’accueil de l’Hôtel Lutétia, boulevard Raspail, Jacov Stambul témoigna sur les circonstances de son arrestation et sur celle de son amie Menika Chilischi le 4 mai 1945 devant la commission rogatoire présidée par un Juge d’instruction. La concernant, il déclara : « À ma connaissance, mon amie n’a pas été victime de sévices » lors de son interrogatoire.
Le nom de Menika Chilischi a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. GB 137 BS2, PCF carton 15 rapports hebdomadaire des Renseignements généraux sur l’activité communiste du 29 novembre 1943, 77W 783, 77W 3111. – Site internet CDJC. — Photo cliché famille Stambul.