LOUTSKI Mauricette, Anna

Fille de Saül Loutski et de Hélène Goldstein, Mauricette Loutski vécut au 18 rue de Meaux à Paris (XIXe arr.). Son père fut cordonnier et sa mère marchande foraine sur les marchés, puis tous les deux firent commerce de l’achat et de la vente de métaux. L’enfance et l’adolescence de Mauricette Loutski se déroula donc dans le populaire XIXe arrondissement de Paris où elle milita notamment avec Fanny Ladsky qui vivait au 26 rue de Meaux. Elle déménagea, vécut dans un logement loué par sa cousine Wichna Zapolski au 31 rue Simart à Paris (XVIIIe arr.), celle-ci fut raflée en juillet 1942, internée à Pithiviers (Loiret), d’où elle partit par le convoi n° 16 avec son amie Charlotte Weismann à destination d’Auschwitz.
Mauricette Loutski fut repérée par des inspecteurs de la BS2 le 10 septembre 1943 vers 10 heures devant le 10 rue du Séjour à Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) alors qu’elle conversait avec Symcha Rajman. Inconnue de la police, elle fut suivie jusqu’à son domicile, le policier la surnomma « Marthe », et la décrivait ainsi  : « 1,62 m, 20 à 22 ans, nue tête, cheveux châtains foncés assez long, veste grise longue, jupe bleue, jambes nues ».
Joseph Dawidowicz, commissaire politique des FTP-MOI de la région parisienne fut identifié par la police le 18 octobre 1943. Il était responsable aux effectifs, coordonnait le travail politique, disposait de liaisons avec la direction de la M.O.I. et avec celle des FTP, il en était également le trésorier, un poste clef. Le 26 octobre des inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent, les perquisitions de ses domiciles clandestins permettaient de découvrir des listes d’effectifs, des comptes rendus d’activité de la M.O.I, un état numérique dactylographié des divers détachements, etc.
Le 17 novembre 1943 soixante-sept membres des FTP-MOI et de la M.O.I., deux inspecteurs de la BS2 se présentèrent ce jour-là à 6 heures 30 du matin au domicile de Mauricette Loutski, Élise Gerchimovitz ouvrit la porte, Mauricette Loutski arriva à son logis vers 8 heures et fut appréhendée. Son domicile a été perquisitionné, les policiers saisissaient : une étude sur l’URSS de huit feuilles manuscrites ; une fausse carte d’identité, un faux certificat de travail, un certificat de domicile et deux quittances de loyer au nom de Jacques Capuis.
Les deux femmes furent emmenées dans les locaux des Brigades spéciales, elles ont été interrogées dans la salle n° 35 au 2e étage. Mauricette Loutski fut fouillée par une policière, celle-ci saisissait une fausse carte d’identité avec sa photographie au nom de « Desmoulins Christiane ». Toutes deux étaient inconnues des différents services policiers. Selon le voisinage de Louisette Loutski, elle s’absentait de son domicile chaque jour pendant plusieurs heures, et elle recevait d’autres personnes chez elle quand Élise Gerchinovitz était là.
Incarcérée le 29 novembre 1943 à la prison de Fresnes, internée le 20 janvier 1944 sous le matricule 11827 au camp de Drancy. Mauricette Loutski déposa je jour même à l’administration du camp : 90 francs, une montre bracelet en métal jaune de forme ovale, une paire de boucles d’oreilles en or avec perles, une chaîne avec un médaillon en métal jaune (reçu n°4 dans le carnet de fouille n° 64).
Le 3 février 1944, Mauricette Loutski était dans le convoi n° 67 de 1214 déportés, hommes et femmes à destination d’Auschwitz, 985 furent gazés à leur arrivée au camp. Le 27 janvier 1945 quand l’armée Soviétique libéra le camp il ne restait que 26 survivants de ce convoi dont 12 femmes, Mauricette Loutski était morte, son amie Élise Gerchinovitz avait survécut aux épreuves.
Après de nombreuses démarches sa petite nièce madame Nathalie Loutski a obtenue du Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre la Carte de Déportée Résistante pour sa grand tante Mauricette Loutski, internée du 17 novembre 1943 au 2 février 1944 à Drancy, déportée du 3 février 1944 au 8 février 1944 à Auschwitz.