BRASSARD Édouard, écrit parfois BRASSART

Par Frédéric Dufetrelle

Né le 2 février 1859 à Inchy, mort le 17 janvier 1930 à Caudry ; ouvrier tulliste puis contremaître tulliste pour l’entreprise Soufflet. à Caudry (Nord) ; fondateur de la première société de secours mutuel en 1883, premier secrétaire du Syndicat des ouvrier tullistes et similaires en 1890

En 1883, Édouard Brassard fonda avec Jean-Baptiste Bracq, Raphaël Bracq, Danjou et Paringaux la première société de secours mutuel dont les membres se réunissaient par groupe de 19 au cabaret « A mo tiot Dupont » au 60, rue Gambetta. On y jouait au billion, on y tirait à l’arbalète en collectant les modestes cotisations qui devaient aider les familles touchées par la maladie ou la misère. Ils étaient tullistes, préparateurs en dentelles, tisseurs et pour se reconnaître portaient une casquette ornée d’un chariot de métier à dentelle.

Bravant la loi, Édouard Brassard et ses amis entendaient défiler ensemble place de l’Hôtel de Ville, au milieu des autres sociétés locales, les 14 juillet 18843. L’autorité préfectorale juge séditieuse cette manifestation et prononce la dissolution de la société. Cette dissolution ne peut manquer d’étonner. La loi sur les syndicats est en préparation et fut votée en fin d’année, et depuis plusieurs années déjà se sont constituées des chambres syndicales. Le défilé de la société de secours mutuel a-t-il été jugé séditieux à cause de l’attitude provocante de ses membres à l’égard du pouvoir, à cause des chants révolutionnaires entonnés et repris en chœur ?
En 1885, la caisse de secours mutuel put se reconstituer, officiellement cette fois et installe son siège chez Soufflet, rue du Tramway.
Il fallut attendre 1890 pour que soit fondé, sur le modèle calaisien, le Syndicat de l’union des ouvriers tullistes et similaires.

Édouard Brassard fut de la première équipe qui jeta les bases du syndicalisme ouvrier de Caudry. A ses côtés se retrouvaient Auguste Marliot (1852 -1911), Henri Sandras (1866 - ?), Ernest Plet (1864 - 1929), et Eugène Fiévet (1867 - 1910). Il fut élu secrétaire par ses collègues et occupa ce poste pendant deux années.

Son nom reste attaché à la première grève dite « grève des Bobinots » de 1891.
Cette grève des Bobinots marque encore la mémoire caudrésienne, par les incidents assez graves survenus au plus fort du mouvement, lorsque les grévistes attroupés devant l’usine BROAD, rue Nationale, furent chargés, « sabre au clair » par les gendarmes à cheval, sur ordre du sous-préfet.
Cet attroupement visait à empêcher l’entrée des ateliers aux « moutons noirs » embauchés parmi les non- grévistes. La caisse du syndicat était assez maigre après plus d’un an d’existence, la solidarité des ouvriers encore incertaine quand l’intervention de la force armée vint désorganiser le mouvement. Cette première grève fut un échec, les revendications n’étaient pas satisfaites, les ouvriers reprirent le travail à l’ancien tarif. Elle fut cependant le catalyseur d’une prise de conscience de la nécessité de l’union et de la mobilisation dans le monde ouvrier.

Aux élections municipales de mai 1892, huit ouvriers entrèrent au conseil municipal de Caudry. L’événement fait sensation, dans le Nord ; en effet, seul Roubaix compte des élus ouvriers. A. Marliot est élu 1er adjoint. Sandras, Plet et Fiévet entrèrent à la mairie avec le mandat de conseiller qu’ils quitteront tous solidairement en 1894.

Les archives ne font plus mention d’Édouard Brassard misson nom réapparaît lors de la grève de 1898 dite « grève des patrons » au moment où E. Plet exigea l’engagement écrit de chaque adhérent de se conformer à ses consignes. Édouard Brassard signa cet engagement et rappela au nouveau secrétaire les circonstances peu élégantes de son éviction.

Édouard Brassard habitait au 37 rue du Tramway et occupait un métier de dentelle chez Optet Soufflet. Le tout nouvel atelier avait été bâti place du Cambrésis en 1891.
Hormis la citation régulière de son nom à propos des syndicats ou de la grève des bobinots, rien ne le rappelle plus à la mémoire des habitants et le 1er mai les délégations ouvrières déposent leurs gerbes sur les tombes de ses successeurs.
Édouard Brassard eut six enfants (4 filles et 2 garçons) de sa première épouse Anna Tabary, épousée en février 1884 à Caudry et décédée en 1909 à l’âge de 46 ans, puis un fils de son second mariage avec Aline Blanchard épousée en août 1910 à Saint-Quentin, alors âgée de 34 ans avec deux enfants d’une précédente union.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162527, notice BRASSARD Édouard, écrit parfois BRASSART par Frédéric Dufetrelle, version mise en ligne le 14 août 2014, dernière modification le 17 février 2018.

Par Frédéric Dufetrelle

SOURCES : L’Ouvrier syndiqué, organe officiel de l’Union des chambres syndicales ouvrières des Bouches-du-Rhône et de la Bourse du travail de Marseille, 15 août 1891 (BNF, Gallica). — Notes de Louis Botella. — Papier de Ringeval, parus en 1937 sous formes d’articles dans le Journal du Cambrésis. —. Publications de de Léonce Bajart rassemblés par les Amis du Cambrésis en 1987. — Communication du Dr Claude Doyer, historien de Caudry, en janvier 2008.

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