JONQUAIS Georges

Par Gilles Pichavant

Né le 12 mai 1925 au Houlme (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort en août 1994 à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Inférieure Seine-Maritime) ; ouvrier tôlier-carrossier, puis aide-opérateur puis technicien à l’OTR et au CETE à Grand-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime ) ; militant CGT, membre de la CE de l’UD CGT de Seine-Maritime ; communiste, membre du comité fédéral ; résistant ; conseiller général (1955-1961) ; conseiller municipal et adjoint au maire de Saint-Étienne-du-Rouvray (1971-1994).

En 1942, sanctionné par son employeur, un carrossier de Deville-les-Rouen (Seine-Inférieure Seine-Maritime), pour sabotage de véhicule de l’armée allemande, il fut contraint de changer de domicile et de trouver un autre employeur. Embauché dans les garages SNDA, à Rouen (rive gauche), il y côtoya des militants du Parti communiste clandestin, auquel il adhéra à l’automne 1942.

Travaillant ensuite chez LOZAI, suite à une courte grève — refus de décharger un camion de bouteilles de gaz pour la soudure — qui risquait de paralyser le chantier de cet atelier qui travaillait pour la Kriegsmarine, la direction de la Basse-Seine menaça de faire appel à la police allemande. IL quitta l’entreprise pour éviter une arrestation.

Après son adhésion au Parti communiste clandestin, il milita dans les Forces Patriotiques de la Jeunesse (FPJ), qui rassemblait des jeunes de divers horizons : communistes, gaullistes, chrétiens, lycéens, étudiants.

En 1943, il participa au développement, du PCF et des FPJ dans les garages, et dans la vallée du Cailly. Les FPJ fusionnèrent avec le FUJP (Front Uni des Jeunesses Patriotiques) qui fut l’organisation des jeunes du Front National de Lutte pour la Paix et l’Indépendance. Il organisa des actions spectaculaires, dont une retraite aux flambeaux, la nuit du 13 juillet 1943, à Maromme-Déville-Bondeville. Puis ce furent les expéditions de récupération de titres d’alimentation, de machines à écrire, de tampons pour la confection de faux papiers d’identité.

C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Roland Leroy, à la direction régionale des Jeunesse Communiste, et de Paul Lemarchand, responsable du Parti communiste et de la CGT clandestine.

Le 30 mai 1944, il fut arrêté à Roumare (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), au cours d’une opération de récupération de matériel, en compagnie de Michel Gusse (mort à Dachau le 23 décembre 1944). Aussitôt désarmés par les militaires allemands, ils furent conduits au Château-Blanc de Roumare (base, en construction, pour le lancement de V1 ) où ils subirent les premières brutalités.

Deux jours plus tard, la Gestapo les conduisit au Donjon de Rouen, lieu des interrogatoires musclés des résistants arrêtés. Seule la Gestapo, et Ali, l’inspecteur de la police française (fusillé à la libération), surent la durée des tortures ; 8, 10 jours... Il fut transféré, ensuite, à la prison Bonne-Nouvelle à Rouen, puis, le 23 juin 1944, au Centre de Compiègne.

Le 2 juillet 1944, ce fut le départ pour Dachau par le "train de la mort" : 2166 partants ; 1630 survivants à l’arrivée le 5 juillet. Georges Jonquais, matricule 76964, fut transféré en commando de travail au camp du Neckar à Neckargerach.
Au printemps 1945, ce fut l’évacuation à pieds, plusieurs nuits de marche vers Dachau, où les survivants furent à nouveau enfermés le 2 avril. Le 29 avril 1945 le camp de concentration fut enfin libéré. Georges Jonquais rentra à Rouen le 23 mai.

Dès son retour de déportation, il poursuivit son activité militante au parti communiste, à la JC, puis à l’UJRF, ainsi qu’à la CGT.

Il travailla alors dans les garages automobiles. Militant du syndicat de la métallurgie à Notre-Dame-de-Bondeville, il fut élu membre de la Commission Administrative de l’Union Départementale CGT de Seine Inférieure lors du congrès des 15 et 16 octobre 1949 tenu au Havre. Il avait alors 28 ans.

Il travailla ensuite aux ateliers du Service Maritime des Ponts et Chaussées.
Embauché au début des années 50 à leur Laboratoire Régional, il y impulsa la création d’un syndicat CGT, dont il fut l’un des animateurs jusqu’à sa retraite, le laboratoire régional ayant été, entre-temps, intégré à l’OTR des Ponts et Chaussées, devenu ensuite CETE (Centre d’Étude Technique de l’Équipement) des Régions de Normandie et du Centre. C’est dont au CETE qu’il termine sa carrière professionnelle.

Après son retour de déportation il fut élu, membre du Comité Fédéral du PCF, puis, à partir de 1953, membre du Bureau fédéral. De 1955 à 1961, il fut élu conseiller général du 4e canton de Rouen, puis, de 1971 à 1994, conseiller municipal et adjoint au maire de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).

Le 7 novembre 1979, ce fut de son appartement situé au dernier étage de la tour HLM N°4 du quartier du Château-Blanc à Saint-Étienne-du-Rouvray, que la radio libre "Radio-CGT-76" émit ses programmes en continu pendant 6 jours. On l’écouta de très loin. Le 12 novembre suivant, la radio cessa ses émissions, pendant que la foule entourait l’immeuble pour protéger l’évacuation du matériel.

Militant actif des organisations départementales de l’ANACR et de la FNDIRP, Georges Jonquais était titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance, de la Médaille de la Déportation pour faits de Résistance.

Le 16 février 1990, André Duroméa, maire du Havre, lui remit les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur au titre de la Résistance devant une foule nombreuse d’anciens résistants, d’anciens déportés et de centaines de camarades et amis, notamment du PCF et de la CGT.

Georges Jonquais fut marié avec Martine Dheilly, puis divorça. Il épousa ensuite (en 1961 ou 1962) Françoise Lemariey, avec qui il eut trois fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162807, notice JONQUAIS Georges par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 18 août 2014, dernière modification le 29 novembre 2018.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime. — L’Avenir de Seine-Maritime, hebdomadaire de la fédération de Seine-Maritime du PCF.

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