BENNEZON Pierre, Paul, Jean

Par Yves Verneuil

Né le 27 avril 1914 à Méharicourt (Somme), mort le 6 septembre 2004 à Vallières-les-Grandes (Loir-et-Cher) ; professeur, puis inspecteur général ; membre du SNES, président de la Société des agrégés.

Fils d’un employé, Pierre Bennezon entra à neuf ans en sixième au lycée d’Amiens, où il fut le condisciple de Pierre Sénécat, son futur collègue au lycée Henri IV qui lui succéda à la tête de la Société des agrégés. Il obtint le baccalauréat en 1930, poursuivit jusqu’en 1934 ses études dans la khâgne du lycée Louis-le-Grand à Paris, mais échoua au concours de l’École normale supérieure. En 1936, il fut licencié ès lettres à la Sorbonne et en 1938, titulaire du diplôme d’études supérieures. Il se maria en septembre 1937 à Beauvais (Oise) avec Germaine, Mélina Colson.

Mobilisé en septembre 1939, il fut fait prisonnier en juin 1940 par les Allemands. En 1944, il fut reçu à l’agrégation de lettres, après des échecs qui lui valurent plus tard l’ironie de ses collègues non agrégés de la Fédération de l’Éducation nationale. Il enseigna au collège de Compiègne (Oise, 1944), au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe, 1946), puis au lycée Henri IV à Paris à partir de 1949.

En juillet 1950, Pierre Bennezon fut élu secrétaire général de la Société des agrégés, dans le but de succéder à Albert Sandoz, démissionnaire. En mars 1951, il en devint président. Sa présidence marqua l’apogée de la Société. Il fut choisi comme président du Comité d’action universitaire qui réunissait l’ensemble des syndicats du second degré et de l’enseignement supérieur et se lança à l’automne 1951 dans une grève du baccalauréat. Il ne céda pas aux propositions gouvernementales de reclassement exclusif des agrégés, ce qui lui fut reproché après le semi-échec de la grève. En revanche, quand, en 1954, il accepta la prime hiérarchique obtenue par le Comité d’études et de liaison pour la défense de la Fonction publique (organisation réunissant des associations de hauts fonctionnaires dont faisait partie la Société des agrégés), prime qui concernait une partie des agrégés, mais aucun certifié, il s’attira les reproches d’Albert-Claude Bay, secrétaire général du SNES. Bennezon lui renvoya la responsabilité de la dislocation du CAU, car le SNES avait pris l’initiative de grèves avant d’en discuter avec le comité de la Société des agrégés (qui faisait office de comité pour le CAU, dans la mesure où il servait de lieu de contact pour les dirigeants syndicaux).

En 1951, Bay avait fait élire Bennezon à la commission administrative paritaire nationale des agrégés, puis au Conseil d’enseignement du second degré en 1954, comme membre suppléant. Au cours de l’année 1954, le conflit éclata entre les deux hommes. Bennezon trouva que Bay faisait trop de concessions aux instituteurs dans le cadre de la FEN. Bay estimait que Bennezon était sous l’influence de Jeanne Lac, membre du bureau de la Franco-ancienne (Bennezon fut lui-même membre du comité de celle-ci jusqu’en 1956). Bay cessa d’assister aux réunions de la Société des agrégés. En 1954, Bennezon en effet infléchissait la doctrine de la Société au sujet de la réforme de l’enseignement, en demandant l’institution à l’intérieur du second degré d’établissements séparés des lycées, destinés à dispenser un enseignement moderne. L’agrégé redeviendrait le professeur normal des lycées (établissements d’élite), sans que le corps croisse démesurément ou que sa place soit redéfinie vers le second cycle. Reprenant la doctrine de l’imprégnation lente, il estimait que « ce n’est pas à dix-sept ans que l’on commence à former des élèves, mais dès la sixième ».

Bay se méfiait aussi des ambitions politiques de Bennezon. De fait, en novembre 1954, celui-ci démissionna de la présidence de la Société des agrégés, en resta président d’honneur, pour occuper, jusqu’en février 1955, les fonctions de directeur de cabinet de René Billères, secrétaire d’État à la présidence du Conseil, chargé de la Fonction publique. En 1956, il fut nommé directeur adjoint du cabinet de Billères, devenu ministre de l’Éducation nationale. Cela le conduisit à approuver ce qu’il avait condamné comme président de la Société des agrégés.

Toutefois, il obtint, à défaut du poste d’inspecteur général que le directeur de l’enseignement du second degré, Charles Brunold, lui refusa, celui d’inspecteur de l’académie de Paris pour l’enseignement privé (août 1956-avril 1957). En 1964, il devint inspecteur général de l’Instruction publique. Il dirigea alors une collection de manuels de littérature Trésor des lettres aux Éditions Nathan, puis, dans les années 1970, une Collection d’études latines chez Bordas où il composa des manuels scolaires sous le titre Initiation au latin, dans lesquels collabora Jeanne Lac. À la fin des années 1970, il était membre du bureau de l’Association amicale des inspecteurs généraux de l’Instruction publique.

Pierre Bennezon, qui habitait Viroflay (Seine-et-Oise). dans les années 1950-1960, était chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite et commandeur des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16253, notice BENNEZON Pierre, Paul, Jean par Yves Verneuil, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 janvier 2019.

Par Yves Verneuil

SOURCES : Arch. Nat., F17 11795, 26955 (dossier Bennezon Jean, qui comprend certaines pièces concernant Pierre Bennezon). — Arch. IRHSES (CA, congrès). —L’Université syndicaliste, L’Agrégation. — Renseignements fournis par Alain Dalançon et Jacques Girault.

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