PIVETEAU Germaine, Hélène, épouse REINERT, puis SANCHEZ. Pseudonyme dans la Résistance : Alberte

Par Jean Quellien, Claude Pennetier, Jean-Paul Nicolas

Née le 25 décembre 1916 à Sainte-Marie-des-Champs (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), morte le 14 mai 2011 à Mâcon (Saône-et-Loire) ; institutrice ; militante communiste.

Germaine Piveteau
Germaine Piveteau

Fille de Jean-Baptiste Auguste, jardinier à l’évéché de Luçon (Vendée), puis employé aux chemins de fer en 1916, et de Célie Rose Marie Louise Morin, mère au foyer, née dans une famille pauvre de six enfants qui ne partageait pas ses idées, Germaine Piveteau disait s’en être sorti grâce à l’école. Son père travaillant à Yvetot (Seine-Inférieure), elle entra à l’École normale d’institutrices de Rouen à la rentrée 1932, à l’âge de 15 ans et dix mois. Elle rejoignit très jeune le Parti communiste aux alentours du milieu des années trente. Ainsi, le jour de ses 21 ans, en décembre 1937, elle était déléguée au IXe congrès du PCF à Arles, représentant le département de Seine-Inférieure. Avec elle dans cette délégation, une seconde femme représentait ce département : Yvonne Dumont.

Institutrice dans la région de Fécamp en 1939, dans le village de Saint-Léonard, elle était secrétaire de la section communiste de Fécamp. Elle fut arrêtée le 2 septembre 1939 et condamnée le mois suivant à un an de prison pour avoir écrit et diffusé un tract contre la saisie du journal communiste l’Humanité. Internée au Havre, puis à Rouen, elle fut transférée à Evreux, où les détenus politiques furent libérés en juin 1940 en raison de l’avance allemande. Elle rejoignit sa famille, en Vendée, où elle renoua des contacts avec des militants communistes locaux. Travaillant aux champs dans une ferme de Saint-Gemme-la-Plaine (Vendée) et victime d’une dénonciation, elle fut de nouveau arrêtée en décembre 1940, en compagnie de Madeleine Etard, de Brionne dans l’Eure, une femme de lettres communiste échappée d’Evreux comme elle. Les deux femmes furent emprisonnées, puis placées en résidence surveillée aux Sables-d’Olonne.
Puis, Germaine Piveteau échappa à cette surveillance au printemps 1941 et gagna Rouen où elle contacta Valentin Feldman et Georges Déziré, responsable communiste de la Seine-Inférieure. Devenue clandestine, on décida de l’envoyer dans le Calvados.

À l’automne 1941, sous le pseudonyme d’ "Alberte", elle fit partie du nouveau triangle de direction du Parti communiste clandestin avec Henri Messager et Louis Canton. Ses tâches principales consistaient à diffuser des tracts auprès des ouvriers des chantiers navals de Blainville, des métallurgistes de Colombelles ou des cheminots de la gare de Caen, à assurer les liaisons en parcourant à vélo les routes du département et à prendre de nombreux contacts avec des non-communistes en vue de la constitution du Front national.

Devenue la compagne du cheminot Charles Reinert, qu’elle épousa plus tard le 9 décembre 1944 à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine), elle partagea avec lui un appartement, rue Saint-Pierre à Caen, point de rencontre pour les clandestins, où fut également installée une ronéo qui servit à tirer les tracts qu’elle rédigeait. Au printemps 1942, peu après l’arrestation de Canton et Messager, elle fut victime de ses liens avec Georges Déziré. Arrêté par les Allemands puis évadé dans des conditions qui parurent suspectes, ce dernier fut accusé, à tort, de trahison par ses camarades qui l’exécutèrent après un jugement sommaire le 17 mars 1942. Proche de Déziré, Germaine Piveteau tomba alors en disgrâce. Elle fut rétrogradée à la base, privée de ses responsabilités et des ressources financières allouées par le parti. Cet épisode la marqua durablement, même si elle en parlait peu.

