PROST Raymond

Par Marc Lavenir

Né le 15 mai 1931 à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), mort le 16 octobre 1997 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ; ouvrier et employé communal à la Communauté urbaine du Creusot-Montceau-les-Mines ; délégué du personnel CFDT ; responsable du syndicat départemental CFDT des personnels communaux de Saône-et-Loire ; fondateur et secrétaire général du syndicat départemental Interco de Saône-et-Loire.

Fils de cultivateurs, cinquième et dernier enfant d’un conseiller municipal socialiste à Saint-Vallier avant la Seconde Guerre mondiale, Raymond Prost, après son certificat d’études primaires, travailla comme manœuvre. Il entra en septembre 1953 comme auxiliaire au Syndicat intercommunal du bassin minier, puis fut nommé ouvrier titulaire (ouvrier d’entretien OEVP) le 1er janvier 1956. Transféré en 1970 à la Communauté urbaine du Creusot-Montceau-les-Mines (CUCM), il devint successivement aide OP (1976) puis OP1 (1977), puis OP2 (1978) et maître ouvrier (1979). Sa carrière fut freinée par ses employeurs à cause de ses activités syndicales. Il devint contremaître (1983), contremaître principal (1987) puis agent de maîtrise qualifié (1988) et enfin agent de maîtrise principal (1990). Il partit en retraite en 1991.

Raymond Prost adhéra à la CFDT en 1966 et milita au syndicat départemental des personnels communaux de Saône-et-Loire présidé par Michel Villard*. En 1967, il entra au bureau du syndicat dont il allait rester trésorier jusqu’en 1977. Sa forte personnalité en fit un responsable très écouté et un des principaux animateurs, ne comptant pas ses heures pour étudier le statut du personnel communal ou pour participer aux réunions qui avaient souvent lieu le dimanche. Avec Michel Villard, ils parcoururent sans relâche la Saône-et-Loire pour développer le syndicat en créant de nouvelles sections locales. De 1967 à 1977, le syndicat CFDT augmenta sa représentativité de 4,69 % à 22,98 % et continua ensuite sa progression. En 1969 une circulaire du ministère de l’Intérieur instaurait les Comités techniques paritaires (CTP) et un début de droit syndical pour les personnels des préfectures et des départements, mais ce droit dut être négocié mairie par mairie pour sa mise en œuvre effective et il fut très souvent contesté par certains maires. Face aux responsables des collectivités locales, Raymond Prost combattit sans relâche pour l’application et l’extension de ces nouveaux droits syndicaux. Après l’adoption en 1976 d’un protocole d’accord national entre les syndicats et l’Association des maires de France, Raymond Prost participa aux négociations en Saône-et-Loire qui aboutirent à une importante avancée syndicale en 1978 avec l’attribution d’un crédit d’heures syndicales. Il fallut cependant attendre les lois de décentralisation et le décret de 1985 pour que le droit syndical des personnels communaux devienne véritablement effectif partout. Les sections syndicales obtinrent alors des locaux et du temps pour l’exercice des différents mandats dans les organismes paritaires et dans les instances syndicales. Raymond Prost et ses camarades luttèrent pour la titularisation des auxiliaires, pour la défense des droits des personnels, la réduction du temps de travail et contre la privatisation croissante de certains services publics communaux (eau, gestion des déchets…). En avril 1973, il participa, avec Gilbert Desserprit*, au Comité fédéral national des personnels communaux CFDT.

Par sa connaissance des problèmes et sa rigueur dans l’analyse et l’action, fort de la confiance de ses camarades de travail à la Communauté urbaine, il obtint la reconnaissance du droit syndical et la titularisation des auxiliaires. Grâce à son action la CFDT devint majoritaire parmi les personnels de la Communauté urbaine. Délégué du personnel, il anima la section CUCM du syndicat jusqu’à sa retraite en 1991 et représenta ses camarades dans différentes instances paritaires de la Communauté urbaine. Au-delà de son action dans le cadre professionnel Raymond Prost eut toujours le souci de l’action syndicale interprofessionnelle. Il milita, avec Michel Villard, au sein de l’Union locale interprofessionnelle CFDT de Montceau-les-Mines où il amena son franc-parler et ses exigences. Il participa au Conseil syndical de l’UL-CFDT où il fut élu au bureau en 1970. Les débats y furent parfois très vifs en particulier lors des évolutions de la CFDT en 1968 et dans les années 1970.

