Par Alain Prigent
Né le 19 décembre 1877 à Notre-Dame du Guildo (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort le 27 janvier 1959 à Saint-Samson-sur-Rance (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; instituteur ; secrétaire général du syndicat des instituteurs des Côtes-du-Nord (1912), militant de la SFIO puis du PC ; interné à Voves et à Pithiviers.
Marie-Ange Rabardel était le fils de Jean Rabardel, tailleur de pierre, et d’Angélique Limepager, ménagère. Élève de l’école normale d’instituteurs de Saint-Brieuc de la promotion 1894-1897, il fut nommé successivement à Languenan, Loudéac, Binic, Pléboulle, Bourseul, Pluduno. Il finit sa carrière à l’école de Cesson à Saint-Brieuc en 1934. Il prit sa retraite dans sa commune d’origine à Notre-Dame du Guildo.
Il fut l’un des fondateurs du syndicat dans le département en 1905 avec Mathurin Boscher. Élu secrétaire général du syndicat des instituteurs en 1912, il fut délégué au congrès de Chambéry. Signataire du manifeste, il fut sanctionné par l’Inspection académique. Malgré de multiples pressions, il refusa de procéder à la dissolution de la section départementale. Inscrit au Carnet B, il milita dès 1910 au sein de la fédération socialiste SFIO dirigée par Augustin Hamon. Mobilisé pendant la Grande Guerre, il reçut la Croix de guerre pour ses états de services à Verdun.
Secrétaire de la section socialiste de Plancoët à la veille du congrès de Tours, il fut partisan de l’adhésion à l’Internationale communiste. Il devint ensuite un des responsables de la fédération du PC avec Ernest Le Guern. Il fut élu au conseil syndical du SMEL-CGTU (1928-1932). Il subit une perquisition le 2 novembre 1939. Sa femme Séraphine Rabardel*, qui partageait ses convictions communistes, fut arrêtée en décembre 1939 et condamnée à une peine de cinq ans de prison pour propos défaitistes. Cette peine fut ensuite réduite. À la suite du développement de la résistance communiste dans les Côtes-du-Nord, arrêté avec son épouse le 24 septembre 1942, interné à Voves, il fut libéré le 6 mai 1943. Mais à la demande des autorités allemandes il fut à nouveau arrêté le 18 novembre 1943. Interné à nouveau Voves puis à Pithiviers, il fut définitivement libéré le 17 juillet 1944. Très affecté par sa mise à l’écart des organisations communistes à la Libération, il prit ses distances avec le Parti communiste français.
Il se maria avec Séraphine Gloux (Séraphine Rabardel), institutrice, le 23 juillet 1909 à Pléboulle. Le couple eut trois enfants. Leur fils Louis Rabardel fut un militant communiste de premier plan dans le Finistère puis dans la région parisienne.
Par Alain Prigent
Photo : Collection Paulette Pons, sa fille
SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor 1M362 ; 1T555 (dossier professionnel versé par l’inspection académique), 178J (Fonds Rabardel) ; 2W134. —Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIe République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Editions Astoure, 2005. —Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000.