Bien que désorientée par cette mesure, elle continua néanmoins la lutte à son niveau. En raison de la vague d’arrestations qui, depuis décembre 1942, frappait la Résistance communiste dans le Pays d’Auge et à Caen, à la suite de sabotages commis sur la voie ferrée Paris-Cherbourg, Germaine Piveteau et Charles Reinert décidèrent de quitter le Calvados en janvier 1943, pour se réfugier dans le sud de la France, où ils restèrent jusqu’à la fin de l’Occupation.

Elle fut un temps employée par l’Humanité puis demanda sa réintégration dans l’enseignement et exerça en région parisienne. Divorcée de Charles Reinert avec qui elle avait eu deux fils, Max et Jean, elle se remaria le 11 octobre 1957 à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine) avec Martin Sanchez, militant communiste, employé à la mairie de Nanterre. Le couple eut un nouveau garçon, Pierre, en 1954, puis une fille, Martine, en 1957, mais divorça en mai 1969. Martin Sanchez devint directeur d’un centre de vacances de la SNECMA dans le Jura.

Germaine Piveteau occupa la fonction de conseillère municipale de Nanterre de 1955 à 1968. Elle fut déléguée à la culture et suivit la création du Théâtre des Amandiers mais des désaccords avec la majorité municipale, portant notamment sur la politique culturelle, l’amenèrent à quitter le conseil. Les événements de l’année 1968, en particulier ceux de Tchécoslovaquie, l’évolution de ses deux premiers enfants dans le sillage du mouvement de mai, contribuèrent à son éloignement du Parti communiste. Sa démission du Parti, envoyée par écrit au Comité central, donna lieu à une réponse écrite signée Waldeck-Rochet le 21 janvier 1969. Le secrétaire général prenait acte de cette démission en signalant que son conflit avec la section de Nanterre ne pouvait se régler que localement.

Parmi les femmes, figures du PCF, avec qui elle garda durablement des liens figuraient Yvonne Dumont, Juliette Dubois-Plissonnier et Maria Rabaté.

Sa carrière d’enseignante s’est déroulée à Nanterre notamment à l’école primaire du boulevard du Midi. Elle devint en 1969 PEGC et finit sa carrière au collège Romain Rolland de Nanterre comme professeur de français-histoire-géographie.

Retraitée en 1972, installée en Saône-et-Loire, dans le village de Buffière, elle n’eut plus de militantisme mais continua à voter communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162525, notice PIVETEAU Germaine, Hélène, épouse REINERT, puis SANCHEZ. Pseudonyme dans la Résistance : Alberte par Jean Quellien, Claude Pennetier, Jean-Paul Nicolas, version mise en ligne le 11 mai 2016, dernière modification le 19 novembre 2021.

Par Jean Quellien, Claude Pennetier, Jean-Paul Nicolas

Germaine Piveteau
Germaine Piveteau
Germaine Piveteau à l'école normale de Rouen, année scolaire 1933-34, située à droite sur la photo.
Germaine Piveteau à l’école normale de Rouen, année scolaire 1933-34, située à droite sur la photo.
Colonie de vacances, été 1939. Les deux monitrices sont : à gauche Yvonne Dumont et à droite Germaine Piveteau.
Colonie de vacances, été 1939. Les deux monitrices sont : à gauche Yvonne Dumont et à droite Germaine Piveteau.

SOURCES : Archives de Jean Quellien. — Témoignages de deux enfants de Germaine P : Martine Sanchez (Lyon) et de Jean Reinert (Montpellier) recueillis par Jean Paul Nicolas été 2016. — L’Ouest éclair du 7 décembre 1940 Arrestations de deux femmes évadées d’Evreux à Sainte-Gemme-ia-Plaine. — État civil.— Notes de Jean-Paul Nicolas.

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