Avec l’évolution des fonctions publiques les structures syndicales se modifièrent. Raymond Prost participa en mai 1974 à Saint-Malo, où il représentait les communaux CFDT de Saône-et-Loire avec Gilbert Desserprit, au congrès constitutif de la Fédération nationale Interco CFDT qui regroupait les syndicats des personnels du ministère de l’Intérieur, des collectivités locales et de leurs services. Sous son impulsion et celle de ses camarades, le syndicat départemental Interco CFDT fut créé le 14 octobre 1977 à Chalon-sur-Saône. Il en devint le secrétaire général et le resta jusqu’en novembre 1984, date à laquelle il devint secrétaire-adjoint jusqu’en octobre 1989 et facilita la mise en place d’une nouvelle équipe pour assurer la relève militante. Il organisa le difficile rapprochement des différentes branches qui composèrent le nouveau syndicat (notamment personnels communaux, personnels des DASS, etc.). Il défendit vigoureusement l’indépendance du syndicat par rapport aux pouvoirs politiques de droite et de gauche. Ce ne fut pas toujours facile notamment lors de l’arrivée de la gauche aux commandes de nombreuses collectivités territoriales. Certains maires et adjoints auraient souhaité gérer avec des syndicats un peu plus compréhensifs. Le syndicat CFDT Interco 71 tint bon pour qu’il n’y ait pas de confusion entre les missions de chacun : aux élus la gestion des collectivités et au syndicat la défense des intérêts des salariés et la volonté d’un service public territorial irréprochable. En novembre 1978 Raymond Prost participa, avec Gilbert Desserprit, au conseil fédéral national Interco à Calais, puis en mai 1980 au congrès fédéral Interco à Strasbourg. Toujours en 1980, il favorisa la mise en place de l’Union professionnelle régionale Interco-Bourgogne et devint membre de son conseil syndical.

Le 14 octobre 1977, Raymond Prost fut élu secrétaire général du Conseil syndical de la branche Communaux du syndicat Interco 71. Sous son impulsion et celle de ses camarades (notamment Michel Villard et Gilbert Desserprit) le syndicat connut un essor. Son contingent d’heures syndicales augmenta, ce qui lui permit de devenir permanent syndical en 1983. Lors des élections de 1986 la CFDT devint la première organisation syndicale des personnels communaux de Saône-et-Loire avec 41,02 % des voix. Mais il eut aussi le souci permanent de la relève des équipes syndicales et, en mars 1990, lui et ses camarades décidèrent collectivement de ne pas solliciter de nouveau mandat au Conseil de la branche Communaux afin d’inciter un renouvellement des responsables. Raymond Prost cessa toute activité syndicale au sein du syndicat Interco en mars 1991 à la veille de sa retraite, après vingt-cinq ans de militantisme actif. Après sa retraite il continua de militer activement au sein de l’Union locale des retraités CFDT et de l’Union locale interprofessionnelle CFDT de Montceau-les-Mines.

Après sa mort, une cérémonie d’hommage solennel fut organisée le 6 novembre 1997 par le syndicat départemental Interco de Saône-et-Loire, l’Union locale CFDT de Montceau-les-Mines, l’Union locale des retraités CFDT et rassembla une centaine de personnes du monde syndical et associatif.

Raymond Prost avait été membre du Parti socialiste de 1971 jusqu’à sa mort en 1997.

Il avait épousé à Saint-Vallier en 1954 Raymonde Marmorat, ouvrière cartonnière, dont il eut deux fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162760, notice PROST Raymond par Marc Lavenir, version mise en ligne le 18 août 2014, dernière modification le 18 août 2014.

Par Marc Lavenir

SOURCES : Archives syndicales de Gilbert Desserprit, ancien responsable du syndicat des personnels communaux de Saône-et-Loire. — Archives de l’Union locale CFDT de Montceau-les-Mines et l’Union départementale CFDT de Saône-et-Loire. — Questionnaire rempli par la famille en mai 2014. — Association bourguignonne des Amis du Maitron.

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