Par Jean-Jacques Doré
Né le 21 mars 1893 à Sourzac près de Ribérac (Dordogne), mort le 2 octobre 1979, au Havre (Seine-Maritime) ; syndicaliste de la CGT et de la CGTU ; communiste ; conseiller prud’homme au Havre, déchu en 1941.
Les ouvriers tailleurs du Havre avaient une longue histoire militante derrière eux. En 1882 avait été fondée l’Association professionnelle des ouvriers tailleurs qui s’était transformée en chambre syndicale en 1900 après avoir adhéré à la CGT puis en syndicat des Ouvriers tailleurs en 1910 sous l’impulsion de François Alepée et de Robert Feuilloley. Réactivé le 4 novembre 1916, Oscar Laudéa apparaît en 1919 et 1920 comme membre de la commission administrative de l’organisation.
Ses parents étaient cultivateurs. Il eu un frère, qui devint cultivateur. A la suite du décès de sa mère, son père se remaria en 1900. Deux demi frères et une demi sœur, naquirent au début de la décennie.
En 1920, l’ambiance syndicale de l’agglomération havraise était assez particulière, aux courants majoritaire (réformiste) et minoritaire (partisan de la IIIe Internationale), venait se greffer une forte tradition anarcho-syndicaliste qui, en fin de compte, refusait l’un et l’autre. Le syndicat des Ouvrier tailleurs avait fait son choix et le bureau élu en janvier 1920 était ouvertement minoritaire, Marcel Petit Clerc était secrétaire, Henri Bodenès, secrétaire adjoint et Émile Puythorax, trésorier. La commission administrative comprenait Oscar Laudéa, François Alepée, Gaston Feuilloley, François Bazire, Georges Mathi et Jean Raoul.
En janvier 1922, les militants, dans leur grande majorité, se prononcèrent pour l’adhésion à la CGTU et l’organisation prit le nom de syndicat unitaire de l’Habillement du Havre, il était dirigé par Joseph Lebourg (secrétaire), Oscar Laudéa (secrétaire adjoint) et Émile Puythorax (trésorier).
Après bien des hésitations et des palabres, l’Union locale du Havre choisit de rejoindre la CGTU le 14 juin 1922 avec un bureau à coloration anarcho-syndicaliste affirmé dirigé par Henri Quesnel. Dès 1923, les militants à tendance communiste emmenés par Henri Gautier engagèrent le fer avec, comme plus fermes soutiens le syndicat des Cheminots et celui de l’Habillement, sans jamais réussir à prendre la direction de l’Union locale. Aussi, le 26 avril 1926, la 19° Union régionale unitaire (qui regroupait les Unions départementales de Seine-Inférieure et de l’Eure) décida-t-elle la création d’une nouvelle Union locale unitaire dirigée par Henri Gautier, rejetant ainsi les anarcho-syndicalistes dans l’autonomie. Le syndicat unitaire de l’habillement était évidemment partie prenante avec 11 autres syndicats représentant en 1927 995 militants. Oscar Laudéa siégeait en permanence à la commission administrative du syndicat et fut même secrétaire en 1925.
Faute d’adhérents, le syndicat unitaire cessa de fonctionner en 1927. Il fallut attendre l’élan de 1936 pour qu’il renaisse avec à sa tête les militants qui jalonnaient son histoire récente, Oscar Laudéa (secrétaire), Louis Perrault (secrétaire adjoint), Émile Puythorax (trésorier), Charles Huré (trésorier adjoint) et François Alepée (archiviste).
Élu pudhomme au Havre en 1936, il dirigea le syndicat jusqu’en 1939.
Il refusa de dénoncer publiquement le pacte-germano-soviétique, comme quatre autres secrétaires de syndicats, Marcel Monnet, des produits chimiques, Gustave Avisse, des chauffeurs routiers, Buray, des cordonniers, et Hébert, des pâtes alimentaires Bertrand. Il refusa de répondre à la consultation organisée par l’Union locale du Havre pour inviter les syndicats à se prononcer à l’égard de la position prise par la CGT à ce sujet, ce qui conduisit le sous-préfet, en accord avec les dirigeants de l’UL, à prononcer immédiatement la dissolution du syndicat. Au cours de la perquisition qui fut effectuée chez lui, le commissaire trouva, en plus de nombreux documents syndicaux, une carte d’adhérent au parti communiste, numéro 50 426.
Pour n’avoir pas répudié publiquement et catégoriquement toute adhésion au parti communiste et toute participation interdite par le décret du 26 septembre 1939, il fut déchu de son mandat de conseiller prud’homme par arrêté en date du 22 février 1941, en même temps qu’un autre conseiller prud’homme du Havre : Hervé Guyader ; des conseillers prud’hommes de Rouen : Paul Boufflet, Hélène Caudron Maurice Jeanne, Abel Poirson et Georges Bourgois ; de Darnétal : Fernand Campard, et Roger Bourgeois ; Elbeuf : Georges Mesnil ; de Fécamp : Suzanne Roze ; de Bolbec : Joseph-Hilaire Deneuve et Ernest Delcourt.
Oscar Laudéa s’était marié au Havre le 4 avril 1909 avec Marthe, Juliette, Lucienne Hauchard, il y mourut le 2 octobre 1979.
Par Jean-Jacques Doré
SOURCES : Arch. Dep. de Seine-Maritime, cote 1M 313, 10 MP 1408 Bureaux syndicaux 1919-1920, 4 MP 62 Syndicats du Havre. — État civil. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, "Communistes au Havre : Histoire sociale, culturelle et politique, 1922-1983", publication des universités de Rouen et du Havre, 2009.