PRIGENT André, Marcel

Par François Prigent

Né le 24 mars 1907 à Issy-les-Moulineaux (Seine ; Haut-de-Seine), mort le 9 octobre 1980 à Ermenonville (Oise) ; peintre décorateur puis marchand forain ; membre du secrétariat du comité régional des Côtes-du-Nord (Côtes d’Armor) du parti communiste (1936-1939) ; FTP.

Collection Gustave Marzin

André Prigent était le fils de Pierre Prigent, comptable, et d’Isabelle Cocset, couturière. Après la disparition de son père pendant la Grande Guerre, il fut régulièrement envoyé pour les vacances scolaires chez son grand-père Noël Prigent, à Tonquédec. Après ses études primaires à l’école Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux, il fut d’abord apprenti chez différents peintres-décorateurs à Paris, tout en suivant les cours de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il travailla ensuite jusqu’en 1933 dans différents ateliers de décoration, spécialisés dans la reproduction de décors du XVIIIème siècle (trumeaux, paravents …). Il se maria en 1927, avec Marie-Jeanne Louward, brodeuse. Le couple fut, à partir des années trente, victime de la crise économique et en 1933, quitta Paris pour échapper au chômage, en devenant commerçants forains, sur différents marchés de province. Le couple s’installa alors à Lannion (Côtes-du-Nord). Ami de Francis et de Gustave Marzin, et d’Yvonne Gouriou, militants communistes, André Prigent devint secrétaire du rayon de Lannion du PC en 1935. Il milita activement dans la CGPT (Confédération générale des paysans travailleurs) avec Francis Marzin. Tous les jeudis il était présent sur le marché de Lannion, diffusant avec François Milon la presse communiste. Il présida de nombreux meetings du PC à Lannion en particulier le 13 mai et le 16 décembre 1938. Membre du secrétariat du comité régional des Côtes-du-Nord dirigé en 1936 par Yves Flouriot, il fut candidat aux élections cantonales de Perros-Guirec en octobre 1937 obtenant 135 voix sur 3076 suffrages exprimés soit 4%. Réélu au comité régional de 1937 à 1939, il était selon le délégué central Yvon en visite dans le département en juillet 1938 « débordé de tâches mais sans faiblesses ». Surveillé de près par la police, il fit l’objet d’une fiche rédigée par le commissaire spécial en mars 1940. Rappelé en septembre 1939 et mobilisé au 43e RIC, il fut fait prisonnier à Suippes (Marne) le 13 juin 1940 et interné au camp de Charleville (Ardennes). Il s’évada de captivité le 19 août 1940 et regagna la région parisienne, intégrant les forces de la Résistance FTPF. Sous le commandement en chef de Charles Tillon et de Jean Chaumeil, il mit ses talents d’artiste au service de la Résistance (fabrication de faux-papiers, tracts, affiches et dessins de presse dans « France d’abord »). Il organisa aussi le financement du mouvement FTPF (détention, transport et répartition des fonds aux chefs de filière) et hébergea des familles juives de Pologne. Parallèlement, il poursuivit son activité de marchand forain et ce, jusqu’en 1948.
De 1948 à 1950, il créa et géra la Coopérative Ouvrière de Décoration. En 1950, il entra comme directeur technique aux Editions Cercle d’Art, maison d’édition appartenant au PCF qui publia au lendemain de la guerre un très riche ensemble de livres sur l’art international, ancien et moderne. Il eut des contacts avec Paul Eluard et Picasso. En 1952, il fut ébranlé après l’Affaire Tillon-Marty comme d’autres militants qu’il côtoya avant-guerre en particulier Pierre Le Quéinec. Il quitta le PCF en 1959, profondément déçu par l’absence de changement, après l’espoir qu’avait suscité le rapport Khrouchtchev. Selon sa fille, ce départ fut vécu comme un véritable déchirement à la fois politique et humain. Il quitta ou fut obligé de quitter son emploi aux Editions Cercle d’Art, devenant artiste peintre à son compte. Il garda cependant des relations étroites avec ses camarades et en particulier avec la famille Marzin et avec François Milon, ancien déporté.
La carte de Combattant volontaire de la Résistance et la Croix du Combattant lui furent attribuées peu avant sa mort, en 1980.
Son épouse, était aussi une militante du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162636, notice PRIGENT André, Marcel par François Prigent, version mise en ligne le 16 août 2014, dernière modification le 16 août 2014.

Par François Prigent

Collection Gustave Marzin

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor 1M362 (Fichier des militants communistes) ; 3M147 (Elections de 1937) ; 2W126. — RGASPI, 495 270 4135 (document du Komintern, non consulté). —BMP (Bibliothèque marxiste de Paris), Bobine N°841. —François Guégan, Le Parti communiste français, la SFIO et le mouvement paysan et ouvrier de 1930 à 1939 dans les Côtes-du-Nord, mémoire de maîtrise, Paris I. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Le Maitron, notice non signé in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (DBMOF), période 1919-1939. — Entretiens avec sa fille Josette Prigent-Isidore et avec Gustave Marzin, père et fils.

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